La Journée mondiale de la femme est célébrée chaque 8 mars dans de nombreux pays avec le soutien de l’Onu. Elle commémore les combats féministes du passé et éclaire des situations actuelles encore inacceptables. Au Palais Brongniart (ancienne Bourse), à Paris, se tiendra, ce 8 mars, un colloque qui dénoncera plutôt certaines évolutions qui commencent tout juste mais semblent promises à un grand avenir économique international au mépris de la dignité des femmes que l’on instrumentalise et des enfants que l’on achète. Ce sera le Forum international pour l’abolition de la GPA (Gestation Pour Autrui), avec l’intervention d’experts internationaux (juristes, psychologues, philosophes, sociologues, économistes). Il est organisée par La Manif pour tous. Quand on a les institutions, les médias, et un marché économique de plus en plus structuré contre soi, le combat pour une société refusant la dénaturation des relations humaines ne pourra se gagner que sur le plan culturel.
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— – Que pensez-vous de la Journée de la femme de manière générale ? On va vous reprocher de vous emparer de cette date symbolique pour votre combat contre « le mariage pour tous ». . . Ludovine de La Rochère : En soi, c’est une belle idée de célébrer la femme… si cela n’est pas fait de manière idéologique, et notamment dans un esprit de compétition, de rivalité homme/femme. Le mouvement féministe a obtenu des droits qui manquaient aux femmes il y a encore quelques années. Par exemple le droit de vote. C’était évidemment aberrant. Je précise, pour la petite histoire, que c’est la gauche qui s’y est opposée jusqu’à la fin de la Seconde guerre mondiale parce qu’elle avait peur de l’influence de l’Église sur les femmes ! Le contexte a en tout cas considérablement évolué — même s’il reste chez quelques-uns un « machisme » ringard et dépassé. Cependant, le féminisme, et depuis longtemps, a changé de nature. Celui que nous connaissons est en réalité totalement andro-centré : non seulement tout ce qui concerne la femme est comparé à l’homme mais en plus, dans un esprit de compétition, de rivalité. C’est en fait une question de pouvoir. Or l’aune d’un féminisme véritable ne peut être que la femme, la féminité, et non l’homme ! Je pense, pour ma part, qu’il est grand temps de sortir de ce qui est une véritable lutte des sexes, dont je considère même qu’elle a pris la suite de la lutte des classes. J’ajoute qu’elle fait des dégâts d’autant plus considérables que certains courants féministes, avec le lobby LGBT, considèrent que la femme est l’égale de l’homme (ce qui est une évidence !) parce que, en réalité, elle ne différerait pas de lui : c’est ce qu’on appelle l’idéologie de l’indifférenciation sexuelle (ou idéologie du genre). Pour en revenir à votre question, je voudrais souligner que la femme n’appartient pas aux féministes, et la Journée de la femme non plus ! J’ajoute que la femme est évidemment très concernée par la question des mères porteuses : notre Forum international pour l’abolition de la GPA trouve donc tout naturellement sa place ce 8 mars ! Qu’attendez-vous du forum au Palais Brongniart ? La lutte contre la GPA peut-elle mobiliser un public plus large que celui de La Manif pour tous ? La lutte contre la gestation pour autrui doit mobiliser tout le monde : cette pratique indigne et intolérable est le reflet parfait des conséquences du libertarisme joint à l’ultra-libéralisme. Et si nous laissons la GPA se développer, nous préparons notre déshumanisation, nous nous dirigeons vers le post-humanisme. Ainsi, dans la même logique, la Grande-Bretagne vient d’autoriser la conception d’enfants avec trois parents (on utilise les ovocytes de deux femmes et le sperme d’un homme), tandis qu’une équipe scientifique a annoncé la mise au point d’un procédé permettant à deux hommes de concevoir un enfant ensemble à partir de cellules souches de peau prélevées chez l’un et l’autre, cellules déprogrammées puis reprogrammées pour devenir ovocyte et spermatozoïde. Oui, voilà le résultat d’un individualisme sans limite et de la recherche de profits juteux. Or, pour ma part, je suis convaincue qu’empêcher la GPA de passer, c’est aussi empêcher la suite (dont la PMA « sans père »). En l’occurrence, d’autres que La Manif pour tous, comme Sylviane Agacinski ou José Bové, prennent position contre la GPA, publient des tribunes