La France pliée en quatre - France Catholique
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La France pliée en quatre

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Après la soirée électorale d’hier, nous sommes tous un peu saturés de commentaires politiques et d’analyses du scrutin. J’ai donc quelques scrupules à ajouter mes propres remarques, d’autant que je n’ai pas de compétences particulières à faire valoir. Pourtant, j’aurais envie d’appeler Coluche à mon secours, lorsque dans d’autres circonstances il expliquait : « Hier, la France était coupée en deux, maintenant elle est pliée en quatre. » L’expression s’applique tout à fait à la France divisée entre Emmanuel Macron, Marine Le Pen, François Fillon et Jean-Luc Mélenchon. La différence, c’est qu’elle ne prête plus à rire, car les Français n’ont pas du tout le cœur à cela. Au-delà des expressions politiques et idéologiques, cette division rejoint une réalité sociologique, et même anthropologique plus profonde. Ceux qui ont voté pour Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ont, de toute évidence, exprimé un refus radical à l’évolution actuelle, marquée par les processus de la mondialisation. Que cette protestation s’exprime selon deux modalités très différentes n’empêche pas une commune réalité, enracinée dans notre espace géographique. Il me semble d’ailleurs qu’il y a une porosité sensible entre les deux électorats.

Autre observation. L’émergence d’Emmanuel Macron n’est pas un phénomène superficiel, elle s’explique par une déception qui a provoqué l’échec des deux grandes formations de droite et de gauche qui structuraient jusqu’alors notre espace politique. Le problème de l’intéressé consiste à donner à son programme et à son discours une substance qui n’est pas encore avérée. Car, il faut bien le dire : il n’y a pas encore eu de véritable débat de fond dans cette campagne. Tous les sujets qui font mal ont été évoqués, et non traités.

Emmanuel Macron a toutes les chances de se retrouver à l’Élysée dans quinze jours, mais la promesse de renouveau qui lui a permis d’éliminer le Parti socialiste et de battre la droite ne s’incarne pas dans une configuration qui pourrait se substituer au modèle ancien. Si celle-ci est possible, elle devra s’imposer avec les élections législatives que le leader d’En marche ! n’est pas sûr de gagner. Résultat provisoire : nous ne sommes qu’à mi course de cette compétition dont l’aboutissement est encore problématique.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 24 avril 2017.