La foi réactivée - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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La foi réactivée

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L’ensemble du Carême anticipe la profession de foi de Pâques. Ceux qui vont être baptisés feront cette profession pour la première foi et les baptisés renouvelleront la leur. C’est pour cela que l’Église nous propose tout au long du Carême des passages de l’Évangile sur le thème de la foi.

Durant les cinq semaines qui viennent de s’écouler, nous avons révisé les leçons. Jésus est transfiguré devant les Apôtres pour confirmer dans leur esprit ce qu’ils savent déjà par la foi. Par sa conversation bienveillante avec la Samaritaine, Jésus l’amène à le reconnaître comme le Christ : « Je le suis, moi qui te parle ». De même, il conduit l’aveugle-né de l’obscurité de l’ignorance à la lumière de la foi. Ce choix de lectures est prévu pour approfondir notre foi afin que nous puissions plus fermement renouveler nos promesses baptismales à Pâques.

Aujourd’hui, nous avons la dernière leçon de foi avant la Semaine Sainte. Le récit de la résurrection de Lazare (Jean 11/1-45) met devant nous le plus grand miracle de Jésus, son dernier « signe » dans l’Évangile de Jean. Du début à la fin, c’est une histoire de foi. Et l’héroïne de la scène est Marthe, la sœur anxieuse et autoritaire de la calme et contemplative Marie. En Marthe, nous nous voyons tels que nous sommes et tels que nous devrions être.

Dès le départ, nous sentons que Jésus veut augmenter la foi de Marthe et Marie. Jean l’Évangéliste nous dit que « Jésus aimait Marthe, ainsi que sa sœur et Lazare ». Ensuite il déclare, comme si cela en découlait logiquement : « alors, apprenant qu’il était malade, il resta encore deux jours là où il se trouvait ». Qu’est-ce qui explique ce délai ?

Ce n’est pas que notre Seigneur est sans cœur ou indifférent envers le pauvre Lazare. C’est plutôt qu’il permet cette grande affliction pour ceux qu’il aime tant afin de les conduire à un plus grand acte de foi. Il permet à la situation d’aller au-delà de ce qui est simple espoir humain. Il permet qu’elle devienne sans espoir. Il retarde sa réponse pour leur donner l’opportunité d’approfondir leur foi.

Pourquoi ne répond-il pas ? Nous pouvons imaginer Martha se poser cette question quand Jésus n’arrive pas immédiatement. C’est une question que nous posons quand nos prières restent apparemment sans réponse. Combien de temps, ô Seigneur ? Donc, ce passage nous donne une leçon sur la foi nécessaire pour la prière d’intercession. Nous ne devons pas abandonner la prière quand nous ne voyons pas des résultats immédiats ou quand les choses semblent empirer. Notre foi grandit quand nous attendons le Seigneur. Ou mieux, quand notre Seigneur nous fait attendre, c’est pour augmenter notre foi.

Marthe sort à la rencontre de Jésus quand il finit par arriver. Ses paroles témoignent d’une confiance extraordinaire. Elle commence par une profession de foi (qui est également un léger reproche) concernant le passé : « Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort ». Mais elle poursuit immédiatement avec une profession de foi sur ce qui est possible à présent : « mais même maintenant, je sais que quoi que tu demandes à Dieu, Dieu te l’accordera ». Une façon de dire «  je te faisais confiance alors… et je te fais toujours confiance. Pas même la mort ne peut briser cette confiance. Malgré la mort de Lazare et l’apparente inutilité de ses prières, elle persévère dans la foi.

Mais Jésus désire une foi plus grande encore. Il est comme un entraîneur obtenant des performances toujours meilleures de ses athlètes. Il affirme carrément à Marthe : « je suis la résurrection et la vie, quiconque croit en moi, même s’il meurt, vivra, et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais ». Et ensuite : « crois-tu cela ? »

Cette question va de pair avec celle posée à Pierre à Césarée de Philippe : « vous, qui dites-vous que je suis ? » De fait, Marthe et Pierre partagent une ressemblance frappante : déterminés, un peu autoritaires, suivant parfois leur propre chemin… mais pleins de foi. Vous saisissez que Jésus a une affection similaire pour chacun des deux. Sans surprise, Marthe – comme Pierre – répond hardiment : « oui, Seigneur, j’en suis venue à croire que tu es le Christ, le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde ».

Une épreuve demeure, et c’est la plus extrême. « Où l’avez-vous mis ? » demande Jésus. Il veut que la foi de Marthe soit mise à l’épreuve dans une condition extrême – auprès de la tombe, face au néant. Martha faiblit un peu et cherche à empêcher le miracle : « Seigneur, il y aura une puanteur ; il est mort depuis quatre jours ». Alors Jésus rabroue Marthe, comme il l’a fait pour Pierre : « ne t’ai-je pas dit que si tu crois tu verras la gloire de Dieu ? » Peux-tu croire face à la mort ? Feras-tu confiance seulement quand c’est le plus facile, ou également dans les moments les plus sombres ? Peux-tu croire et faire confiance dans les temps les plus dénués de vie ?

À cette parole, Marthe cède. Sa confiance est récompensée : Lazare est ressuscité.

Nous pourrions nous satisfaire d’une foi superficielle. Pas Dieu. Nous pourrions mettre des limites à notre foi – sur sa profondeur, sa durée, selon les situations… Mais Dieu n’a pas mis de limite. Il continue de nous travailler pour augmenter notre foi. De fait, il n’est pas satisfait tant que notre foi n’est pas entière, pénétrant toute notre vie, atteignant jusqu’à la tombe. Il permet même des épreuves et des souffrances, comme la mort d’un être cher, pour procurer de plus grandes occasions de croire. Et si nous persévérons comme l’a fait Marthe, nous serons récompensés comme elle l’a été.