La faim - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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La faim

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Des sujets abordés par le Saint-Père la faim est presque en tête de liste. S’adressant à Caritas International, il dit : « Nous sommes confrontés à un scandale global, environ un milliard — un milliard de personnes souffrant de la faim de nos jours. Nous ne pouvons tourner la tête et prétendre que ce n’est pas vrai.» (L’Osservatore Romano – 13 décembre).

Le gaspillage est une cause essentielle de cette faim. Le jour de la Faim dans le Monde le pape écrivait à Jose Graziano da Silva : « Les chiffres publiés par la FAO révèlent qu’environ un tiers de la production mondiale de nourriture n’est pas utilisable en raison de grandes pertes et de gaspillage.»

Quand on discute de pauvreté et de faim, deux attitudes existent pour évaluer l’évidence, elle-même controversée. D’un côté on commence à parler de ce qui a été accompli pour que les choses avancent. De l’autre côté, on insiste sur ce qui reste à faire. Même si le chiffre de un milliard est exact, nous pourrions bien nous étonner de voir qu’au moins six milliards d’humains ne souffrent pas de la faim. Plus surprenant encore est le rythme, au cours de ces dernières décennies, de réduction de la pauvreté et de la faim. Il y a bien nombre d’écologistes à croire que la planète a dépassé sa capacité. Ils prétendent qu’il faut réduire la population mondiale de plusieurs milliards — pour que nul ne meure plus de faim.

Le chiffre de un milliard de pesonnes souffrant de la faim provient de statistiques internationales généralement admises. Selon le Service d’Information sur la Faim dans le Monde : « La FAO (ONU) estime que près de 870 millions de personnes, dans une population mondiale de 7,1 milliards d’humains, soit une sur huit, souffraient de sous-alimentation en 2010 – 2012. Presque tous les gens sous-alimentés, 852 millions, vivent dans des pays en voie de développement, 15% de la population de ces pays. Il y a 16 millions de personnes sous-alimentées sur 6 milliards d’habitants dans les pays développés.» Il faut garder à l’esprit la distinction entre famine et sous-alimentation, ces deux catégories étant généralement prises ensemble dans le calcul du nombre de personnes souffrant de la faim.

Le pape lui-même reconnaît que la seule bonne solution à la faim réside dans une économie productive où chacun peut gagner sa vie sans avoir à dépendre d’aide extérieure. En fait, de nombreux organismes s’efforcent déjà de procurer de la nourriture à ceux qui en ont besoin. Beaucoup de cette nourriture pour affamés provient de surplus ou de déchets. Cependant l’idée de transporter de la nourriture gaspillée vers ceux qui en ont besoin néglige le côté pratique et la dépense de ce qu’on pourrait faire, si c’est seulement une bonne idée.

Premièrement, la nourriture au rebut l’est selon la loi. Si on procure une telle nourriture en surplus pour intoxiquer le destinataire, on est bien responsable. Dans un monde idéal où chacun serait convenablement nourri, il y aurait encore à peu près la même proportion de perte qu’actuellement.

La plupart de ce gâchis n’est pas réutilisable et n’est pas en soi le résultat d’efforts pour fournir à tout le monde une nourriture convenable. Une économie sans déchets est généralement une économie de famine.

Le monde peut, en fait, alimenter chacun. Une grande part de sa capacité nourricière dépend de la science, amélioration du rendement des céréales, utilisation convenable des ressources en eau, efficacité des réseaux de distribution. Environ 40% de la récolte de maïs aux USA part sous forme d’éthanol, et non de nourriture ; ce qui est largement dû à notre négligence pour mettre en valeur nos abondants gisements de pétrole. Pauvreté et faim sont en majorité présentes dans les pays en voie de développement.

Pourquoi ? En grande partie à cause de défaillances, de corruption au sein des gouvernements, et en raison de croyances ou coutumes locales. (l’état endémique de guerre joue aussi son rôle). De fait, faim et pauvreté ne sont pas des phénomènes « naturels » dans un monde où on sait comment ne pas être pauvre.

Comme le pointe le Service Éducatif contre la Faim dans le Monde :

« La principale cause sous-jacente de faim et de pauvreté réside dans les systèmes économiques et politiques dans le monde. Pour l’essentiel, le contrôle des ressources et des revenus est fondé sur des pouvoirs militaires, économiques et politiques aboutissant entre les mains d’une minorité qui vit à l’aise tandis que la base survit difficilement — ou même pas du tout. »

Si ces remarques sont plausibles, alors la faim et la famine ne sont pas le fait de pays riches qui s’emparent des ressources au détriment des pauvres. Dans la pratique l’aide alimentaire provient de pays riches. Mais ce qu’il faudrait, c’est le changement de régimes, de coutumes, de philosophie économique ; on verra alors que parler de famine ou de gaspillage ne changera pratiquement rien. S’il faut changer le régime politique, cessons de parler de faim et de famine.

Le pape semble l’avoir compris. Il veut des actes. La meilleure approche devant la faim n’est pas de se pencher sur les affamés, mais sur les méthodes qui font disparaître la faim. Ce n’est pas d’abord par l’exploitation, mais par la productivité. Si nous ne retenons pas cette leçon, il y aura encore beaucoup d’affamés, quelles que soient nos bonnes intentions.

Source : On Hunger

Photo : Enfants en Somalie