«Fortifier [son] âme et l’élever très haut. » Ainsi exhortait le Père Jerzy Popieluszko, en 1984, au plus fort du combat contre le régime communiste en Pologne, dans un de ses fameux Sermons pour la patrie. Et pour cela, rien de tel que de fixer les yeux sur la gloire de Marie !
C’est ce que nous fêtons chaque 15 août dans son Assomption au Ciel, corps et âme, puis le 22, dans son couronnement comme Reine. Ratifiant ainsi, en quelque sorte, la victoire totale et définitive de son Fils sur l’ennemi, Satan, acharné à la perdition de l’homme (et de la femme). Au passage, les mêmes qui s’offusquent que l’on donne une place éminente à Marie reprocheront à l’Église de ne pas donner assez de place aux femmes…
C’est bien dommage, car cette gloire est aussi un peu la nôtre, du moins celle qui attend un jour, espérons-le, ceux qui partagent l’humaine condition de Marie. Être élevé dans la gloire de Dieu ! Voilà en effet un horizon à bonne hauteur pour sortir du matérialisme ambiant, et que nous devrions chérir plus que tout.
Une victoire cachée
Mais il arrive que, pour élever son regard, il faille se faire petit… Comme la Vierge Marie, qui ose affirmer que « toutes les générations [la] diront bienheureuse », tout en se reconnaissant l’humble servante du Seigneur. Cette victoire pleine d’espérance n’est en effet pas toujours apparente ici-bas, tant s’en faut… Il semblerait même parfois que l’on soit plus proche du précipice que de la montagne sainte ! C’est alors qu’il faut se souvenir des leçons d’humilité de la nature.
Entre Gramat et Rocamadour, dans le Lot, il existe ainsi un fleuve, l’Alzou, qui chemine souterrainement sous la roche, semblant se perdre mille fois avant de resurgir plus loin, à l’air libre.
De même, on a vu refleurir ces dernières années en France de nombreux pèlerinages estivaux : il y a deux ans, le M de Marie, l’an dernier la grande Marche de saint Joseph, cette année, la Troménie de Marie en Bretagne. Rien de spectaculaire, mais un fourmillement spirituel dans les villages et les paroisses traversés, et qui un jour alimenteront la grande rivière du réveil de l’âme chrétienne de la France.
À vrai dire, ce maillage itinérant du territoire n’est pas nouveau : il y eut dans l’immédiat après-guerre l’extraordinaire pèlerinage à Notre-Dame du Grand Retour. À l’époque, cela n’a pas suffi pour enrayer le déclin de la foi, mais rien de décourageant à cela, car le temps de Dieu n’est pas le nôtre. On pouvait croire alors que la société resterait chrétienne. Aujourd’hui, l’illusion n’est plus permise, tant la dégringolade s’accélère. Cela nous oblige à plonger davantage en Dieu, tout en continuant d’irriguer par cette piété mariale les racines de la foi de ce vieux pays chrétien. Car cet ancrage local et populaire fournit un formidable terreau pour l’évangélisation, à l’instar de saint Louis-Marie Grignion de Montfort, qui transforma les chants populaires de Vendée en cantiques à Marie.
Autant de liens – surnaturels – qui forment enfin le tissu indispensable à notre pays, sans lequel il ne peut que continuer à se fracturer.