Les Français s’enfoncent dans la dépression collective. Tel est le constat qui ressort d’un sondage réalisé à l’initiative d’un organisme intitulé « Baromètre de la confiance politique ». On en avait plus que le pressentiment, mais les chiffres sont sans appel. Pour qui a une méfiance innée – c’est un peu mon cas – à l’égard de la sondagite permanente, le caractère particulier d’une enquête, qui s’attache à des convictions de fond plutôt qu’à des engouements éphémères, impressionne. Le politologue Pascal Perrineau en paraît lui-même estomaqué. C’est lui qui le dit : « Le climat général est à la dépression collective. » Cela ne concerne pas seulement la confiance que les Français éprouvent à l’égard des dirigeants politiques, cela touche à leurs sentiments intimes, notamment la confiance éprouvée à l’égard du prochain. Je laisse ici tous les chiffres, pour m’intéresser à des phénomènes psychologiques mis en valeurs. On se défie de plus en plus de l’autre à cause de sa différence culturelle ou religieuse. De proche en proche, c’est la sociabilité qui est atteinte, celle qui fait qu’on peut vivre et travailler ensemble.
Cela m’a rappelé les travaux d’Alain Peyrefitte, ce politique qui aimait se lancer dans la réflexion de fond. Pour lui, ce qui permettait le développement économique, c’est justement ce qu’il appelait « la société de confiance ». Confiance qui devait fonctionner dans tous les sens et réciproquement. Par exemple, pas d’initiative économique sans confiance de l’État à l’égard de l’initiative des citoyens mais aussi sans confiance des citoyens à l’égard de l’État comme puissance régulatrice. Pas de dynamisme social sans confiance des citoyens entre eux. Que dirait, aujourd’hui, l’ancien ministre du général de Gaulle ?
La perte de confiance apparaît plus que flagrante à l’égard du chef de l’État et de son gouvernement. L’affaire privée qui interfère sur la scène de l’Élysée n’arrange rien, bien au contraire. Il est grand temps de retourner cette mécanique infernale. Nous n’avons pas le droit de nous livrer à la dépression.
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 14 janvier 2014.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- LA « MODERNITÉ » : UN CENTENAIRE OUBLIÉ
- LES SAVANTS NE PEUVENT PLUS AFFIRMER L’ABSURDITÉ DU MONDE
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- Sur le général de Castelnau et le Nord Aveyron.