et des ouvrages, etc. Le collectif CORP a conduit une pétition et organisé des colloques à l’Assemblée nationale et à Sciences Po Paris, des lieux qui ne sont pas anodins ! J’ajoute que ces personnalités sont, comme La Manif pour tous, mobilisées contre toutes formes de GPA : ils ont compris que prétendre encadrer la GPA pour qu’elle soit « altruiste » est un piège : par essence, elle ni altruiste, ni éthique : la femme est instrumentalisée, qu’elle soit prétendument volontaire ou non, et l’enfant est l’objet d’un contrat, qu’il soit acheté ou donné… Et, évidemment, encadrer, c’est légaliser ! C’est pourquoi nous espérons beaucoup de monde à ce Forum international pour l’abolition de la GPA : il faut être nombreux pour que les médias prennent en compte cet événement et pour remettre cet enjeu au cœur de l’espace public ! L’Italie vient d’être condamnée par la CEDH dans une affaire de GPA… Cet arrêt est aberrant dans la mesure où le fondement même de la Cour européenne des droits de l’homme est la Convention européenne des droits de l’homme : or, à l’évidence, la GPA est une pratique contraire aux droits de l’homme, comme elle est contraire à bien d’autres conventions internationales : les conventions sur les droits de l’enfant (signées par 197 pays !), sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, en matière d’adoption, sur la lutte contre la traite des êtres humains (2005), sur les droits de l’homme et la biomédecine, etc. Inutile, donc, de perdre du temps en argutie juridique. La CEDH n’a aucune excuse, bien au contraire, à rendre des arrêts qui conduisent à faciliter le recours à la GPA et donc le développement de cette pratique. Une Cour européenne des droits de l’homme favorable à la GPA et une poignée de juges qui imposent cette pratique aux pays européens : il y a clairement de quoi s’interroger sur l’utilisation de la « justice » à des fins politiques ! La société AXA notamment s’est vantée d’avoir financé des études pour mieux inclure les LGBT dans le monde du travail. En quoi cela vous paraît-il choquant ? Craignez-vous de nouvelles normes sociales débouchant sur des lois contraignantes et infamantes (accusation d’homophobie) ? La raison annoncée de cette « politique d’inclusion des personnes LGBT » est le souhait que ces personnes soient aussi « heureuses » que tout le monde en entreprise. Or l’étude Out Now (cabinet spécialisé dans le marketing à l’adresse des gays et lesbiennes), financée par AXA et d’autres entreprises arguent du fait qu’une meilleure inclusion des personnes LGBT favoriserait les profits de l’entreprise. On est donc, tout d’abord, dans l’instrumentalisation de l’humain en vue du profit. Même s’il s’agit d’un prétexte pour faire avancer les revendications de la LGBT, ce procédé est pervers. En ce qui concerne AXA, sa communication parle des personnes « lesbiennes, gay, bi et transgenres ». Je dis bien « transgenres » et non « transsexuelles » : il y a donc reconnaissance implicite de l’identité de genre. Au passage je souhaite « bon courage » à AXA : l’Union européenne reconnaît près d’une quarantaine d’identités de genre… et finalement se perd dans cette nouvelle forme d’identité qui n’en est pas une, bien au contraire. On est dans le ressenti, le subjectif, le mouvant, l’insaisissable… toutes choses qui ne permettent ni de se connaître, ni de connaître l’autre : dans ce cas, comment vivre avec soi-même et comment vivre avec les autres ? Nous avons également noté qu’AXA souhaite « prendre en compte les préoccupations de la communauté LGBT ». Cette seule phrase en dit long : AXA reconnaît donc comme partenaire la LGBT, alors que ce lobby compte moins de 2000 militants en France et ne représente en rien l’ensemble des personnes homosexuelles. Surtout, ce lobby est notamment favorable à la PMA « sans père », qui fait des orphelins, et à la GPA, c’est-à-dire à l’asservissement de la femme et à la commercialisation de l’enfant. Enfin, à l’évidence, le mot pudique de « préoccupations » signifie « revendications », dont je viens de souligner le caractère inacceptable et que, pourtant, la société AXA a décidé d’assumer ! Ainsi, AXA rentre dans les débats philosophiques, anthropologiques et politiques. Ce n’est pas le rôle de l’entreprise. Que celle-ci se préoccupe du bien-être de ses collaborateurs est une chose, qu’elle se fasse le relais zélé d’un lobby en est une autre. Quand AXA reprend