Hier, j’attirais l’attention sur la guerre des mots et le déplacement des postures idéologiques, en désignant finalement le trouble apporté dans le monde occidental par une conception de la vie qui récuse nos normes habituelles. Mais il y a plusieurs dimensions dans cette remise en cause qui bouscule nos représentations, et d’ailleurs le défi islamiste peut correspondre aux incertitudes d’un monde qui tremble sur ses bases intellectuelles et morales. Ainsi, on annonce la publication d’un nouvel ouvrage de Yuval Noah Harari, auteur de best-sellers qui passionnent aussi les classes dirigeantes. Le message de ce nouvel essai n’est pas propre à nous rassurer, puisqu’il prétend que l’évolution technologique mettra de plus en plus à mal notre liberté personnelle. Il parle même de « piratage des êtres humains » par des forces susceptibles d’intervenir au cœur de nos personnalités.
Pareil diagnostic n’aurait pas surpris un Georges Bernanos, un Günther Anders ou encore un Jacques Ellul, mais ils avaient sur Harari la supériorité de dominer sa conception scientiste, et ils avaient les armes propres à empêcher l’intelligence de se découpler de la conscience. Tel est un des principaux défis de l’heure. Les principes qui montaient la garde autour de l’intégrité humaine sont en péril. Nous perdons la Raison parce que la raison est devenue purement instrumentale. Et ce ne peut être qu’au prix d’un effondrement de notre humanité.
Ce faisant, il ne s’agit pas de jouer au prophète ès catastrophes mais d’être conscient de certains enjeux : oui, comme l’écrit le professeur Jean-François Braunstein1, la philosophie est devenue folle avec la déconstruction anthropologique, l’indistinction entre humanité et animalité et l’obsession mortifère de l’euthanasie. Pardon, mais le monde a un besoin urgent de la lumière de la Révélation. Éclairer l’humanité sur ses fins relève d’une tâche missionnaire infiniment supérieure à de médiocres querelles cléricales.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 20 septembre 2018.