Le cri d’alarme des chrétiens d’Orient n’a jamais été aussi fort. Les persécutions et les attentats dont ils sont victimes les poussent plus que jamais à l’exode. Le risque de disparition des communautés chrétiennes du Moyen Orient est donc réel.
Nous ne pouvons rester inertes ni indifférents devant une telle perspective. Nous devons agir, à la fois à très court terme et pour assurer dans la durée la sécurité des chrétiens d’Orient.
A l’approche des fêtes de Noël, le risque de voir les chrétiens d’Orient devenir la cible d’attaques terroristes est élevé. En s’en prenant à des symboles, le terroriste sait qu’il assure à son acte la diffusion médiatique maximum. Cela s’est tristement vérifié lors de la fête de la Toussaint qui a vu la cathédrale de Bagdad être la cible d’une attaque sanglante qui a fait 58 morts et 67 blessés, parmi lesquels de nombreux enfants.
Pour éviter qu’un tel drame ne se reproduise, nous demandons au ministre des Affaires étrangères d’intervenir auprès des autorités des pays du Moyen Orient concernés, pour leur demander de prendre des mesures de sécurité toutes particulières autour des lieux fréquentés par les chrétiens pendant la période de Noël, afin que ce jour de fête ne devienne pas un nouveau jour de deuil.
Nous rappelons qu’il est dans la tradition diplomatique de la France de porter la voix des chrétiens d’Orient. La France, en raison de sa politique étrangère équilibrée, dispose d’une grande crédibilité dans cette région du monde et elle peut jouer un rôle majeur en faveur de la protection des minorités chrétiennes d’Orient. Elle peut et doit peser de toute son influence pour demander aux pays concernés d’être les garants du libre exercice du culte sur leur territoire et les protecteurs, face au sectarisme fanatique, des minorités religieuses menacées de disparition. En Irak, elle doit user vis-à-vis des autorités de la capacité d’influence que lui confère l’aide apportée à la formation des forces de sécurité.
Depuis 2007, la France a accueilli 1.300 chrétiens qui ont fui l’Irak. Cet accueil est nécessaire et il honore notre pays. Mais il est sans effet sur le processus d’épuration qui vise aujourd’hui les chrétiens d’Orient. Si rien n’est fait pour garantir sur place leur sécurité, leur exode risque de s’accélérer de manière dramatique.
Nous savons que le contexte politique et culturel de la région rend difficiles des solutions immédiates. Mais nous demandons au gouvernement, au-delà des mesures d’urgence que nous préconisons, d’agir avec détermination et fermeté auprès des instances internationales pour faire de la protection des minorités religieuses une priorité.
La France doit user de son influence pour que les pays dont la législation est inspirée de la charia reconnaissent le droit de chaque personne humaine à exercer sa liberté de conscience. Notre pays, qui s’est toujours donné pour mission la défense des droits fondamentaux, ne peut plus rester sourd devant les intimidations, les conversions forcées, les appels au meurtre, les enlèvements et les attentats qui rythment chaque jour la vie des chrétiens dans un nombre croissant de pays.
Il est important, enfin, que notre pays, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, prenne l’initiative d’un projet de résolution qui aille au-delà de la déclaration un peu pâle qui a été adoptée après l’attentat de la Toussaint à Bagdad, même s’il s’agit d’un pas dans la bonne direction. Il est essentiel que le Conseil de sécurité réaffirme solennellement le droit de toutes les minorités à pratiquer librement et en sécurité leur religion. Les chrétiens d’Orient doivent se voir reconnaître le droit de vivre en paix sur la terre où ils sont présents depuis les premiers siècles. Ils ne doivent plus être forcés de choisir entre la conversion, la mort ou l’exil.
Dans une région aussi sensible que le Proche et le Moyen Orient, personne n’a intérêt à voir disparaître les minorités religieuses, car elles sont des éléments irremplaçables d’équilibre social et des vecteurs de paix permanents. Œuvrer pour le maintien de leur présence, c’est œuvrer pour la paix. Notre diplomatie doit donc s’engager résolument en faveur de ce combat pour la liberté de conscience. En agissant ainsi, elle œuvrera efficacement en faveur de la paix dans tout le Moyen-Orient. A l’inverse, l’absence de réaction diplomatique suffisamment forte de la part de la France, serait immanquablement interprétée comme un encouragement au départ par des communautés qui sont aujourd’hui menacées d’élimination.
