Bien au-delà du seul François Fillon qui a dénoncé l’autre soir nommément un « cabinet noir » de François Hollande, c’est désormais l’ensemble des représentants parlementaires officiels du parti Les Républicains qui adresse une dénonciation de faits délictueux auprès du procureur de la République de Paris et de la patronne du Parquet national financier… Ceci au titre de l’article 40 du Code de procédure pénale qui engage toute autorité constituée à donner avis d’infraction connue. Cette démarche fait suite aux révélations publiées jeudi dernier dans le livre de trois journalistes « Bienvenue Place Beauvau »sur les manœuvres effectuées en coulisses par le régime Hollande contre des personnalités politiques jugées gênantes. En particulier contre François Fillon, candidat de l’opposition libérale aux élections présidentielles. Mais aussi, en son temps, dans une certaine mesure, contre Manuel Valls, l’ancien Premier ministre de cet étrange Etat-PS…
Les auteurs de cette démarche sont le président de la Commission des lois du Sénat Philippe Bas, le président du groupe LR au Sénat Bruno Retailleau, le président du groupe LR à l’Assemblée nationale Christian Jacob, la présidente de la Région Ile-de-France Valérie Pécresse, la présidente du groupe d’opposition LR au Conseil de Paris Nathalie Kosciuszko-Morizet et le porte-parole de François Fillon, Luc Châtel. Les infractions qu’ils dénoncent ne sont pas minces : association de malfaiteurs, corruption, corruption des autorités judiciaires, trafic d’influence, atteinte à la vie privée, atteinte au secret des correspondances, abus d’autorité, complicité de fraude fiscale, violation du secret professionnel, violation du secret de l’enquête.
De son côté, l’ancien ministre François Baroin, sénateur-maire de Troyes, a évoqué la mise en place prochaine d’une commission d’enquête parlementaire, en soulevant « des interrogations sérieuses sur toute une série de torsions sur le plan juridique, de principes essentiels qui touchent aux libertés fondamentales, et des interrogations lourdes sur l’atteinte au secret de l’enquête préliminaire » concernant François Fillon.
La crise politique qui a éclaté à l’occasion de cette campagne présidentielle peu ordinaire a pris une ampleur sans précédent, probablement depuis le début de l’histoire de la Vème République. Après cela, il ne sera pas dit que le passage de M. Hollande à l’Elysée n’aura pas été une étape marquante. Dans les esprits, sinon dans les faits.
Denis LENSEL
NB Texte de l’article 40 du Code de procédure pénale : Le procureur de la République reçoit les plaintes et les dénonciations et apprécie la suite à leur donner conformément aux dispositions de l’article 40-1. – Toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis sans délai au procureur de la République et de transmettre à ce magistrat tous les renseignements, procès-verbaux et actes qui y sont relatifs.