La gloire - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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La gloire

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Le 25 octobre, sur Internet Explorer, un gros titre présenté sur un ciel cosmique sombre déclarait : « Les scientifiques disent que l’univers ne devrait vraiment pas exister. » J’ai éclaté de rire. Je ne me suis même pas donné la peine de lire la suite de l’article. Mais dans un sens, ils avaient raison. Si nous nions l’existence d’un Dieu extérieur au cosmos, qui est le Logos, qui a créé sans être tenu de le faire, alors effectivement l’univers ne devrait pas exister.

Ce qui revient à dire que nous n’avons pas d’explication scientifique à l’existence de l’univers. Nous pouvons l’examiner, y vivre, le cultiver, y mourir, et oui, lui rendre gloire.

Le titre de cet article n’est pas « Vieille Gloire », qui est l’appellation de la bannière étoilée, quoiqu’il soit pertinent de se demander pourquoi un drapeau est qualifié à la fois de « vieux » et de « gloire ». Il est tout aussi pertinent de se demander pourquoi l’univers est à la fois ancien (13, 7 milliards d’années selon leurs dires) et semble rempli de gloire ?

L’ancienne ballade folklorique « Home on the Range » a raison, je l’ai souvent pensé :

« Combien souvent la nuit, sous les cieux resplendissants / avec la lumière scintillante des étoiles / je me tenais là, émerveillé, et je me demandais tout en contemplant, / leur gloire dépasse-t-elle la nôtre ? »

La réponse, j’imagine, est que si un être rationnel vivant sur une planète d’une lointaine galaxie admire son ciel nocturne, la gloire qu’il contemple est la même que celle que nous contemplons, vue d’un angle différent.

Le « Gloria » est la doxologie que nous récitons à la messe du dimanche. Nous nous souvenons de de son intonation grégorienne – Gloria in excelsis Deo ; Les mots viennent des profondeurs de l’Incarnation, de la nuit de Noël, des anges chantant du haut du ciel : « gloire à Dieu au plus haut. »

Les paroles finales de la plupart des prières chrétiennes sont « gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit… »

Alors, sur un ton grave, nous nous rappelons de l’élégie de Thomas Gray (mort en 1771 – NDT : cette élégie est une pièce importante du patrimoine littéraire anglais) : « les sentiers de la gloire ne conduisent qu’à la tombe. »

Pourtant, l’Apocalypse (19:1) proclame : « le salut, la gloire et le pouvoir appartiennent à notre Dieu. » Pourquoi la gloire devrait-elle appartenir à Dieu ?

Le tragédien grec Eschyle écrivait : « l’homme apprend par la souffrance. » Les sentiers de la gloire conduisent-ils aussi hors de la tombe ?

« En effet, il convenait que Dieu, par qui tout existe, en amenant beaucoup d’enfants à la gloire, rende parfait à travers la souffrance celui qui est à l’origine de leur salut. » C’est dans la lettre aux Hébreux (2:10)

De nombreux parents nomment leur fille « Gloria ».

Le mot grec doxa signifie plus ou moins opinion. Il en est venu, dans le Nouveau Testament, à signifier bonne opinion. Il devient alors la gloire, la plus haute opinion que nous puissions avoir de quelque chose. A Noël, de nouveau, nous entendons avec les bergers : « gloire à Dieu au plus haut. » Ce mot si souvent entendu, où veut-il exactement en venir, nous demandons-nous.

Il y a le nom (gloire), le verbe (glorifier), l’adverbe (glorieusement) et l’adjectif (glorieux).

Dans le dictionnaire de Samuel Johnson de 1735, on trouve un verbe « glorifier ». Il signifie à l’époque « se vanter de », « être fier de ». Johnson donne l’exemple suivant de son utilisation, tiré du livre « Les lois de la politique ecclésiale », du sublime anglican Richard Hooker : « ils avaient coutume, dans la fierté de leurs propres manières de procéder, de se glorifier que, alors que Luther n’avait jeté bas que le toit et Zwinglius les murs des superstitions papistes, le plus dur restait à faire, qui était de raser les fondations et fondements de la papauté. » Au moins Hooker avait des doutes quant à la gloire de raser les fondations de la papauté. De nos jours, ce n’est pas un thème excessivement lointain.

Dans le quatrième canon de la messe byzantine, le mot gloire apparaît huit fois dans le texte lui-même – exemples ; « te rendre gloire » ; « donner la joie à beaucoup d’entre eux par la gloire de ta lumière » ; « alors que nous attendons Sa venue dans la gloire »  et « toute gloire et honneur t’appartiennent ».

Le psaume 56:5 répète : « à Dieu, dans la présence de qui je me glorifie. »

Il y a également la vanité qui est vaine gloire. Aristote dit que quelque chose est « en vain » quand il n’y a pas de but. La vanité n’est pas une reconnaissance honnête de nos meilleures qualités mais la recherche d’une louange qui ne nous est pas due. Nous ne devrions pas nous glorifier de ce qui ne le mérite pas.

Dans le Prologue de Jean nous lisons : « nous avons vu Sa gloire, la gloire du Fils unique du Père, plein de grâce et de vérité. »

Nous ne disons pas de Dieu qu’Il est « gloire » mais plutôt « à Lui soit toute la gloire ! » La gloire implique la réciprocité, une reconnaissance de ce qui est supérieur. La gloire est un nec plus ultra. Donner gloire est reconnaître que ce qui est le meilleur est effectivement le meilleur. « A Toi seul Seigneur, soit la gloire. » Toutes les choses existantes sont le reflet de la gloire de la création.

Au final, la création elle-même est la manifestation extérieure, la gloire, de Dieu pouvant maintenant être vu dans l’ordre des choses qui ne sont pas Dieu.

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James V. Schall, S.J., qui a été professeur durant 35 ans à l’université de Georgetown, est l’un des écrivains catholiques américains les plus prolifiques.

Illustration : « Le Christ en gloire environné de saints » par Mattia Preti, 1660 [musée du Prado, Madrid]

Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/11/07/on-glory/