En attendant le nouveau gouvernement, sa feuille de route un peu plus précise et la déclaration de Manuel Valls devant le Parlement, il n’est pas interdit de revenir un peu sur les résultats des municipales. Je relève, par exemple, les propos de Samia Ghali, la seule socialiste à avoir gardé son secteur à Marseille : « Le gouvernement a pris trop de mesures sociétales et pas assez de mesures sociales. » Propos corroborés par Patrick Mennucci qui explique au Monde que dans son arrondissement la question du mariage pour tous a beaucoup compté dans un sens négatif : « Pas chez les catholiques qui se seraient radicalisés – ceux-là ne votaient pas pour moi mais plutôt dans la communauté musulmane. Il y a eu une campagne assez dure sur le terrain. Des tracts avec ma photo en train de célébrer un mariage homosexuel ont été diffusés. »
Ce qu’on constate en négatif à Marseille se vérifie en positif dans des villes regagnées par l’opposition et dont les nouveaux maires avaient signé la charte de La Manif pour tous. Ludovine de la Rochère explique ainsi que « les premiers résultats des signataires de la charte des municipales sont sans appel. Parmi les 672 têtes de liste signataires, 85 % ont été élus ». Ainsi se trouve pulvérisée l’argumentation selon laquelle il convenait de se montrer discret sur ce terrain de la famille et de la filiation. Loin d’être sanctionnés pour leur courage, les candidats qui ont marqué dans leur programme la primauté des principes concernant l’enfant, l’altérité homme-femme et la liberté de conscience ont été approuvés largement par leurs électeurs.
Reste qu’en nommant Manuel Valls à Matignon, François Hollande a ranimé quelques mauvais souvenirs qui se rapportent à l’action partisane et discriminatoire d’un ministre de l’Intérieur qui se justifiait par des accusations mensongères. Puisse-t-il retenir la leçon de cette période pour assurer à l’avenir l’unité du pays.
