Ce titre appartient à Maurice Barrès, qui publia en 1913 une défense vibrante du patrimoine religieux de notre pays, qui était déjà en grand danger de dégradation. Le romancier, à l’époque, mettait en cause la loi de séparation de l’Église et de l’État de 1905, à laquelle il attribuait la responsabilité d’un désintérêt de la puissance publique réputée hostile à la religion catholique. Son plaidoyer ne fut pas sans conséquence, puisque, selon certains historiens, il contribua largement au vote de la loi de 1913 sur les monuments historiques et la création, en 1914, de la caisse des monuments historiques. Il n’était d’ailleurs pas le seul écrivain attaché à la sauvegarde de nos édifices religieux puisque Marcel Proust lui-même avait dénoncé ce qu’il appelait « la mort des cathédrales ». Peut-être faudrait-il aujourd’hui une mobilisation analogue, afin d’atteindre l’opinion publique en faveur de nos églises à nouveau menacées.
Menacées d’abord par le vandalisme. L’exemple récent de l’église Saint-Louis de Fontainebleau a montré comment une action criminelle pouvait produire des dégâts inestimables, jusque dans un lieu bien connu des habitants de la ville et un sanctuaire très fréquenté d’une paroisse vivante. L’incendie volontaire a détruit un autel du XVIIe siècle et probablement une Vierge en bois du XIVe siècle très vénérée (peut-être a-t-elle été volée ?) ; la réserve eucharistique a été profanée. Voilà qui a de quoi alimenter une polémique sans cesse renaissante à propos de la « christianophobie ». Devant l’évidence que ce sont les édifices chrétiens et les sépultures chrétiennes qui sont le plus massivement agressés, certains arguent que c’est plutôt en raison d’intérêts matériels (recel d’œuvres d’art par exemple) que de sentiments antireligieux, ce qui n’est pas le cas lorsqu’il s’agit de bâtiments juifs ou musulmans. Quoi qu’il en soit, c’est bien le patrimoine catholique en premier lieu qui souffre le plus gravement aujourd’hui des actes criminels.
Mais il y a un autre aspect, non moins préoccupant, qui est celui de la dégradation pour cause de non-entretien sur le long terme, avec l’état alarmant de nombre d’églises. C’est flagrant à Paris. On se désole devant la façade de Saint-Augustin encombrée d’un échafaudage qui protège de la chute des éléments, mais ne présage pas encore d’un début de travail de réfection décisif. C’est le symbole d’une situation générale qui exigerait des investissements conséquents. On ne peut que soutenir les efforts, qui, parallèlement sont faits, d’initiatives ecclésiales (comme à Saint-Germain-des-Prés), ou privées (comme celles dirigées par Olivier de Rohan) pour à nouveau venir au secours de nos églises en danger.
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Le patrimoine religieux en quelques chiffres 2015
http://patrimoine.blog.pelerin.info/2015/12/17/le-patrimoine-religieux-en-quelques-chiffres-2015/
Les promesses des élus parisiens
http://www.patrimoine-religieux.fr/rubriques/haut/actualites/eglises-de-paris-les-elus-sengagent
Églises vendues, églises à vendre
http://www.patrimoine-religieux.fr/rubriques/gauche/edifice-menace/eglises-a-vendre
http://www.patrice-besse.com/eglises-a-vendre/normandie-bretagne-anjou-perche/
http://edito.seloger.com/actualites/france/eglises-chapelles-couvents-la-vente-de-biens-religieux-cartonne-article-6145.html