La démocratie et l’islam - France Catholique
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Pontificat de François - numéro spécial
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La démocratie et l’islam

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Si islam et démocratie peuvent aller de pair et si les révolutions actuelles du monde arabe font rêver, il convient de demeurer prudent dans l’analyse. Se pose en particulier la question de l’acceptation des minorités non musulmanes en terre d’islam, essentiellement les chrétiens. Celle-ci se double, d’ailleurs, de la reconnaissance donnée ou pas aux musulmans n’appartenant pas à la branche prédominant dans le pays : chiites chez les sunnites et sunnites chez les chiites. Il convient également de ne pas oublier les cas particuliers, quoique très différents, des wahhabites au pouvoir en Arabie saoudite et des alaouites en Syrie, ainsi que, éparpillés un peu partout, des Frères musulmans et des salafistes, dont les fameux talibans.

La problématique principale est examinée par la sociologue marocaine Fatema Mernissi dans Islam et démocratie (Paris, Albin Michel, 2010, 334 pages) : pour elle il n’y a pas d’incompatibilité ontologique, mais les difficultés viennent des représentations que le monde arabe se fait des conceptions occidentales.

De son côté, le juriste tunisien Yadh Ben Achour, dans La deuxième Fâtiha. L’islam et la pensée des droits de l’homme (Paris, Puf, 2011, 198 pages), se montre convaincu qu’on peut tirer du Coran autre chose qu’une confusion entre le religieux et le politique.

De même, Rachid Benzine, qui appartient au monde des intellectuels musulmans soucieux de modernité, montre qui sont Les nouveaux penseurs de l’islam (Paris, Albin Michel, 2008, 302 pages), porteurs de débats et d’interrogations.

Ces réflexions critiques sont mises en avant par Abdelmajid Charfi dans La pensée islamique, rupture et fidélité (Paris, Albin Michel, 2008, 256 pages), qui répertorie des regards inattendus, y compris sur les autres religions.

D’une manière concrète, Moïse Rahmani se penche sur les Juifs en terre d’islam. Une communauté opprimée (Bruxelles, Éditions de l’Institut sépharade européen, 2010, 310 pages), en un véritable tour du monde de la dhimmitude.

Au niveau des idées, l’universitaire Daniel Pipes, tout en montrant L’islam radical. À la conquête du monde (Turquant, Cheminements, 2008, 360 pages), se garde de confondre la majorité musulmane avec les intégristes terroristes.

De même, Joseph Yacoub se montre assez optimiste en examinant Fièvre démocratique et ferveur fondamentaliste. Dominantes du XXIe siècle (Paris, Cerf, 2008, 224 pages) car il croit que la première doit se nourrir d’identités concrètes sous peine d’apparaître impérialiste et irrespectueuse.

Cela n’empêche pas Christophe Geffroy et Annie Laurent de faire part de leur inquiétude : L’islam, un danger pour l’Europe ? Enquête (Feucherolles, La Nef, 2009, 160 pages), reposant sur de multiples interviews.

D’une manière plus posée mais également très réaliste, le P. Samir Khalil Samir brosse le tableau de l’Islam en Occident (Saint-Maurice, Éditions Saint-Augustin, 2009, 240 pages).

Quant aux sociologues Dounia et Lylia Bouzar, elles affirment l’obligation de choisir La République ou la burqa. Les services publics face à l’islam manipulé (Paris, Albin Michel, 2010, 204 pages).

Et leur collègue Jean-François Bayart n’a pas de mal à décrire la diversité de L’islam républicain. Ankara, Téhéran, Dakar (Paris, Albin Michel, 2010, 432 pages).