La Dame de fer pour l'éternité - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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La Dame de fer pour l’éternité

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La disparition de la « Dame de fer » ne nous permettra même pas d’ouvrir un bref entracte pour mettre entre parenthèses nos soucis du jour. Lorsque Jean-Luc Mélenchon se permet de la convoquer en enfer, c’est pour asséner sa conviction anti-libérale tout à fait actuelle. L’ancien Premier ministre de Sa Majesté n’est que le prototype d’une sorte de dirigeant détesté, et le fait qu’elle soit une femme ajoute une touche supplémentaire de cruauté au tableau. François Mitterrand n’avait-il pas eu cette formule, qui a été beaucoup reprise, y compris par Meryl Streep qui a incarné Margaret Thatcher au cinéma : « Elle avait les yeux de Caligula et la bouche de Marilyn Monroe. »

Pierre Mauroy, qui eut à négocier avec elle le grand projet du tunnel sous la Manche est plus aimable pour Maggie, mais on connaît sa grande courtoisie. Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, personne ne met en doute son énergie, sa détermination, sa faculté de décider. Et n’est-ce pas considérable pour un homme ou une femme accédant à de telles responsabilités ? Il est vrai que cela peut aller jusqu’à une certaine dureté. Elle fut impitoyable avec les militants de l’IRA qui, en 1981, moururent après une terrible grève de la faim. Mais la Grande-Bretagne était en situation de guerre, et ses adversaires employaient des moyens propres à la faire plier, et même capituler. Et sur ce terrain, ils avaient trouvé leur maître, tout comme les généraux argentins lors de la fameuse guerre des Malouines.

Avec le recul, Margaret Thatcher partage avec le président américain Ronald Reagan le privilège de demeurer l’icône du libéralisme économique, avec tout ce que cela suppose. Les partisans de ce système sont persuadés que la Dame de fer a sauvé la Grande-Bretagne de la faillite. Jean-Luc Mélenchon, lui, considère qu’elle fut l’ennemie des classes laborieuses, et en particulier des mineurs anglais qu’elle humilia. Au moins ne laisse-t-elle personne indifférent.

Elle restera dans la légende, parce qu’elle aura correspondu aux critères de la réussite en politique, ne serait-ce qu’à cause de sa longévité. Quant aux féministes, il est douteux qu’elles se revendiquent de sa mémoire. Ne se moquait-elle pas ouvertement de leur cause, elle qui se réclamait de toutes les valeurs dites conservatrices ? Mais dans son cas, ces valeurs justifiaient une autre révolution, à rebours de la révolution socialiste qu’elle exécrait. La modernité n’est pas unilatérale Elle peut être aussi conservatrice.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 9 avril 2013.