Qu’on y prenne garde : les actuelles turbulences auxquelles nous sommes soumis, comme catholiques, ne relèvent pas seulement d’une tempête médiatico-judiciaire. Elles s’expliquent aussi par une instrumentalisation idéologique qui vise notre liberté la plus profonde. Celle qui relève de notre intimité, de notre foi éclairée dans la tradition essentielle du christianisme. Or, de celle-ci, on voudrait nous déposséder en raison des Lumières que s’attribuent des adversaires résolus de ce que nous sommes, de ce que nous croyons, de ce à quoi nous avons résolu d’être fidèles. Il faudrait s’en expliquer plus longuement, mais on peut résumer en quelques propositions le fond de cette offensive antipapale et antiecclésiale.
Tout d’abord, on constate une réduction arbitraire du religieux, unifié dans une catégorie où il est accusé d’être la principale source de violence au monde. Cette réduction, contraire à toute exigence épistémologique, conduit à des jugements aberrants. Comment, par exemple, placer du côté des intégrismes totalitaires, voire terroristes, l’Église de Jean-Paul II et de Benoît XVI, toujours à l’initiative de la paix et de la réconciliation ? Comment assimiler une communauté qui rassemble le réseau le plus serré d’organisations caritatives, au fanatisme et à la domination ?
Pour dire les choses plus nettement, parce que Taslima Nasreen, gynécologue et intellectuelle bangladaise, a été victime d’un milieu « religieux » étouffant dans son pays, elle reporte, chez nous, sa vindicte sur toute forme de foi. Peut-elle pourtant comprendre que les chrétiens sont révoltés par les traitements qu’elle a subis et les campagnes islamistes de haine qui l’ont poursuivie ? Bien sûr, Mme Nasreen est libre de théoriser sa phobie en un système généralisé de défiance à l’égard de toute foi, et de se faire applaudir par toute une intelligentsia occidentale. Mais attention à ne pas oublier cependant que le communisme, athée et persécuteur de millions de croyants, s’est autorisé à les poursuivre jusqu’à l’éradication, justement pour des raisons de ressentiment victimaire. Nous n’en sommes heureusement pas là aujourd’hui, mais l’inspiration antireligieuse s’affirme en France et en Europe, s’arrogeant – tel un Christian Barbier, directeur de la rédaction de L’Express et très présent à la télévision – le droit de réorganiser une Église catholique (cf. « Faut-il changer l’organisation du clergé de l’Eglise? »), dont à l’évidence il méconnaît radicalement l’histoire, la doctrine et la mystique. Nous sommes environnés de réformateurs vindicatifs qui nous font la leçon et voudraient nous imposer leurs préjugés, leurs méthodes et leur ordre. Non possumus ! C’est la liberté religieuse qui est en cause, la première de toutes puisqu’elle concerne nos convictions profondes.
Pour aller plus loin :
- LA « MODERNITÉ » : UN CENTENAIRE OUBLIÉ
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- La paternité-maternité spirituelle en vie monastique est-elle menacée en Occident ?
- Le rite et l’homme, Religion naturelle et liturgie chrétienne
- Dénoncer les abus sectaires dans la vie consacrée et passer l’épreuve en union au Christ Epoux