« La Fille du régiment », Cocorico ! - France Catholique
Edit Template
Marie dans le plan de Dieu
Edit Template

« La Fille du régiment », Cocorico !

Écrit en 1840 par Gaetano Donizetti, cet opéra-comique est donné à Bastille dans la distribution qui a déjà fait son succès sur les grandes scènes internationales associées : Nathalie Dessay en jeune vivandière et le ténor Juan Diego Florez en Autrichien transi d'amour. Un opéra talentueux, poilant et poilu !
Copier le lien
Le livret d’origine raconte l’improbable histoire d’une petite fille restée orpheline d’un père grognard de l’armée napoléonienne. Adoptée par la totalité du régiment, elle a autant de « pères » que de prétendants, tous émules d’Arnolphe élevant Agnès de l’école des femmes de Molière dans l’espoir de faire d’elle un jour l’épouse idéale. En ces temps de débat sur « le mariage pour tous » fondé sur la seule subjectivité de l’amour et non sur l’objectivité de la différence sexuelle, l’argument n’est pas sans surprendre par son actualité… La mise en scène et les costumes de Laurent Pelly et les décors de Chantal Thomas offrent une version décalée et cocardière de cette œuvre qui doit beaucoup au génie mélodique de Donizetti lequel sait à l’envi, être primesautier, martial, agreste ou émouvant. Transposant le livret pour revêtir le régiment des uniformes « bleu horizon » de la Grande Guerre, les deux créateurs ont imaginé une Marie vêtue d’un marcel blanc et d’une culotte à bretelles de l’azur-passé des anciennes cartes postales évoquant les amours platoniques des Poilus et de leurs accortes marraines de guerre ! Nathalie Dessay, ainsi affublée, campe un petit soldat garçon manqué, drôle comme un pantin dont le père ne serait pas Geppetto mais Charlie Chaplin ! Sa virtuosité vocale ne cède en rien à la vivacité de son jeu qui sait nous faire passer du rire aux larmes. Encore une fois, Dessay ne déçoit pas ! Même quand l’accessoiriste lui met en main un vieux Calor au lieu d’un de ces vieux fers en fonte noire de nos grands-mères ! Dans l’univers montagneux d’une Autriche figurée par des cartes géantes d’état-major, l’apparition de Tonio, en culottes de peau et gilet jacquard, ne laisse pas d’ajouter au comique. Juan Diego Florez, qui endosse le rôle du jeune premier, en a toutes les caractéristiques : grand et bel homme, c’est un ténor au talent vocal exceptionnel. Colombien d’origine, il provoque des applaudissements nourris à chacun de ses solos ! Sur ses notes himalayennes, le jeu se fige et la salle exulte ! D’autant que, pour obtenir la main de Marie qu’il a précédemment sauvée du gouffre d’un précipice, il n’hésite pas, tout « ennemi »  qu’il est, à s’enrôler dans le 21e régiment ! « Il me faudrait cesser de vivre, chante-t-il à fendre l’âme, s’il me fallait cesser d’aimer ! » Bien entendu il y a du second degré dans cette adaptation qui exalte le courage des poilus, leur esprit cocardier et l’amour de Marie pour la France qui lui fait préférer le régiment qui l’a adoptée au rang et aux richesses qui ont fait d’elle par sa naissance une aristocrate autrichienne. Mais il y a de la fierté à voir tant de talents s’unir et faire le tour du monde pour exalter une France généreuse et soudée — plutôt que solidaire —, héroïque et bien dans ses bottes ! Le rideau se lève sur une supplique à la vierge Marie et tombe sur un joyeux cocorico… À Bastille ! Elle fait réveiller, la fille du régiment !