La crèche de Noël - France Catholique
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La crèche de Noël

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En cette veille de Noël, nos regards se tournent nécessairement vers la crèche. Je m’aperçois d’ailleurs, qu’un peu partout où je passe, les églises ont leur crèches installées de plus en plus tôt. Dans la cathédrale de Cahors, où j’étais il y a deux jours, les rois mages étaient déjà en place ! C’est sûrement par un souci de pédagogie catéchétique auprès des enfants que l’on anticipe les événements. Mais surtout, ce qui me frappe et me ravit, c’est cette représentation naïve, populaire, de l’événement de Noël. Comme je suis reconnaissant à saint François d’Assise d’avoir inventé cette tradition de la crèche. Elle s’est perpétuée jusqu’à nous, elle a même vaincu le grand moment iconoclaste des années soixante-soixante-dix, où on se débarrassait des statues jugées inesthétiques, pour réduire le sanctuaire à la plus grande froideur.

Je ne ferai pas toute une dissertation sur les images, il me suffira de rappeler que ce n’est pas une mince affaire dans l’histoire culturelle et même théologique du christianisme, que celle de leur légitimité religieuse. Ce qu’on appelle l’iconoclasme est une tentation récurrente. Un André Frossard s’y est opposé à l’époque dont je parlais, en défendant ce qu’il appelait « les confettis de la piété ». Même les fadeurs de ce qu’on repoussait, à l’enseigne du style sulpicien, trouvaient grâce à ses yeux. Bien sûr, on est en droit de préférer une qualité supérieure pour les images pieuses, en rapport avec le formidable patrimoine de l’art chrétien.

Mais le fond des choses, c’est la légitimité des images dans leur médiation nécessaire pour nous permettre d’intérioriser les scènes très concrètes de l’Évangile. Dans sa récente exhortation apostolique, le pape François fait une apologie de ce qu’il appelle « la force évangélisatrice de la piété populaire ». J’y associerais volontiers la force évangélique de l’imagination, qui est familière au pape, à cause de son appartenance à la Compagnie fondée par Ignace de Loyola. Devant la crèche, tout un peuple revit le prodigieux mystère de l’Incarnation, de Dieu venu parmi nous dans le sein de la Vierge sainte. Venez, adorons le !

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 24 décembre 2013.