La manif du 22 janvier proclame : "La vie est belle". - France Catholique
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La justice de Dieu
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La manif du 22 janvier proclame : « La vie est belle ».

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Chaque année depuis 1974 se déroule le 22 janvier à Washington une manifestation « March for Life » en protestation contre la sentence de la Cour Suprême le 22 janvier 1973 légalisant l’avortement. 1 2

Voici une dizaine d’années je me trouvais dans le bureau de mon chef de service d’une agence gouvernementale, un 22 janvier après-midi, il regardait par la fenêtre la foule de manifestants emmitouflés, avec leurs pancartes, retournant vers la gare « Union Station, » après une nouvelle « March for Life » [Manifestation pour la vie]. « Je n’aime pas le 22 janvier — dit-il — j’ai toujours le sentiment que je devrais être là-bas avec eux au lieu d’être dans ce bureau. »

Mon patron était un catholique assistant à l’occasion à la messe en semaine à l’Église St.-Joe, sur la colline du Capitole — lors des fêtes d’obligation on pouvait y rencontrer Ted Kennedy et, si la Cour Suprême tenait une session, le Juge Clarence Thomas. Bien que politiquement plus proche de Ted Kennedy que du Juge Thomas, mon patron était un parfait honnête homme. Et il réagissait comme les honnêtes gens le font généralement le 22 janvier, résidents et travailleurs du District de Columbia, alors qu’il devient de plus en plus difficile de neutraliser les effets nocifs du coup porté à l’Amérique le 22 janvier 1973.

Pour les habitants de Washington ou ceux qui y travaillent, sauf ceux qui travaillent à la Cour Suprême ou du Capitole il est facile d’éviter la manifestation qui se déroule dans une zone bien délimitée qui ne touche guère la plupart des organismes gouvernementaux, ni les sièges d’entreprises. Mais il est impossible d’éviter les participants, spécialement la foule de jeunes qui commencent à envahir la ville quelques jours auparavant en une foule joyeuse.

Nombre d’entre eux viennent de lycées ou de facultés. Ceux qui passent au moins une nuit se logent dans les sous-sols d’églises ou d’écoles catholiques ou autres refuges. Les Washingtoniens les rencontrent s’engouffrant dans le métro, joyeux et bruyants, avec leurs pancartes, le jour de la manif. Les passagers se rendant au travail les dévisagent, puis se détournent. De très bonne heure le 22 janvier on peut voir les manifestants faire le plein d’un robuste appétit dans la zone de restauration, en bas de la gare « Union Station », tandis que les employés gouvernementaux les contournent pour prendre leur petit café avant le travail. Mais ils ne peuvent pas les rater. Les manifestants sont jeunes, exubérants, une légion impossible à ignorer.

Il faut remarquer particulièrement que des gens se plaignent (à juste titre) de la médiocrité de la couverture médiatique, si ce n’est de la désinformation relative à l’événement. Il en résulte une atténuation de l’impact de la manifestation — c’est le but cherché. Un bien ou un mal, en plus des humbles abeilles besognant dans la capitale, d’importants personnages influents (bien connus ou fort discrets) résident ici. C’est bien pour cela, après tout, que les manifestants commencèrent à venir dans la Capitale Fédérale dès 1974, un an après la sentence « Roe v. Wade » légalisant l’avortement. J’étais bien jeune à l’époque, presque 17 ans.

J’ai vécu plusieurs décennies, un bon bout d’existence, dans un pays où l’avortement est légal. Et ces jeunes, heureux survivants de grossesses, ont toujours vécu dans un pays officiellement indifférent à leur passage à la vie. Ça les dérange, c’est bien normal, et il est bon de leur permettre de déranger davantage les gens qui, vivant et travaillant ici, ils sont nombreux, quels que soient leurs votes, leurs opinions, leurs employeurs, ne sont pas trop à l’aise quand ils pensent à l’avortement.

Ces pensées tournaient dans ma tête pendant la messe cette semaine à St.-Joe, où assistait un important groupe d’étudiants venus de Kalamazoo (Michigan). De Kalamazoo, Dieu les bénisse ! La première lecture relatait la rencontre de David et Goliath. David était « jeune, il était roux, avec une belle apparence. » Mais « le Philistin le méprisa » [1S, 17 : 42]. Aucune importance, David savait que « toute cette assemblée saura que ce n’est pas par l’épée et par la lance que Yahvé donne la victoire, car Yahvé est maître du combat et il vous livre entre nos mains. » [1S, 17 : 47].

C’est le genre de pensée optimiste qui naîtra en flottant au sein d’un groupe de jeunes. Je n’imagine pas que le Planning Familial, ou les Démocrates au Congrès, ou la majorité récalcitrante des juges de la Cour suprême seront renversés par ces jeunes manifestants — pas encore, pas même après l’année de surprises politiques que nous venons de vivre. Mais un jour…

Les manifestants — jeunes, moins jeunes, âgés — en grande foule, conscients de leur ambition, de la justesse de leur cause, et de leur certitude que quoi qu’il arrive la vie est belle, représentent une grande vérité telle qu’il faut se forcer pour l’ignorer.

En vérité, il est bon de vivre sa vie. Objectivement bon ; la vie de l’homme est objectivement un bien qui ne dépend pas des circonstances, qu’elles soient désespérées ou démoralisantes, que nous soyions d’humeur suicidaire, solitaire, ou dans la peine. Dieu nous a créés, et, quoi qu’on en pense parfois (« je n’ai pas demandé à vivre.»), cette création est bonne.

Arrivés à un certain âge, ayant vécu certains évènements, les humains connaissent le goût doux-amer éprouvé quand on assiste à un mariage, même si c’est celui d’un couple de jeunes et pieux catholiques. On sent alors ce que le jeune couple ne sait pas — ce que nul ne peut savoir à ce moment : le handicap éprouvant d’un enfant, ou son addiction, le chômage du mari, une grave maladie, etc. Le jeune couple et ses amis le savent bien en théorie, mais ils ne le sentent généralement pas de la même manière. Ils sont pleins d’espoir, confiants l’un envers l’autre, confiants en Dieu, confiants en la vie.

Alors, quels sentiments, et de qui, rendent le mieux la réalité des événements ? Par quels sentiments nos actes doivent-ils être guidés ? Tous les ans, le 22 janvier à Washington — et ailleurs — nombreux sont face à une vérité : La vie est belle.

NdT : citations du premier livre de Samuel, texte français de la Bible de Jérusalem.

Source : http://www.thecatholicthing.org/2016/01/22/todays-march-says-life-is-good/

  1. NDT : Cette année, ils ont échappé de peu à la tempête de neige pour la manif, mais, le soir, ça à commencé à bloquer. On peut voir sur le site du Washington Time que beaucoup sont restés enneigés : impossible de rentrer à la maison !
  2. En France la manifestation En marche pour la vie a été interdite à cause de l’état d’urgence.