La gloire du Christ - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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La gloire du Christ

Ce bel ouvrage de Marie-Gabrielle Leblanc propose cent œuvres pour traverser l'histoire de l'art et redécouvrir la figure du Christ glorieux.
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Le Christ Pantocrator, mosaïque de la cathédrale de Cefalù en Sicile, 1148.

Le Christ Pantocrator, mosaïque de la cathédrale de Cefalù en Sicile, 1148.

© John Pole

Pourquoi est-il important, en cette période troublée pour l’Église, de montrer le Christ en gloire ? Marie-Gabrielle Leblanc : À certaines époques, on a représenté l’Église comme un navire conduit par le Christ, l’Esprit Saint et les apôtres. Dans les turbulences que nous traversons, il importe de se souvenir que le Christ a dit au chapitre XVI de saint Jean (discours après la Cène) : « Dans le monde vous aurez à souffrir. Mais courage ! J’ai vaincu le monde. » Lui seul est la source du Salut, Lui seul a vaincu le Mal. La seule solution est de rester enracinés dans le Christ. Comment le Beau mobilise-t-il les facultés de l’homme ? Nous savons que Dieu est la Bonté même, et que le Christ est la Vérité faite homme. Nous sommes moins accoutumés à dire que Dieu est la Beauté même, créateur et auteur de toute beauté. Il donne la beauté aux hommes dans la nature, et aussi aux artistes, comme un talent au sens de la parabole, afin qu’ils la partagent. Des artistes chrétiens d’aujourd’hui comme Goudji, François Peltier, Kim En Joong, Boissoudy, Marko Rupnik, Françoise Bissara, Malel, Silviu Oravitzan en Roumanie, en sont bien conscients. Ils mobilisent leurs capacités pour créer du Beau. Historiquement, pourquoi l’Église a-t-elle lutté contre l’iconoclasme, à la différence des Juifs et des musulmans ? Depuis que Dieu s’est fait homme, il est légitime, pour les catholiques et les orthodoxes, de représenter le Christ et les autres personnages sacrés. Dès le IIe siècle, simultanément en Égypte copte et dans les catacombes de Rome, puis au IIIe siècle en Syrie, les chrétiens ont commencé à peindre des fresques montrant la Vierge orante ou avec l’Enfant, l’Annonciation, la Cène, le poisson (ichthus) symbole du Christ, des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament, les saints. Après la période iconoclaste en Orient aux VIIIe et IXe siècles (117 ans), le second concile de Nicée, en 787, affirme que « la Tradition de faire des images peintes existait déjà au temps de la prédication apostolique ». Il justifie les représentations sacrées comme rempart contre l’hérésie, et servant à annoncer l’Incarnation, non illusoire, de Dieu le Fils en Jésus Christ. Cette Incarnation du Fils de Dieu est niée par l’islam. Pour le concile de Nicée II, l’Évangile, les images saintes et les reliques des saints sont, à égalité, « des reflets du monde céleste ». Contrairement à l’affirmation erronée en vogue aujourd’hui, que le judaïsme, le christianisme et l’islam seraient « les trois religions du Livre », le christianisme n’est pas une religion du Livre, mais la religion de l’Incarnation. Dieu s’est fait homme et non livre. C’est pourquoi les chrétiens ne sont plus soumis à l’interdiction du Premier Testament de faire des images. La cancel culture est-elle une forme d’iconoclasme ? C’est encore pire que cela. L’iconoclasme dans l’empire byzantin de 726 à 843, l’iconoclasme calviniste du XVIe siècle, qui a presque tout détruit des vitraux, peintures et sculptures en Hollande et dans certaines régions d’Allemagne, ou dans une moindre mesure le refus de la figuration dans les monastères cisterciens, dans le haut Moyen Âge, se réclamaient tous d’une certaine conception du christianisme. La cancel culture veut abolir toute une civilisation, non seulement deux mille ans de christianisme, mais aussi nos racines gréco-romaines, ainsi que nos racines chrétiennes au Proche-Orient, et jusqu’à la Bible en fait. Comment y répondre ? D’une part en nous cultivant inlassablement, et en transmettant aux jeunes générations ce patrimoine culturel et spirituel. D’autre part et surtout, en gardant le regard fixé sur Jésus. C’est ce que ma série de quatre livres (L’enfance du Christ dans l’art, La vie publique du Christ et Mort et résurrection du Christ), tente de partager. La beauté du Christ, contemplée par des peintres, sculpteurs, enlumineurs, mosaïstes ou verriers, d’Orient et d’Occident, du IVe au XXIe siècle.
—  mgl_lagloireduchrist.jpgLa gloire du Christ dans l’art, par Marie-Gabrielle Leblanc, éd. Pierre Téqui, 2021, 231 p., 29 €.