Nous ne sommes plus qu’à quelques jours de la célébration de la naissance de Jésus, laquelle accomplit la promesse faite par Dieu dès l’origine de donner naissance, dans la descendance d’Abraham, à un sauveur qui rétablirait l’homme dans l’intimité de Dieu, et encore plus précisément la promesse faite à Abraham que c’est dans sa descendance que naîtrait ce sauveur de toute l’humanité.
Nous découvrons cette promesse dans la Genèse, après la Chute. Dans sa grande miséricorde, Dieu a maudit le serpent, Satan, dont l’énorme mensonge a apporté la mort et le désespoir à la race humaine, et il a ensuite promis un sauveur qui vaincrait le mal et le péché : « Je mettrai une inimitié entre la femme et toi, entre ta descendance et sa descendance. Elle t’écrasera la tête et tu l’atteindras au talon. » (Genèse 3:14)
A la suite de cette catastrophe originelle, le moment le plus sombre de l’histoire humaine, lorsque nos premiers parents ont préféré le péché à Dieu, la Genèse révèle que Dieu a toujours pitié de ses enfants déchus. Il promet un rédempteur qui écrasera la tête du Mauvais et nous rendra capable de retrouver la communion avec Dieu et la destinée qu’Il avait prévue pour nous de toute éternité.
Bien plus, ce n’est pas un hasard si la promesse inclut la femme qui partage pleinement l’inimitié de sa descendance contre le Malin. Elle aussi aura sa victoire sur le Malin qui l’a trompée. Elle restera la mère de tous les vivants. Mais grâce à la promesse miséricordieuse de Dieu, il y a un espoir renouvelé : à travers sa descendance, la femme sera également impliquée dans la rédemption d’une race vouée à la souffrance et à la mort.
Donc Dieu promet qu’une femme, c’est à dire une représentante de toutes les femmes, aura son rôle à jouer dans la restauration de la race, pas celle-là même qui a péché, mais l’une de ses descendantes, la nouvelle Eve, qui sera sans péché et triomphera réellement de Satan, du péché et de la mort par le Sauveur à qui elle donnera naissance.
Et de fait, durant d’innombrables siècles, il y a eu une inimitié mortelle entre la descendance du premier homme et de la première femme et la progéniture de Satan, ses partisans tant chez les anges que chez les hommes. Ensuite le temps est finalement venu de la réalisation de l’antique promesse, venant d’une nouvelle femme et de son rejeton béni, Celui qui a été et reste l’espoir de tous les âges.
La rencontre d’Élisabeth et de Marie est le moment béni choisi par Dieu pour proclamer que l’antique promesse s’accomplit, que la longue attente de la victoire sur Satan, le péché et la mort s’achève : la mère du Précurseur, Élisabeth, parle pour l’enfant qu’elle porte en son sein, « béni soit le fruit de tes entrailles… qui suis-je pour que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi. »
Durant des générations, les femmes ont vécu leur grossesse sachant que l’enfant auquel elles allaient donner naissance et nourriraient devrait malheureusement mourir. Car tous les enfants qu’elles ont porté devaient, comme toute chair, être assujettis à la loi de la souffrance et de la mort. Mais il y avait en parallèle l’antique promesse qui soutenait les femmes de foi, la promesse selon laquelle la mort n’aurait pas le dernier mot.
De fait, chez les enfants d’Abraham, cette promesse était le cœur de leur espérance : qu’un jour un enfant naîtrait qui restaurerait pour Israël et toute l’humanité la destinée pour laquelle l’homme a été créé au commencement : pour une vie éternelle, et non pour la mort, pour le bonheur et non pour la souffrance. Ils en étaient même venus à savoir que ce sauveur serait issu de la tribu de Juda, serait un descendant de David : « De toi [Bethléem-Ephrata] sortira pour moi celui qui doit être le chef d’Israël, ses origines sont antiques et remontent aux temps anciens. »
Mais ils avaient également appris que cette promesse s’accomplirait seulement avec la coopération d’une mère, une nouvelle Eve, qui apporterait au monde le remède donnant l’immortalité. Le Livre des Rois mentionne le rôle spécial de la Reine mère des rois descendant de David, pointant un lien entre la dynastie davidique (la dynastie messianique) et la promesse de la Genèse concernant la femme et son rejeton qui sera le vainqueur de Satan. La femme aura part à la victoire de son fils sur la mort.
Qu’elle est belle alors cette rencontre de ces deux saintes femmes, toutes deux enceintes : l’une portant « le plus grand homme né de la chair », l’autre portant la Vie du Monde – Celui dont les « origines sont antiques et remontent aux temps anciens ». Comme il est approprié que l’arrivée du Messie soit d’abord célébrée par deux femmes, l’une étant la mère du nouvel Élie, l’autre la mère de Dieu. Le salut ne viendra pas d’une bataille menée entre deux armées mais d’une sainte générosité à donner la vie, ce qui est le propre de la femme, et de la générosité à abandonner cette même vie aux desseins de Dieu.
Depuis, toute femme qui partage la foi d’Élisabeth et de Marie peut donner le jour dans une joie céleste, une joie basée sur cet espoir bien fondé de vie éternelle pour chaque enfant, grâces en soient rendue au Fils de Marie.
Depuis cette époque, nous pouvons tous avoir cette même expérience joyeuse de la venue du Seigneur, nous rappelant qu’Il nous sanctifie dans le sein de notre Sainte Mère l’Église, tout comme Jean « tressaillait de joie » dans le sein d’Élisabeth simplement en raison de la présence de Dieu dans le sein de Marie.
Chaque fois que nous approchons de l’autel, notre foi, comme celles de Marie ou d’Élisabeth, devrait nous emplir d’humilité et de cette unique joie, « qui suis-je pour que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » Alors, la grâce de son rejeton béni renouvellera nos âmes et nous transformera plus profondément en sœurs et frères les uns des autres, des créatures qui ne sont plus destinées à la mort mais à la vie éternelle et à une joie dont Il nous assure qu’elle ne peut nous être ôtée.
Le père Mark A. Pilon, prêtre du diocèse d’Arlington, en Virginie, a reçu un doctorat de Théologie Sacrée de l’université de la Sainte Croix à Rome.
Illustration : « La Visitation », œuvre d’Angiolo D’Andrea, vers 1940
Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/12/20/the-joy-of-elizabeth-and-mary/