Le rapport que le Secours catholique a publié sur la pauvreté en France fait des vagues. Il faut s’en féliciter, puisque ce type de document est fait pour éveiller les consciences. La crise économique et financière que nous vivons depuis plusieurs années avec des politiques, qui tentent de la juguler, a des effets qui ne se calculent pas seulement en termes comptables. C’est-à-dire en évaluation de la dette publique et du déficit budgétaire. Elle se traduit par un appauvrissement des populations, qui atteint un degré que nous ne soupçonnons pas toujours. Ainsi en va-t-il de la Grèce, dont on nous parle bien sûr en nous montrant des manifestations au journal télévisé. Mais les mesures draconiennes exigées par l’Union européenne et le FMI transforment radicalement la vie quotidienne des familles et des individus. Il faut bien comprendre que ce pays est en situation de guerre, que les revenus y ont diminué de 30 à 50% en deux ans. C’est un cataclysme social. Une partie de la classe moyenne a disparu. Le petit commerce est en train de mourir.
Nous n’en sommes pas là encore en France. Mais le Secours catholique atteste que le nombre de personnes sous le seuil de pauvreté augmente d’année en année. Je sais bien que l’on discute le mode de calcul de ce seuil de pauvreté et que les statistiques de l’INSEE sont parfois contestées. Mais justement, un organisme comme le Secours catholique est à même d’apprécier la détresse des conditions de façon tout à fait concrète. Lorsque les gens ont de plus en plus de difficultés à se nourrir, lorsqu’ils ne peuvent plus payer leur loyer, leur note d’électricité et de gaz, c’est bien qu’ils sont démunis et de plus en plus fragiles.
On me dira que certes tout cela est incontestable, mais que la situation ne s’améliorera pas si on fait peser sur l’économie un assistanat qui grève les finances publiques et qui, par ailleurs, ne rend pas service aux assistés, incapables de prendre leur sort en main. Cela est sans doute vrai. Mais en période difficile, il faut bien prendre des moyens d’urgence, en attendant que l’expansion reprenne pour donner à chacun un rôle social conforme à sa dignité et aux familles la fierté d’une autonomie retrouvée.