à son compte le fait qu’il y aurait « le risque de démission de salariés performants qui ne se sentiraient pas autorisés à déclarer leur sexualité au travail », je suis inquiète : la sexualité du salarié ne regarde-t-elle pas que lui ? Si cette logique se développe, nous serons dans un système totalitaire, car après la sexualité, il faudra que le salarié dise pour qui il vote, quelles sont ses croyances, etc. C’est un danger pour la liberté de penser, d’opinion… Il faut aussi savoir que l’Union européenne a préparé une directive sur les discriminations qui prévoit la possibilité de lourdes sanctions, notamment à l’encontre des employeurs : ceux qui seraient accusés de discrimination (à l’embauche par exemple) auraient à faire la preuve du contraire. Gravissime. Les appels au boycott ne sont-ils pas inopérants dans la mesure déjà où tout ce qui vient de la Silicon Valley participe largement de la culture gay ? Comment pourrait-on boycotter Google, Microsoft, Firefox… ? Quant aux sociétés d’assurance, je constate qu’Aviva est aussi concernée… Oui, en effet, je ne crois pas au boycott… En revanche, la plupart des entreprises, à l’instar d’AXA justement, ont des voies de recours pour leurs salariés et leurs clients : il faut utiliser ces voies pour faire connaître massivement notre désaccord, en sachant que ces entreprises ont l’obligation (en lien avec les labels qualité…) de traiter ces recours… Il y a par exemple aussi les assemblées d’actionnaires… Bref, il y a diverses manières d’agir, à étudier au cas par cas. Cependant, il faut aussi et surtout agir auprès des chefs d’entreprise en les appelant à respecter a minima la neutralité voulue en entreprise. Des instances européennes ont acté que La Manif pour tous avait été réprimée avec une violence disproportionnée. La manière dont la police a minoré le nombre des participants était une autre manière de tenter de pousser à bout les manifestants, de les humilier, les dégoûter. Quelles traces cela vous semble-t-il avoir laissé ? Les traces sont profondes dans la société française. En effet, qu’ont vu les Français ? Un pouvoir qui affirmait qu’il y avait peu de manifestants (mensonges d’État répétés à chaque fois), qui les caricaturait (« bourgeois de l’Ouest parisien », « extrémistes », « violents », « catholiques » forcément, ce qui est énoncé comme infamant bien sûr)… Cependant, les Français ont vu les foules, le caractère pacifique des défilés. Et ils n’ont pas compris pourquoi le chef de l’État et son gouvernement ne nous recevaient pas (ou entre deux portes), ne nous écoutaient pas, nous méprisaient. À la différence de François Mitterrand qui, au temps de la lutte pour la défense de l’école libre, eut la sagesse de retirer le projet de loi, François Hollande s’est arc-bouté sur ce simulacre de mariage. Les Français ont été frappés par la fermeture d’esprit, l’aveuglement et l’impact diviseur de cette loi. Ce n’est évidemment pas ainsi que l’on gouverne un pays. La France est une vieille nation. Le mariage dit « pour tous » l’a atteint de plein fouet dans son identité. A propos de l’onde de choc de La Manif pour tous, il suffit de voir le nombre de publications, ouvrages, citations, reportages et autres qui sortent sur La Manif Pour Tous, ou font référence au mouvement social. On peut noter aussi que la désinformation, qui caractérise certaines de ces publications, vise à laisser une historiographie qui assure la diabolisation de La Manif pour tous pour les générations à venir. Ce seul fait illustre parfaitement la peur actuelle du Pouvoir et de la pensée dominante (mais non majoritaire) face à un mouvement qu’ils sont incapables de comprendre ! Alors, oui, les traces sont profondes. Et les socialistes, qui l’ont déjà payé aux élections municipales 2014, le paieront encore cher aux élections départementales et régionales. Au point, peut-être, de disparaître comme parti politique, n’ayant plus ni sens du réel, ni cohérence, ni respect de la démocratie. La Manif « républicaine » du 11 janvier (après le massacre de la rédaction de Charlie…), n’a-t-elle pas aussi en quelque sorte effacé — du moins médiatiquement — votre mobilisation ? Non, je ne crois pas. La comparaison n’a pas de sens, le 11 janvier étant lié à des événements dramatiques, ayant été annoncés avec insistance par la plupart des médias, etc. Il faudrait donc plutôt comparer à des partis, syndicats ou tous