Sont signataires de cet appel : (liste non définitive à jour du 6 janvier 2011)
Dominique SOUCHET, député
Damien ABAD, député européen
Nicole AMELINE, député
Jean ARTHUIS, sénateur
Pierre-Christophe BAGUET, député
Brigitte BARÈGES, député
Christophe BÉCHU, député européen
Michel BÉCOT, sénateur
Marc BERNIER, député
Véronique BESSE, député
Jean-Marie BINETRUY, député
Roland BLUM, député
Jean-Marie BOCKEL, sénateur
Claude BODIN, député
Gilles BOURDOULEIX,député
Bruno BOURG-BROC, député
Loïc BOUVARD, député
Valérie BOYER, député
François BRANGET, député
Patrice CALMÉJANE, député
Bernard CARAYON, député
Hervé de CHARETTE, député
Jérôme CHARTIER, député
Jean-François CHOSSY, député
Dino CINERI, député
Charles de COURSON, député
Alain COUSIN, député
Michel DANTIN, député européen
Philippe DARNICHE, sénateur
Olivier DASSAULT, député
Bernard DEBRÉ, député
Jean-Pierre DECOOL, député
Robert DEL PICCHIA, sénateur
Bernard DEPIERRE, député
Sylvie DESMARESCAUX, sénateur
Nicolas DHUICQ, député
Jean DIONIS DU SÉJOUR, député
Jacques DOMERGUE, député
David DOUILLET, député
Bernadette DUPONT, sénateur
Yannick FAVENNEC, député
Jean-Michel FERRAND, député
André FLAJOLET, député
Marie-Louise FORT, député
Jean-Paul GARRAUD, député
Joëlle GARRIAUD-MAYLAM, sénateur
Jean-Claude GAUDIN, sénateur
Gérard GAUDRON, député
Gisèle GAUTIER, sénateur
Bernard GÉRARD, député
André GÉRIN, député
Franck GILARD, député
Philippe GOSSELIN, député
Michel GRALL, député
Anne GROMMERCH, député
Jacques GROSPERRIN, député
Françoise GROSSETÊTE, député européen
Jean-Claude GUIBAL, député
Michel HERBILLON, député
Françoise HOSTALIER, député
Jean-Jacques HYEST, sénateur
Marie-Thérèse HERMANGE, sénateur
Denis JACQUAT, député
Didier JULIA, député
Philippe JUVIN, député européen
Alain LAMASSOURE, député européen
André LARDEUX, sénateur
Laure de LA RAUDIÈRE, député
Jean LASSALLE, député
Thierry LAZARO, député
Marc LE FUR, député
Constance LE GRIP, député européen
Michel LEJEUNE, député
Gérard LONGUET, sénateur
Gérard LORGEOUX, député
Roland du LUART, sénateur
Lionnel LUCA, député
Hervé MARITON, député
Muriel MARLAND-MILITELLO, député
Patrice MARTIN-LALANDE, député
Jean-François MAYET, sénateur
Christian MÉNARD, député
Philippe MEUNIER, député
Damien MESLOT, député
Jean-Claude MIGNON, député
Hervé MORIN, député
Catherine MORIN-DESAILLY, sénateur
Alain MOYNE-BRESSAND, député
Jacques MYARD, député
Jean-Marc NESME, député
Françoise de PANAFIEU, député
Yanick PATERNOTTE, député
Anne-Marie PAYET, sénateur
Nicolas PERRUCHOT, député
Etienne PINTE, député
Henri PLAGNOL, député
Axel PONIATOWSKI, député
Hugues PORTELLI, sénateur
Yves POZZO DI BORGO, sénateur
Jacques REMILLER, député
Bruno RETAILLEAU, sénateur
Charles REVET, sénateur
Arnaud ROBINET, député
Fernand SIRÉ, député
Catherine SOULLIE, député européen
Guy TEISSIER, député
Michel TERROT, député
Dominique TIAN, député
Christian VANNESTE, député
Patrice VERCHÈRE, député
Jean-Pierre VIAL, sénateur
Philippe VIGIER, député
Philippe de VILLIERS, député européen
Philippe VITEL, député
Marie-Jo ZIMMERMANN, député
Chrétiens d’Orient :
Dominique SOUCHET demande un investissement ferme et permanent de la diplomatie française
L’horrible attentat de masse d’Alexandrie est venu illustrer dramatiquement les craintes que nous exprimions dans l’appel lancé juste avant Noël, à mon initiative, par plus de 100 parlementaires français, appelant notre diplomatie à être la voix des chrétiens d’Orient persécutés.
Cet attentat confirme que nous sommes en présence d’une stratégie délibérée qui vise à déstabiliser les communautés chrétiennes du Moyen-Orient, ainsi que les Etats dont elles constituent la composante originelle. Face à ce mouvement de fond, la France doit faire preuve d’une volonté politique forte et continue.
Son message doit rappeler fermement que la vocation d’un Etat est de protéger la vie de l’ensemble de ses citoyens et d’assurer la sécurité de toutes les composantes de sa population.
Comme défenseur traditionnel des droits fondamentaux et dans l’esprit de la laïcité positive chère au Président de la République, la France doit monter au créneau pour défendre avec vigueur le droit fondamental de pratiquer librement sa foi. Elle ne saurait accepter que les grandes fêtes religieuses deviennent au Moyen-Orient synonyme de massacres systématiques.
Il faut maintenant aller au delà du symbolique. Les messages de condamnation et de condoléances ne suffisent plus.
L’indispensable protection des communautés chrétiennes d’Orient est un point qui doit désormais figurer obligatoirement sur l’agenda de toutes les rencontres politiques à haut niveau entre les dirigeants français et leurs homologues du Proche et du Moyen-Orient. Ces derniers doivent comprendre que le libre exercice de sa religion sans avoir à craindre pour sa sécurité n’est pas pour la diplomatie française une question annexe ou accessoire, mais une préoccupation permanente. La France doit en particulier marquer son souci de voir les lieux de culte convenablement protégés et les auteurs des attentats ne pas rester impunis. Rien ne serait pire que de laisser se développer un climat d’impunité envers les agresseurs des chrétiens.
Dominique SOUCHET entend, avec les signataires de l’appel, maintenir la pression sur les dirigeants français pour qu’ils agissent sur le long terme, avec détermination et fermeté, auprès des instances internationales pour faire de la protection des minorités religieuses une priorité. Il demande que la France, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, prenne d’urgence l’initiative d’un projet de résolution réaffirmant solennellement le droit de toutes les minorités à pratiquer librement et en sécurité leur religion.
Dominique SOUCHET
Député du Mouvement pour la France
Membre de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale