Le bras de fer entre Moscou et Kiev continue autour de la question de l’acheminement du gaz russe : après avoir augmenté son tarif de 80% au cours de la crise politique du printemps, la Russie a coupé les robinets, devant le refus de l’Ukraine de régler une dette de 2 milliards de dollars. Ce nouvel épisode de la guerre économique faite à Kiev pour cause d’insubordination politique intervient sur le fond d’une reprise des violences en Ukraine de l’Est. Dans ce contexte, le commissaire européen à l’Energie craint une pénurie de gaz l’hiver prochain, même s’il existe désormais d’autres canaux d’approvisionnement venant de Russie qui contournent l’Ukraine… Cependant, tant la compagnie russe Gazprom que la compagnie ukrainienne Naftogaz ont saisi la Cour d’arbitrage internationale de Stockholm pour régler leur conflit.
Quant aux hostilités sur le terrain, des insurgés pro-russes ont occupé hier le siège de la Banque centrale de Donestsk, déclarant ne plus vouloir payer d’impôts à Kiev. Samedi, un avion de transport militaire ukrainien a été abattu au-dessus de l’aéroport : les quarante soldats et les neuf membres de l’équipage ont tous été tués par, semble-t-il, un missile Sol-Air déclenché par un groupe de combattants pro-russes d’un niveau d’équipement et d’entraînement très élevé, qui ressemble à s’y méprendre à celui de soldats professionnels… Ceci a provoqué des manifestations de colère peu après devant l’ambassade de Russie à Kiev, avec quelques violences, et une insulte maladroite lancée à l’égard de Vladimir Poutine par le chef de la diplomatie ukrainienne excédé.
Sur la côte de la mer d’Azov, non loin de la frontière voisine de Rostov-sur-le-Don, le port de Marioupol occupé par les séparatistes pro-russes a été repris de force par des troupes ukrainiennes après quelques combats de rue. Dans ces régions de l’Ukraine de l’Est, la situation reste à la fois tendue et instable, à côté d’une Russie pour le moins ambiguë, qui pratique à la fois l’asphyxie économique de l’Etat ukrainien, les paroles apaisantes sur la scène internationale et les accusations soudaines de pays « grand frère » grondeur…