autres organismes : or aucun ne pourrait mobiliser comme La Manif pour tous. Certes, il y a eu quelques comparaisons énoncées ici et là bien sûr, mais c’est parce que La Manif pour tous est LA référence en termes de mobilisation et que nos adversaires en ont été malades de voir tant de monde défiler, et si souvent ! Je ne veux pas dénigrer le moment d’unité du 11 janvier, mais j’ai tout de même été frappée par le silence assourdissant de cette foule. Elle était sans parole, sans chant, sans référence aucune, sans direction : un moment étrange. In fine, je l’interprète aussi comme l’expression d’une aspiration très forte de nos concitoyens à retrouver du sens, un élan — mais loin des coteries parisiennes qui nous ont amenés au vote de la loi Taubira. Ne sera-t-il pas cependant beaucoup plus difficile de mobiliser désormais, surtout sur un sujet apparemment très technique comme la GPA, alors que d’autres fronts éthiques sont ouverts comme celui de l’euthanasie (et que les gens sont obsédés à court terme par la question du chômage) ? Non. Que ce soit la GPA pour tous ou la PMA pour les couples de même sexe, ces deux sujets heurtent les Français. Grâce à notre mobilisation le gouvernement est beaucoup plus prudent sur les sujets de société, la famille. Nous faisons désormais partie des acteurs reconnus de la vie de la Cité, même si beaucoup souhaitent que nous retournions chez nous, au chaud, devant la télévision. Mais, je suis désolée, les sympathisants de La Manif pour tous ne lâchent rien !
Annexe : Code pénal Article 227-12 Modifié par Ordonnance n°2000-916 du 19 septembre 2000 – art. 3 (V) JORF 22 septembre 2000 en vigueur le 1er janvier 2002 Le fait de provoquer soit dans un but lucratif, soit par don, promesse, menace ou abus d’autorité, les parents ou l’un d’entre eux à abandonner un enfant né ou à naître est puni de six mois d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende. Le fait, dans un but lucratif, de s’entremettre entre une personne désireuse d’adopter un enfant et un parent désireux d’abandonner son enfant né ou à naître est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende. Est puni des peines prévues au deuxième alinéa le fait de s’entremettre entre une personne ou un couple désireux d’accueillir un enfant et une femme acceptant de porter en elle cet enfant en vue de le leur remettre. Lorsque ces faits ont été commis à titre habituel ou dans un but lucratif, les peines sont portées au double. La tentative des infractions prévues par les deuxième et troisième alinéas du présent article est punie des mêmes peines. http://legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006070719&idArticle=LEGIARTI000006418042
— – Que pensez-vous de la Journée de la femme de manière générale ? On va vous reprocher de vous emparer de cette date symbolique pour votre combat contre « le mariage pour tous ». . . Ludovine de La Rochère : En soi, c’est une belle idée de célébrer la femme… si cela n’est pas fait de manière idéologique, et notamment dans un esprit de compétition, de rivalité homme/femme. Le mouvement féministe a obtenu des droits qui manquaient aux femmes il y a encore quelques années. Par exemple le droit de vote. C’était évidemment aberrant. Je précise, pour la petite histoire, que c’est la gauche qui s’y est opposée jusqu’à la fin de la Seconde guerre mondiale parce qu’elle avait peur de l’influence de l’Église sur les femmes ! Le contexte a en tout cas considérablement évolué — même s’il reste chez quelques-uns un « machisme » ringard et dépassé. Cependant, le féminisme, et depuis longtemps, a changé de nature. Celui que nous connaissons est en réalité totalement andro-centré : non seulement tout ce qui concerne la femme est comparé à l’homme mais en plus, dans un esprit de compétition, de rivalité. C’est en fait une question de pouvoir. Or l’aune d’un féminisme véritable ne peut être que la femme, la féminité, et non l’homme ! Je pense, pour ma part, qu’il est grand temps de sortir de ce qui est une véritable lutte des sexes, dont je considère même qu’elle a pris la suite de la lutte des classes. J’ajoute qu’elle fait des dégâts d’autant plus considérables que certains courants féministes, avec le lobby LGBT, considèrent que la femme est l’égale de l’homme (ce qui est une évidence !) parce que, en réalité, elle ne différerait pas de lui : c’est ce qu’on appelle l’idéologie de l’indifférenciation