Est-il difficile d’être chrétien, et particulièrement catholique, en ce moment ? On pourrait le croire, car il y a de bonnes raisons pour cela. Chaque semaine, il nous tombe une nouvelle catastrophe sur le dos. Les meilleurs observateurs, qui ne sont pas les pires des adversaires, décrivent une Église en plein désarroi, hiérarchie et fidèles ensemble. Si l’on parle des États-Unis, c’est indiscutable. Et aussi du Chili, de l’Irlande et peut-être de l’Allemagne. J’en suis moins sûr pour ce qui nous concerne, nous autres Français. J’observe les fidèles autour de moi, ceux de la messe du dimanche et ils ne me paraissent pas particulièrement désorientés. Hier à Nanterre, la consécration épiscopale de Mgr Rougé rassemblait un peuple fervent et même confiant. Ce qui ne signifie pas du tout que les fidèles ne sont pas profondément attristés, et même meurtris intérieurement.
Mais la confiance profonde dans l’Église, c’est autre chose. Pour une raison très simple d’ailleurs. Le mystère de l’Église qui est au cœur de la vie des fidèles ne saurait, en aucun cas, s’identifier au mystère d’iniquité dont parle saint Paul. Ils le savent d’autant mieux que la rédemption par la Croix consiste précisément à défier l’iniquité. Sans la Croix glorieuse, que nous célébrions il y a quelques jours, les ténèbres recouvriraient définitivement la face du monde. La foi au Christ consiste dans la certitude qu’il a vaincu le péché et la mort. Le défi est de nature abyssale, à tel point que l’iniquité peut parfois investir l’Église à des degrés stupéfiants. Ce n’est pas pour autant que les fidèles cesseront d’espérer contre toute espérance. Cette espérance est fondatrice de l’Église.
C’était la conviction de Bernanos, pourtant en proie à une immense colère. Notre Église est l’Église des saints, proclamait-il, et c’est la sainteté qui aura le dernier mot, comme Jeanne d’Arc a eu le dernier mot face à des juges indignes. La magnifique consécration de Mgr Matthieu Rougé, hier à Nanterre en donnait le même sentiment invincible. Ce qui est au cœur de la foi de l’Église vaincra les forces de l’enfer.
Chronique diffusé sur Radio Notre-Dame le 17 septembre 2018.