La librairie Brunet à Paris - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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La librairie Brunet à Paris

par le Père Philippe Verdin .
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A l’angle de la rue des Écoles et de la rue des Carmes, la librairie Brunet a trouvé un magasin, vaste et clair. Avec goût, les œuvres complètes de Bossuet et les petits fascicules des « cahiers Évangile » sont disposés parmi des vitrines et des fauteuils propices à la consultation. Le libraire ultra compétent et d’une urbanité jamais prise en défaut vous accueille derrière son bureau bien rangé. Alan Anthony aime les livres de son extraordinaire fond. Un client de Carpentras lui réclame un exemplaire épuisé des sermons de Bourdaloue, il exhume un volume relié au XVIIIe siècle. Un étudiant de l’Institut catholique cherche une étude sur le chapitre cinq de l’Épître aux Romains, M. Anthony le rapporte de sa réserve. Une religieuse a besoin de la biographie de la fondatrice de sa congrégation : le petit homme malicieux se met en quête. La librairie Brunet est une caverne d’Ali Baba. Ou plutôt, elle ressemble à la caverne de Bethléem où saint Jérôme entassa les précieux volumes des Pères et des exégètes pour rédiger la Vulgate. Cette maison est un centre discret de l’intelligence de la Foi en France.
Quand fut fondée la librairie Brunet ?

Vers 1890, dans le Nord de la France. Il s’agit à l’origine d’un libraire-éditeur. L’un des titres publiés par la maison est le Manuel du libraire, le « Brunet », qui reste une référence pour les spécialistes du livre ancien. En 1980, la librairie s’installe dans le quartier de Saint-Sulpice à Paris. J’ai été recruté comme libraire spécialisé dans les livres épuisés concernant le christianisme, sur une idée du père Paul Aubin sj.

Qui sont vos clients ?

D’abord des communautés reli­gieuses dans toute l’Europe. J’entretiens des relations amicales avec des dizaines de bibliothécaires de couvents et de monastères. Le catalogue de la librairie, publié quatre fois par an, est envoyé en outre dans une vingtaine de pays hors d’Europe ! Il y a ensuite les chercheurs, les universitaires. Il y a enfin de nombreux particuliers. Même si nous disposons d’une réserve avec des milliers d’ouvrages, nous ne pouvons pas toujours honorer immédiatement la demande des clients. Mais j’enregistre toutes les demandes et je pars à la recherche. Je sers d’intermédiaire entre différents couvents, ceux qui ont des doubles et ceux qui ont des manques. Les âges des clients sont aussi variés que les âges des lecteurs en France. Je fournis ainsi de nombreux étudiants des universités du quartier qui sont spécialisés en histoire ou en langue latine. Mais j’ai aussi pour client régulier un professeur de philosophie américain à qui j’envoie régulièrement les livres qui concernent sa spécialité. Je réalise la moitié de mes ventes par correspondance. La librairie étant fameuse et unique, les gens n’hésitent pas à m’appeler. Le catalogue est aussi un outil précieux pour informer les clients des nouveautés et des trouvailles. Mais j’ai pour l’instant renoncé à développer la vente par internet et à mettre le catalogue en ligne. Mes clients et moi nous perdrions le contact et la relation si passionnante et féconde. Mon plaisir est de partager la passion de mon visiteur pour un auteur ou un sujet, de l’aider dans sa recherche.

Comment trouvez-vous les livres que vous proposez ?

Je n’ai jamais besoin de frapper à la porte. Les livres viennent à moi ! Il y a hélas les maisons religieuses qui ferment, souvent pourvues de bonnes biblio­thèques. Quand la congrégation a décidé de fermer une institution, elle m’appelle. Je me déplace, je fais des tris, je sélectionne les livres qui m’intéressent, je conseille. J’ai toujours refusé de recueillir les archives des communautés. C’est un patrimoine qui ne doit pas être dispersé. Pour enrichir mon catalogue, je travaille aussi avec les bibliothécaires des grands monastères et des principales institutions catholiques en France : la nécessité de faire de la place ou les tris réguliers me donnent l’occasion d’œuvrer avec des moines et des religieuses compétents et savants, avec qui le commerce du livre est enrichissant et passionnant.

Et puis il y a bien sûr les particuliers qui viennent à la librairie me montrer leurs trouvailles, lors des héritages ou des rangements de bibliothèques familiales. J’ai reçu un jour la visite d’un monsieur avec deux cartons : il me montre sept gros ouvrages reliés plein vélin du début du XVIIe siècle. Je découvre la magnifique édition en latin des œuvres complètes de Jean Calvin, admirablement conservée. Je vérifie les références : catastrophe ! L’édition complète compte neuf volumes : il en manque deux. Le monsieur ne s’affole pas et me dit : « Je me demande si je n’ai pas vu des volumes identiques dans une chambre de bonne de l’immeuble de mes parents. » Il est revenu le lendemain avec les deux volumes manquants…
Quels sont les ouvrages les plus demandés ?

Les hagiographies sont en perte de vitesse… En revanche, l’histoire de la vie religieuse et monastique, la patristique et l’exégèse sont toujours recherchés. Depuis quelque temps je constate une demande accrue en ce qui concerne la tradition spirituelle du XVIIe siècle, François de Sales, Bérulle, Condren, Jeanne de Chantal. Saint Augustin est aussi à la mode. J’ai reçu l’an passé Gérard Depardieu qui voulait lire la thèse d’André Mandouze sur l’auteur des Confessions.

Les grands théologiens des XIXe et XXe siècles sont recherchés en permanence : Newman, Journet, Bouyer, de Lubac, Daniélou, Congar. Toutes les éditions des œuvres de saint Thomas d’Aquin intéressent à la fois les traditionalistes, les philosophes et les théologiens. Il est vrai que je propose non seulement des livres épuisés, mais aussi des livres toujours en vente chez les éditeurs, mais proposés ici d’occasion, donc moins chers. Enfin tout ce qui a trait à la liturgie trouve des amateurs.

Pourquoi avoir donné ce style confortable à votre librairie ?

Les fauteuils, les tapis, le plancher ciré, l’exposition de belles reliures en cuir et d’objets de piété contribuent à créer une ambiance accueillante. La librairie Brunet est une sorte de cénacle pour les passionnés de la théologie. C’est un lieu à part, où les chercheurs peuvent passer du temps au calme à explorer les rayonnages, à discuter avec le libraire. Des professeurs de la Sorbonne et de l’École Pratique des Hautes Études viennent ici en voisins, ils s’attardent et regardent les nouveautés. Un peu de l’ambiance de la maison de Huysmans et du scriptorium monastique est reconstituée en pleine ville. La librairie est propice à l’étude, une invitation à l’intelligence de la Foi, un encouragement pour les érudits… n

Librairie Pierre Brunet,
20, rue des Carmes, 75005 Paris.
Tél. : 01.46.33.00.50.
Fax : 01.43.26.89.68.

http://www.librairie-pierre-brunet.com/