sexuelle (ou idéologie du genre). Pour en revenir à votre question, je voudrais souligner que la femme n’appartient pas aux féministes, et la Journée de la femme non plus ! J’ajoute que la femme est évidemment très concernée par la question des mères porteuses : notre Forum international pour l’abolition de la GPA trouve donc tout naturellement sa place ce 8 mars ! Qu’attendez-vous du forum au Palais Brongniart ? La lutte contre la GPA peut-elle mobiliser un public plus large que celui de La Manif pour tous ? La lutte contre la gestation pour autrui doit mobiliser tout le monde : cette pratique indigne et intolérable est le reflet parfait des conséquences du libertarisme joint à l’ultra-libéralisme. Et si nous laissons la GPA se développer, nous préparons notre déshumanisation, nous nous dirigeons vers le post-humanisme. Ainsi, dans la même logique, la Grande-Bretagne vient d’autoriser la conception d’enfants avec trois parents (on utilise les ovocytes de deux femmes et le sperme d’un homme), tandis qu’une équipe scientifique a annoncé la mise au point d’un procédé permettant à deux hommes de concevoir un enfant ensemble à partir de cellules souches de peau prélevées chez l’un et l’autre, cellules déprogrammées puis reprogrammées pour devenir ovocyte et spermatozoïde. Oui, voilà le résultat d’un individualisme sans limite et de la recherche de profits juteux. Or, pour ma part, je suis convaincue qu’empêcher la GPA de passer, c’est aussi empêcher la suite (dont la PMA « sans père »). En l’occurrence, d’autres que La Manif pour tous, comme Sylviane Agacinski ou José Bové, prennent position contre la GPA, publient des tribunes et des ouvrages, etc. Le collectif CORP a conduit une pétition et organisé des colloques à l’Assemblée nationale et à Sciences Po Paris, des lieux qui ne sont pas anodins ! J’ajoute que ces personnalités sont, comme La Manif pour tous, mobilisées contre toutes formes de GPA : ils ont compris que prétendre encadrer la GPA pour qu’elle soit « altruiste » est un piège : par essence, elle ni altruiste, ni éthique : la femme est instrumentalisée, qu’elle soit prétendument volontaire ou non, et l’enfant est l’objet d’un contrat, qu’il soit acheté ou donné… Et, évidemment, encadrer, c’est légaliser ! C’est pourquoi nous espérons beaucoup de monde à ce Forum international pour l’abolition de la GPA : il faut être nombreux pour que les médias prennent en compte cet événement et pour remettre cet enjeu au cœur de l’espace public ! L’Italie vient d’être condamnée par la CEDH dans une affaire de GPA… Cet arrêt est aberrant dans la mesure où le fondement même de la Cour européenne des droits de l’homme est la Convention européenne des droits de l’homme : or, à l’évidence, la GPA est une pratique contraire aux droits de l’homme, comme elle est contraire à bien d’autres conventions internationales : les conventions sur les droits de l’enfant (signées par 197 pays !), sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, en matière d’adoption, sur la lutte contre la traite des êtres humains (2005), sur les droits de l’homme et la biomédecine, etc. Inutile, donc, de perdre du temps en argutie juridique. La CEDH n’a aucune excuse, bien au contraire, à rendre des arrêts qui conduisent à faciliter le recours à la GPA et donc le développement de cette pratique. Une Cour européenne des droits de l’homme favorable à la GPA et une poignée de juges qui imposent cette pratique aux pays européens : il y a clairement de quoi s’interroger sur l’utilisation de la « justice » à des fins politiques ! La société AXA notamment s’est vantée d’avoir financé des études pour mieux inclure les LGBT dans le monde du travail. En quoi cela vous paraît-il choquant ? Craignez-vous de nouvelles normes sociales débouchant sur des lois contraignantes et infamantes (accusation d’homophobie) ? La raison annoncée de cette « politique d’inclusion des personnes LGBT » est le souhait que ces personnes soient aussi « heureuses » que tout le monde en entreprise. Or l’étude Out Now (cabinet spécialisé dans le marketing à l’adresse des gays et lesbiennes), financée par AXA et d’autres entreprises arguent du fait qu’une meilleure inclusion des personnes LGBT favoriserait les profits de l’entreprise. On est donc, tout d’abord, dans l’instrumentalisation de l’humain en vue du profit. Même s’il s’agit d’un prétexte pour faire avancer les revendications