La croisière en profondeur - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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La croisière en profondeur

Dans un monde rythmé par un tourbillon de découvertes culturelles éphémères et de prestations hôtelières plus ou moins luxueuses, le Christ peut être proposé.
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Le P. Thomas Ziegler, né en 1968, vocation précoce, ordonné en 1995, n’est pas un curé comme les autres. Alors que, durant toute sa jeunesse, il n’avait connu que les collines vinicoles de l’Alsace, le voilà tombé amoureux de la mer au point de convaincre les compagnies maritimes (Costa, Carnival, MSC) qui font voguer sur les océans d’énormes paquebots de croisière, de l’accepter à leurs bords en qualité d’aumônier.

Au cours de ses navigations, de 2002 à 2017, il tombe sur une biographie du P. de Foucauld qui lui offre un modèle. À l’égard du personnel des soutes, qui assure le bien-être des passagers, il adoptera le comportement du frère Charles, le « frère universel » à l’égard des Touaregs : simplicité du mode de vie, refus de l’uniforme d’officier, écoute, compréhension, petits services… Et voilà qu’en 2017 on lui découvre un cancer inguérissable qui, au bout d’un an d’hospitalisation est guéri. Les médecins n’en reviennent pas ! Ne serait-ce pas l’effet de ses prières à son bien-aimé Charles de Foucauld ?

Monde dédié au consumérisme

C’est au sortir de cette épreuve qu’il écrit ce livre où il révèle un monde inconnu de la majeure partie du public. Pour les raisons les plus diverses, les passagers, hôtes éphémères des ponts supérieurs pendant une petite semaine, viennent chercher une rupture avec leur vie quotidienne, hors du stress, hors du deuil pour certains, dans ce monde clos, isolé du reste de l’univers. Si quelques-uns y cherchent un face-à-face avec eux-mêmes, l’organisateur saura y opposer le « divertissement » pascalien. Les escales sont courtes et les excursions organisées de façon à leur éviter tout contact avec la population locale, histoire de ne pas les culpabiliser. Une fois réglé le prix de base de la croisière, le problème est de les tenir à bord, et de leur faire dépenser le plus d’argent possible au moyen d’une multitude de distractions. Dans ce monde dédié au consumérisme, la simple vue d’un prêtre en clergyman et col romain interpelle, et quelques rencontres significatives sont possibles. « Son bénévolat, la gratuité de sa présence attestent qu’il n’y a pas que l’argent à pouvoir inspirer la vie d’un homme. »

Mais si les passagers débarquent vite, lui, ainsi que l’ensemble de l’équipage, hiérarchiquement organisé et payé, restent à bord. Il y a ceux qui sont en contact avec les passagers (hôtesses d’accueil, garçons de cabine, artistes du divertissement…) et ceux qui n’ont en aucun cas le droit de s’y mêler, vivant au-dessous de la ligne de flottaison sans voir la lumière du jour : cuisiniers, pâtissiers, blanchisseurs, électriciens, employés à l’incinération des ordures et au retraitement des eaux usées, etc.

Si la pratique des croisières a pu se démocratiser, c’est parce que beaucoup de Philippins, d’Indiens, de Chinois, de Péruviens, etc., acceptent volontiers, pour un salaire moyen de 500 € mensuels, dont ils reversent 80 % à leur famille, de trimer environ soixante-dix heures par semaine avec des horaires extravagants, sans se plaindre. Parce que leur plus grande crainte serait que leur contrat de six mois ne soit pas renouvelé…

Dans ce monde très cloisonné, l’aumônier est un électron libre. Il circule entre tous les étages et sa messe est un des seuls lieux où le haut et le bas du navire peuvent se rencontrer. Il reconnaît que l’Église s’est beaucoup intéressée aux gens de mer et que les œuvres ne manquent pas. Mais l’aumônerie des paquebots de croisière n’a pas encore de statut officiel. Le P. Ziegler espère que son livre aidera à combler ce manque.

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Thomas Ziegler, Les bateaux de l’éphémère. Un curé à bord, Salvator, 192 p., 18 €.