C’est un fait : les familles et le peuple français tout entier, chacun peut le constater, souffrent depuis des décennies de l’éclatement des repères, de la manipulation du vivant et de la dislocation des familles provoquée par l’individualisme. Et dont les enfants, les générations futures, sont les premières victimes.
Face à cela, il ne s’agit pas de condamner ce monde tel qu’il est, mais de l’aimer en vérité. Ainsi, l’opposition au projet de loi bioéthique n’est pas une mobilisation contre les personnes homosexuelles, mais pour la famille, cellule fondamentale de la société. Socle, avec la foi catholique, sur lequel s’est édifié notre pays, et sans lequel l’unité et la paix sociale risqueraient d’être mis à mal, à plus ou moins brève échéance.
Mais pour redonner une espérance aux familles de France, cette mobilisation, pour être véritablement efficace, doit être portée d’abord au plus profond, à la racine de toutes choses créées : c’est-à-dire au niveau spirituel. En Dieu.
Il y a cent ans, le général de Castelnau, fondateur de France Catholique, écrivait déjà : « La solution du problème angoissant de la famille, de la natalité doit être cherchée à l’origine, non pas dans la subtilité d’une mesure économique ou d’une disposition législative […]. » Mais plutôt « dans un idéal moral et surnaturel de foi, d’espérance et de générosité ».
Le vrai guide de l’action
Ainsi, ce n’est pas la recherche d’efficacité à court terme, même si elle n’est pas forcément à négliger, qui doit guider l’action. Car alors ce serait s’en tenir à une vision par trop horizontale de la politique, fondée sur une conception matérialiste de l’homme et de sa dignité. Sans compter que sur ces sujets, le rapport de forces s’est souvent montré par trop inégal pour les catholiques, depuis une cinquantaine d’années.
Faut-il également le rappeler ? L’objet n’est pas d’instaurer le royaume céleste sur cette terre, mais au contraire de tendre vers notre fin dernière, à travers les aléas de cette vie et l’inévitable adversité.
Cela ne veut pas dire non plus que le combat doit être désincarné, indifférent aux réalités de ce monde, comme si nous étions de purs esprits. Mais à trop oublier qu’il existe une autre réalité – le monde invisible, celui des saints et des anges – nous en sommes venus à ne plus croire en l’action de la Providence, c’est-à-dire en l’action concrète et puissante de Dieu dans notre monde, pour peu qu’on accepte de se remettre entre ses mains avec confiance. La grande prière d’intercession du Vendredi saint en est un bon exemple.
C’est cette conviction seule qui peut donner sens à nos combats temporels. Combats qui au demeurant, commencent par nous-mêmes. Comme le disait l’abbé Gaston Courtois, ce qui importe avant tout, c’est « la multiplication d’âmes droites et simples », qui s’efforcent de réaliser la volonté divine dans toute leur vie, manifestant ainsi sans bruit et attirant vers Dieu tous ceux qui les rencontrent. Là résidait pour lui le véritable apostolat… Notre propre conversion en somme.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI
- 3 - Aimer Dieu
- SYRIE : ENTRE CONFLITS ARMES ET DIALOGUE INTERNE
- Quand le virtuel se rebelle contre le réel, l’irrationnel détruit l’humanité