de la LGBT, ce procédé est pervers. En ce qui concerne AXA, sa communication parle des personnes « lesbiennes, gay, bi et transgenres ». Je dis bien « transgenres » et non « transsexuelles » : il y a donc reconnaissance implicite de l’identité de genre. Au passage je souhaite « bon courage » à AXA : l’Union européenne reconnaît près d’une quarantaine d’identités de genre… et finalement se perd dans cette nouvelle forme d’identité qui n’en est pas une, bien au contraire. On est dans le ressenti, le subjectif, le mouvant, l’insaisissable… toutes choses qui ne permettent ni de se connaître, ni de connaître l’autre : dans ce cas, comment vivre avec soi-même et comment vivre avec les autres ? Nous avons également noté qu’AXA souhaite « prendre en compte les préoccupations de la communauté LGBT ». Cette seule phrase en dit long : AXA reconnaît donc comme partenaire la LGBT, alors que ce lobby compte moins de 2000 militants en France et ne représente en rien l’ensemble des personnes homosexuelles. Surtout, ce lobby est notamment favorable à la PMA « sans père », qui fait des orphelins, et à la GPA, c’est-à-dire à l’asservissement de la femme et à la commercialisation de l’enfant. Enfin, à l’évidence, le mot pudique de « préoccupations » signifie « revendications », dont je viens de souligner le caractère inacceptable et que, pourtant, la société AXA a décidé d’assumer ! Ainsi, AXA rentre dans les débats philosophiques, anthropologiques et politiques. Ce n’est pas le rôle de l’entreprise. Que celle-ci se préoccupe du bien-être de ses collaborateurs est une chose, qu’elle se fasse le relais zélé d’un lobby en est une autre. Quand AXA reprend à son compte le fait qu’il y aurait « le risque de démission de salariés performants qui ne se sentiraient pas autorisés à déclarer leur sexualité au travail », je suis inquiète : la sexualité du salarié ne regarde-t-elle pas que lui ? Si cette logique se développe, nous serons dans un système totalitaire, car après la sexualité, il faudra que le salarié dise pour qui il vote, quelles sont ses croyances, etc. C’est un danger pour la liberté de penser, d’opinion… Il faut aussi savoir que l’Union européenne a préparé une directive sur les discriminations qui prévoit la possibilité de lourdes sanctions, notamment à l’encontre des employeurs : ceux qui seraient accusés de discrimination (à l’embauche par exemple) auraient à faire la preuve du contraire. Gravissime. Les appels au boycott ne sont-ils pas inopérants dans la mesure déjà où tout ce qui vient de la Silicon Valley participe largement de la culture gay ? Comment pourrait-on boycotter Google, Microsoft, Firefox… ? Quant aux sociétés d’assurance, je constate qu’Aviva est aussi concernée… Oui, en effet, je ne crois pas au boycott… En revanche, la plupart des entreprises, à l’instar d’AXA justement, ont des voies de recours pour leurs salariés et leurs clients : il faut utiliser ces voies pour faire connaître massivement notre désaccord, en sachant que ces entreprises ont l’obligation (en lien avec les labels qualité…) de traiter ces recours… Il y a par exemple aussi les assemblées d’actionnaires… Bref, il y a diverses manières d’agir, à étudier au cas par cas. Cependant, il faut aussi et surtout agir auprès des chefs d’entreprise en les appelant à respecter a minima la neutralité voulue en entreprise. Des instances européennes ont acté que La Manif pour tous avait été réprimée avec une violence disproportionnée. La manière dont la police a minoré le nombre des participants était une autre manière de tenter de pousser à bout les manifestants, de les humilier, les dégoûter. Quelles traces cela vous semble-t-il avoir laissé ? Les traces sont profondes dans la société française. En effet, qu’ont vu les Français ? Un pouvoir qui affirmait qu’il y avait peu de manifestants (mensonges d’État répétés à chaque fois), qui les caricaturait (« bourgeois de l’Ouest parisien », « extrémistes », « violents », « catholiques » forcément, ce qui est énoncé comme infamant bien sûr)… Cependant, les Français ont vu les foules, le caractère pacifique des défilés. Et ils n’ont pas compris pourquoi le chef de l’État et son gouvernement ne nous recevaient pas (ou entre deux portes), ne nous écoutaient pas, nous méprisaient. À la différence de François Mitterrand qui, au temps de la lutte pour la défense de l’école libre, eut la sagesse de retirer le projet de