La justice et les médias ? - France Catholique
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La justice et les médias ?

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L’institution judiciaire n’est pas seule en cause dans la polémique qui occupe presque toute la place dans cette très étrange campagne électorale. Il y a aussi les médias. Ne se posait-on pas la question à propos de la manifestation d’hier place du Trocadéro : la justice et les médias vont-ils être les cibles des partisans de François Fillon, et du candidat lui-même ? L’association des deux instances, de natures si différentes, fait problème, mais il faut bien convenir qu’elle n’est pas incongrue dans la situation actuelle. La déstabilisation du leader de la droite a pour origine et pour cause une offensive médiatique initiée par Le Canard enchaîné. Elle a eu pour effet immédiat une saisie de la justice. De là à parler de complicité, c’est sans doute exagéré. Le processus judiciaire est indépendant – du moins il faut le souhaiter – de toute pression extérieure, et nul ne peut dire aujourd’hui sur quelle décision il débouchera.

Il n’en reste pas moins une impression de malaise, qui ne se dissipera pas avant longtemps. Même s’il est très délicat de manœuvrer pour la droite dans un pareil imbroglio, il est de mauvaise politique d’associer dans une même colère les juges et les journalistes. Quant à ces derniers, on comprend qu’ils soient furieux des attaques et des condamnations qui voudraient les accabler, mais il leur faut reconnaître aussi l’impossibilité de rester neutres dans une bataille qu’ils se chargent eux-mêmes d’alimenter au travers d’une surchauffe d’une rare intensité. D’ailleurs, il faut se faire à l’idée que l’univers de l’information est désormais régi par une féroce surenchère, depuis qu’Internet a élargi considérablement le champ des acteurs qui informent ou prétendent réinformer. Les médias traditionnels ont perdu leur légitimité. Ils sont contestés tous les jours, à bon ou mauvais escient. Ils tentent de se défendre, pas toujours de la façon la plus convaincante. Car, en tel domaine, il est hasardeux de prétendre détenir un ministère de la vérité.

Est-il présomptueux de penser que la meilleure arme de défense, c’est encore la qualité du travail réalisé, avec la charge de réflexion et de culture qu’elle suppose ? Chers confrères, encore un effort commun pour être dignes de la confiance que nous réclamons.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 6 mars 2017.