Cela fait bientôt huit ans, un soir de printemps à la fin mai, que tu m’as appelé chez moi à Woodway (Texas) pour me demander pourquoi ta tante Frankie et moi n’étions pas catholiques. Je me souviens de ce soir-là comme si c’était hier.
Cette petite fille de 8 ans, aussi directe qu’elle était précoce, a commencé par me poser des questions parce qu’il lui semblait que mes connaissances théologiques étaient insuffisantes. Quand j’y repense, il est clair pour moi que cette petite fille, par son questionnement très innocent, mais précis, a joué un rôle important pour guider son oncle et le faire revenir au sein de l’Église dans laquelle il avait été baptisé et dont il s’était éloigné.
Par conséquent, lorsque tu m’as demandé d’être ton parrain de confirmation, que tu le saches ou non, tu m’as offert l’occasion de te rendre la faveur dont tu m’avais gratifié il y a huit ans.
La confirmation, tu le sais, c’est l’un des sept sacrements de l’Église catholique. Plus précisément, un des trois sacrements de l’initiation. (Les autres sont le baptême et la Sainte Communion). Parce que, comme nous l’enseigne le Catéchisme de l’Église Catholique, « ils posent les fondations de toute vie Chrétienne » (CEC, 1212), les Catholiques de rite oriental tout comme les Orthodoxes orientaux administrent les trois sacrements aux petits enfants. C’est également la raison pour laquelle les catholiques de rite latin demandent aux candidats à la confirmation de renouveler les promesses du baptême que leurs parrains et marraines ont formulées en leur nom le jour de leur baptême.
La confirmation te permet non seulement de te réapproprier la grâce de ton baptême, mais encore de t’engager publiquement envers le Christ et son Église. Etant donné l’époque où nous vivons, cela demande beaucoup de courage, mais seulement si tu prends très au sérieux ce sacrement et ce qu’il représente.
Nous vivons à une époque où les catholiques pratiquants, tout comme les autres chrétiens engagés, subissent une très forte pression culturelle les encourageant à abandonner les croyances qui leur tiennent le plus à cœur. Et en grandissant, lorsque tu entreras à l’université, que tu commenceras à explorer le monde extérieur à ta famille et à ton lieu d’origine, ces incitations ne se dissiperont pas.
Sans les ressources des vertus théologales, la foi, l’espérance, et la charité, il te sera en fait plus difficile d’y résister. Pour cette raison, il te faudra constamment te rapprocher des sacrements, en particulier la Confession et l’Eucharistie, et en plus savoir parfaitement pourquoi tu crois et ce que tu crois. Comme Saint Pierre le disait à ses lecteurs : « Soyez toujours prêts à donner avec crainte et humilité une réponse à tous ceux qui vous demandent une raison de l’espérance qui est en vous » (I Pierre 3, 15, King James Version).
N’oublie jamais que tu es membre d’un Église vraiment magnifique et étonnante. C’est un corps de croyants qui comprend une extrême variété de personnalités, de talents et de maîtres spirituels, qui viennent de milliers de cultures, de peuples, de langues, et de lieux géographiques, et qui a une histoire longue de 2000 ans et faite de réalisations incomparables.
C’est l’Église de St. Augustin d’Hippone, St. Thomas d’Aquin, Dante, St. François d’Assise, Ste. Catherine de Sienne, Michel-Ange, Galilée, Copernic, Leonard de Vinci, St. Thomas More, du Bienheureux John Henry Newman, G. K. Chesterton, J. R. R. Tolkien, Mère Teresa, et du Pape Jean-Paul II, et nous ne faisons qu’effleurer la surface.
Tant de choses que nous considérons comme normales aujourd’hui ont leurs racines dans l’Église catholique et dans ses enseignements. Les hôpitaux, les orphelinats, les universités, les organisations charitables, et les recherches scientifiques sur la nature sont apparus dans notre civilisation précisément parce que l’Église pensait que de telles activités étaient non seulement en cohérence avec, mais encore découlaient de l’enseignement de Jésus.
Bien sûr, cela n’empêche pas que l’Église et certains de ses membres, y compris toi et moi, ne mènent pas une vie cohérente avec l’Église du Christ. C’est pour cette raison que l’Église enseigne que tous, y compris ses évêques, ses prêtres, et ses diacres, nous devons sans cesse réexaminer nos consciences, rechercher la réconciliation, et mener une vie de sainteté pour parvenir à nous conformer à l’image du Christ.
Évidemment, cela n’est pas toujours facile. Mais existe-t-il une autre possibilité qui soit crédible ? Après tout, une vie sans foi, sans espérance, et sans charité, même en exaltant la bonté, la vérité et la beauté dans la culture populaire, ce n’est pas vraiment une vie.
Ta tante et moi sommes extrêmement fiers de toi. Tu es une jeune femme très talentueuse, très intelligente et très belle. Tu as une capacité impressionnante à percevoir les choses, et tu as semble-t-il des capacités à communiquer sans difficulté tes pensées avec une présence d’esprit et une assurance rares à ton âge. Mais n’oublie pas que « à qui on a donné beaucoup, on demandera beaucoup (Luc 12, 48).
C’est un honneur pour moi d’être ton parrain de confirmation.
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Tableau : La Confirmation par Nicolas Poussin, c. 1640
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Source :
http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/on-confirmation-a-letter-to-darby-beckwith.html
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Francis J. Beckwith est Professeur de Philosophie et d’Étude des relations Église-État à l’Université Baylor, où il est également Professeur Titulaire à l’Institut d’Études des Religions. Il est l’auteur de Retour à Rome : Confessions d’un Catholique Évangelique et l’un des principaux contributeurs à « Itinéraires de Foi :Évangélisme, Orthodixie Orientale, Catholicisme, et Anglicanisme ».