La visite que le pape François rendra à la Corée du Sud, du 14 au 18 août, aura nécessairement un retentissement à travers toute l’Asie, ne serait-ce qu’en raison de la conjoncture actuelle qui place le christianisme au cœur des interrogations de l’immense continent. Pour les observateurs, c’est l’occasion d’abandonner une vision trop occidentale, pour se rendre compte de la dimension vraiment catholique de l’Église. Alors que l’Europe est encore sous l’emprise de la sécularisation, avec la promesse de très beaux surgeons, l’Asie est dans une dynamique de développement du message de l’Évangile, dont nous mesurons parfois mal les coordonnées. En Chine par exemple, les autorités communistes s’inquiètent de l’ampleur du phénomène qu’elles ne voient pas comment endiguer, les décisions discriminatoires ne parvenant ni à intimider des chrétiens qui ont subi les pires épreuves, ni à émousser l’intérêt de tous ceux qui sont attirés par ce qui pourrait donner un sens à leur vie. Certes, les situations sont très différentes d’un pays à l’autre, et même d’une région à l’autre, à cause des disparités culturelles et politiques. Il y a les Églises en pleine expansion comme en Corée et au Vietnam, il y a les pays de persécutions, comme le Pakistan et l’Inde, en certains endroits conflictuels.
« Jeunesse d’Asie, réveille-toi ! La gloire des martyrs brille sur toi ! », tel est le mot d’ordre des VIes Journées asiatiques de la jeunesse, qui seront au rendez-vous de Séoul. Le Pape célébrera, en effet, dans la capitale coréenne une messe, au cours de laquelle il procédera à la béatification de 124 martyrs tués « en haine de la foi » et dont l’exemple est riche de signification, et pas seulement pour les jeunes Coréens. C’est que nous sommes en présence d’un christianisme vraiment enraciné en terre d’Asie, avec le témoignage de précurseurs qui se convertirent, parfois sans avoir été sollicités par les missionnaires. C’est ainsi que la Corée a vécu une expérience très singulière avec des laïcs, catéchisant leur entourage et priant, sans pouvoir accéder aux sacrements, en dehors du baptême, faute de prêtres. Cette première communauté sera durement réprimée, mais l’exemple de ses martyrs continue à soutenir l’élan missionnaire.
L’Église catholique en Corée est en expansion continue, elle joue un rôle social considérable, même si la sociologie de ses membres a évolué vers les classes moyennes supérieures. Des difficultés spécifiques l’affectent dans le climat troublé d’un État en crise de légitimité et dont la présidente se réclame de son identité catholique. Y aurait-il danger de trop de conformisme social, avec moins d’affirmation prophétique ? Il est difficile d’en juger de l’extérieur, mais on peut faire confiance au Pape qui, par ses gestes et ses paroles, viendra confirmer la foi, susciter la générosité, et marquer la place privilégiée des plus pauvres dans le souci des pasteurs et des fidèles. Ce pourrait être pour nous l’occasion d’une meilleure connaissance de ces Églises d’Asie, sur lesquelles l’agence d’information des Missions étrangères de Paris fournit, quotidiennement, une remarquable documentation.
Pour aller plus loin :
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI
- La France et le cœur de Jésus et Marie
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- LA « MODERNITÉ » : UN CENTENAIRE OUBLIÉ