La force injuste de la loi - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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La force injuste de la loi

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Aucune surprise n’était permise. L’Assemblée nationale a voté la loi Taubira, conformément à la loi des majorités, les majorités faisant la loi. Ce qui ne signifie pas que la loi votée soit forcément juste et en accord avec les règles profondes de la conscience. C’est le président François Mitterrand qui osait parler de « la force injuste de la loi », sans provoquer de contestation parce que l’on sait que le ressort véritable des régimes de droit – et la démocratie s’honore d’être un tel régime – est le respect le plus rigoureux de la liberté intérieure. Ce qui peut se traduire par le terme d’objection de conscience. La définition la plus simple du totalitarisme, c’est le déni de l’objection de conscience, qui envoie les hommes et les femmes de conviction dans les camps de redressement mental.

Je dis cela tout simplement pour signifier que la loi de Mme Taubira, que le président François Hollande avait inscrite dans son programme, a bel et bien été votée par une majorité parlementaire, mais que les hommes et les femmes libres sont en droit de la refuser en conscience, dans l’attente d’une majorité alternative qui changerait la donne légale. On a entendu hier l’affirmation réitérée d’une sorte d’évolution inéluctable qui faisait qu’il était strictement impossible de revenir sur les lois sociétales, une fois qu’elles étaient rentrées dans le droit. Cela m’a rappelé ce que m’avait dit un des intellectuels les plus notables de notre pays, théoricien extrêmement érudit du libéralisme politique : « Qu’on le veuille ou non, on n’arrivera jamais à obtenir un consensus sur la question de l’avortement. Elle engage trop profondément les consciences pour être définitivement arbitrée par le suffrage. » On l’a bien vu aux États-Unis où les sondages n’ont cessé d’osciller à ce propos et où l’on a assisté à de spectaculaires ralliements, de la part des partisans les plus passionnés de la libéralisation, au camp de la défense de la vie. C’est dire que dans nos régimes d’opinion rien n’est jamais fixé définitivement.

Je pense au contraire que l’étonnante mobilisation qui s’est produite pour défendre la famille, fondée sur la bipolarité des sexes, va se poursuivre dans un élan que rien n’arrêtera et qui débouchera sur un avenir ouvert aux vraies promesses.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 24 avril 2013.