C’est une terrible chose que la guerre! Le rôle joué par la France pour une intervention internationale sur le sol libyen se justifie par la nécessité de protéger la population civile face à la reconquête opérée par les troupes de Kadhafi. Un tel objectif est d’évidence défendable, mais on ne saurait se cacher la difficulté de la tâche, sauf effondrement rapide du régime de Tripoli. On ne peut donc considérer qu’avec gravité cette offensive où notre armée est engagée, un peu en avant-garde d’une force internationale. Il y a toujours des risques pour les militaires qui s’exposent au feu de l’ennemi. Et par ailleurs, il n’est pas forcément facile de distinguer les cibles de leur environnement civil. Déjà, la propagande du colonel dénonce des victimes civiles à la suite des premiers bombardements.
Les experts consultés présentent différent scénarios possible de la suite des opérations. En dehors d’un effondrement rapides déjà évoqués, plutôt improbable eu égard à la ténacité du chef libyen et de son entourage, certains envisagent trois hypothèses. La première aurait le mérite d’offrir la possibilité d’un armistice, dans le cas où Kadhafi décrèterait le cessez-le-feu et proposerait de négocier les conditions d’une transition politique. Mais en pareil cas, c’est une porte de sortie pour lui-même qu’il négocierait, car cette transition concernerait forcément ses adversaires politiques. Malheureusement, deux autres cas sont également envisageables, et ce serait une aggravation de la situation, avec l’exacerbation du conflit. On peut, en effet, penser à un enlisement, car le régime dispose de partisans, qui même, sans aviation, sont capables d’affronter les insurgés, lesquels sont souvent des amateurs en matière stratégique. Ou alors, pire encore, ce serait la guerre totale, Kadhafi voulant aller jusqu’au bout de l’affrontement, jusqu’à l’éradication de la rébellion. Ce n’est pas un homme seul, comme Ben Ali en Tunisie ou Moubarack en Égypte.
Enlisement ou guerre totale, expliquait Dominique Albertini dans le Journal du Dimanche, nous serions alors pris dans un engrenage à l’irakienne. Les Américains, qui ont déjà deux guerres sur les bras, en Irak et en Aghanistan, sont réticents à se lancer dans une troisième. Alors, nous autres Français, bons premiers dans cette aventure, avons à nous tourner vers le ciel, pour que le dénouement soit le plus rapide possible et le plus favorable à la paix.
Chronique lue le 21 mars sur Radio Notre-Dame
Pour aller plus loin :
- Sur le général de Castelnau et le Nord Aveyron.
- Édouard de Castelnau
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- SYRIE : ENTRE CONFLITS ARMES ET DIALOGUE INTERNE
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010