Ce qui frappe à la lecture de la correspondance de Thérèse de l’Enfant-Jésus, c’est la maturité. En lisant certaines lettres, le lecteur se prend à vérifier la date et à calculer l’âge de celle qui écrit. Il s’aperçoit alors que le ton d’autorité utilisé et la sagesse du conseil viennent d’une enfant de 17 ou 18 ans.
Thérèse disait qu’elle était entrée au carmel « sans aucune illusion ». Elle est entrée en religion à 15 ans, avec permission spéciale du pape qu’elle était allée solliciter personnellement à Rome, effectivement sans aucune illusion sur l’état de l’Église, les faiblesses du clergé, les divisions entre chrétiens.
La même vivacité chez Jeanne et Thérèse
Elle manifeste dans son comportement un caractère dont les traits se rapprochent beaucoup de ceux de Jeanne d’Arc qu’elle vénérait particulièrement, bien avant que la Pucelle fût déclarée bienheureuse, et de ceux de Bernadette de Lourdes. Toutes les trois ont la même vivacité, la même sagesse et le même sourire pour imposer, doucement mais certainement, ce qu’elles ont reçu mission de faire.
Rien d’étonnant, donc, à ce que Thérèse ait été déclarée patronne secondaire de la France à l’égal de Jeanne d’Arc puisqu’elle avait un sens très aigu de ce qui faisait le fondement du royaume de France, à savoir la famille. Quand elle appelait Louis Martin, son père, « mon roi », ce n’était pas une exagération mais une réalité car, dans le saint royaume de France, chaque père de famille est roi.
Une plaisanterie ancienne veut qu’en démocratie nous soyons tous égaux mais qu’il y en ait certains qui soient un peu plus égaux que les autres et qui, par le fait, profitent du système, vivant largement sur les contributions qui sont exigées de tout le peuple. Dans le système royal, tout le monde est roi. Il y en a juste un qui est un peu plus roi que les autres, mais la différence entre lui et les autres n’est pas de nature mais de simple degré, car tous ont le même souci qui est l’éducation des enfants et la transmission de l’héritage.
« J’aime la France, ma patrie »
Thérèse, qui avait écrit une pièce de théâtre pour le carmel sur Jeanne d’Arc, dans laquelle elle jouait Jeanne, mettait ces vers dans la bouche de l’héroïne :
Je veux lui conserver la Foi.
Je lui sacrifierai ma vie
Et je combattrai pour mon Roi. (…)
Non, je ne crains pas de mourir
C’est l’Éternité que j’espère ! »
Faisant parler Jeanne, elle parlait elle-même.
Saint Pie X affirmait qu’elle était la plus grande sainte des temps modernes. Sa simplicité et sa fermeté sont les sources modernes d’une espérance toujours renouvelée.
Pour aller plus loin :
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- Édouard de Castelnau
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- La paternité-maternité spirituelle en vie monastique est-elle menacée en Occident ?
- Sur le général de Castelnau et le Nord Aveyron.