La laïcité, produit d'exportation - France Catholique
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Philippe de Champaigne : au service de Dieu et de la France
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La laïcité, produit d’exportation

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Gambetta dans les années 1880 disait que la laïcité n’était pas un produit d’exportation. En fait, il parlait d’anticléricalisme. Car la persécution en France des ordres religieux et leur expulsion au tournant du siècle avaient donné un élan sans précédent aux missions étrangères. Alors que nos concurrents, Italie, Allemagne, Autriche-Hongrie, voire Espagne, étaient trop contents de prendre notre place comme protecteur des catholiques dans le monde et défenseur du Saint-Siège.

Je me remémorais cette époque en lisant certains articles relatifs à l’intervention française au Mali. L’Elysée n’a évidemment pas choisi d’agir à cette date précise, juste pour marginaliser la manifestation contre « le mariage pour tous ». Il a été contraint de déclencher l’engagement des armées françaises parce que la pointe des groupes islamistes avait entamé une offensive lourde pour forcer la route de la capitale, Bamako, et que l’armée malienne était incapable de soutenir l’assaut. Mais peut-on exclure que les islamistes algéro-maliens n’aient pas, eux, fait ce calcul ?

Pourquoi pas ? La suite des commentaires nous fournit un indice : pour bien marquer que la République de Hollande qui s’en prend à eux est la plus « mécréante » qui soit — c’est-à-dire laïque, terme intraduisible et incompréhensible hors de la langue et de l’histoire de notre pays. Que leur guerre est « religieuse » contre un « Occident » désormais voué à Sodome et Gomorrhe.

Le gouvernement français se garde bien de tomber dans le piège de l’amalgame. Il a défini des objectifs dont aucun ne parle de laïcité ou de religion, mais seulement de « terrorisme » et d’ « agression ». Ce n’est pas pour la France une croisade idéologique comme on pouvait encore l’imaginer au temps de Gambetta, c’est-à-dire de Jules Ferry et de son « devoir de civiliser », ferment de la colonisation, y compris au Soudan français, ex-Empire du Mali.

C’est ainsi que certains sont ardemment partisans du « mariage pour tous » mais résolument hostiles à la présence militaire française au Mali taxée de « néo-coloniale ». Ce sont des militants de la gauche tiers-mondiste; d’autres sont résolument favorables à l’intervention au Mali mais ardemment opposés au « mariage pour tous ». C’est une bonne partie de la droite et des catholiques.

L’affaire malienne – algérienne, ouest-africaine… – est trop grave pour monter en toute hâte une opération politicienne qui permettrait d’escamoter le débat sur la loi sur « le mariage pour tous » et en quelque sorte de la faire passer en catimini entre deux bilans guerriers au Sahara. La guerre d’Afghanistan et la quête d’Osama Ben Laden n’ont certes pas empêché Obama de faire passer au Congrès une réforme controversée du système de santé. Mais les enjeux ne sont pas les mêmes et il a pris du temps. La proximité du Mali et de l’Algérie avec la France d’une part, l’importance de la mobilisation de dimanche contre la loi d’autre part, exigent que l’on ne se précipite pas. Si les choses tournaient mal au Mali — nombreuses morts de soldats et prises d’otages, attentats en France même —, le Président et le gouvernement auront bien besoin de l’Union nationale, appelée en d’autres temps « Union sacrée ».

Remettons donc l’examen par le Parlement du projet de loi sur le « mariage pour tous » après la fin des combats au Mali.