loi, François Hollande s’est arc-bouté sur ce simulacre de mariage. Les Français ont été frappés par la fermeture d’esprit, l’aveuglement et l’impact diviseur de cette loi. Ce n’est évidemment pas ainsi que l’on gouverne un pays. La France est une vieille nation. Le mariage dit « pour tous » l’a atteint de plein fouet dans son identité. A propos de l’onde de choc de La Manif pour tous, il suffit de voir le nombre de publications, ouvrages, citations, reportages et autres qui sortent sur La Manif Pour Tous, ou font référence au mouvement social. On peut noter aussi que la désinformation, qui caractérise certaines de ces publications, vise à laisser une historiographie qui assure la diabolisation de La Manif pour tous pour les générations à venir. Ce seul fait illustre parfaitement la peur actuelle du Pouvoir et de la pensée dominante (mais non majoritaire) face à un mouvement qu’ils sont incapables de comprendre ! Alors, oui, les traces sont profondes. Et les socialistes, qui l’ont déjà payé aux élections municipales 2014, le paieront encore cher aux élections départementales et régionales. Au point, peut-être, de disparaître comme parti politique, n’ayant plus ni sens du réel, ni cohérence, ni respect de la démocratie. La Manif « républicaine » du 11 janvier (après le massacre de la rédaction de Charlie…), n’a-t-elle pas aussi en quelque sorte effacé — du moins médiatiquement — votre mobilisation ? Non, je ne crois pas. La comparaison n’a pas de sens, le 11 janvier étant lié à des événements dramatiques, ayant été annoncés avec insistance par la plupart des médias, etc. Il faudrait donc plutôt comparer à des partis, syndicats ou tous autres organismes : or aucun ne pourrait mobiliser comme La Manif pour tous. Certes, il y a eu quelques comparaisons énoncées ici et là bien sûr, mais c’est parce que La Manif pour tous est LA référence en termes de mobilisation et que nos adversaires en ont été malades de voir tant de monde défiler, et si souvent ! Je ne veux pas dénigrer le moment d’unité du 11 janvier, mais j’ai tout de même été frappée par le silence assourdissant de cette foule. Elle était sans parole, sans chant, sans référence aucune, sans direction : un moment étrange. In fine, je l’interprète aussi comme l’expression d’une aspiration très forte de nos concitoyens à retrouver du sens, un élan — mais loin des coteries parisiennes qui nous ont amenés au vote de la loi Taubira. Ne sera-t-il pas cependant beaucoup plus difficile de mobiliser désormais, surtout sur un sujet apparemment très technique comme la GPA, alors que d’autres fronts éthiques sont ouverts comme celui de l’euthanasie (et que les gens sont obsédés à court terme par la question du chômage) ? Non. Que ce soit la GPA pour tous ou la PMA pour les couples de même sexe, ces deux sujets heurtent les Français. Grâce à notre mobilisation le gouvernement est beaucoup plus prudent sur les sujets de société, la famille. Nous faisons désormais partie des acteurs reconnus de la vie de la Cité, même si beaucoup souhaitent que nous retournions chez nous, au chaud, devant la télévision. Mais, je suis désolée, les sympathisants de La Manif pour tous ne lâchent rien !
Annexe : Code pénal Article 227-12 Modifié par Ordonnance n°2000-916 du 19 septembre 2000 – art. 3 (V) JORF 22 septembre 2000 en vigueur le 1er janvier 2002 Le fait de provoquer soit dans un but lucratif, soit par don, promesse, menace ou abus d’autorité, les parents ou l’un d’entre eux à abandonner un enfant né ou à naître est puni de six mois d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende. Le fait, dans un but lucratif, de s’entremettre entre une personne désireuse d’adopter un enfant et un parent désireux d’abandonner son enfant né ou à naître est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende. Est puni des peines prévues au deuxième alinéa le fait de s’entremettre entre une personne ou un couple désireux d’accueillir un enfant et une femme acceptant de porter en elle cet enfant en vue de le leur remettre. Lorsque ces faits ont été commis à titre habituel ou dans un but lucratif, les peines sont portées au double. La tentative des infractions prévues par les deuxième et troisième alinéas du présent article est punie des mêmes peines. http://legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006070719&idArticle=LEGIARTI000006418042
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