Tandis que Noël s’approche, un climat de mélancolie se répand parmi nous. Ce Noël sera forcément différent cette année, même si le gouvernement a consenti quelques aménagements aux règles du confinement. Les familles ne pourront se réunir au grand complet, et pour ce qui est de fêter la Nativité, nos églises ne pourront accueillir les assemblées habituelles. Certains vont jusqu’à s’inquiéter : les restrictions aux libertés, l’encadrement administratif ne risquent-ils pas de marquer les mentalités ? Comment allons-nous sortir de cette étrange période dont nous ne savons d’ailleurs pas quand elle prendra fin ?
On sait que le pape s’est préoccupé de ces questions. Il y aura même consacré un livre, Ce temps pour changer (Flammarion) : « La question est de savoir si tu vas sortir de cette crise et si oui, comment. On ne sort jamais indemne d’une crise ; c’est une règle fondamentale. Si tu t’en sors, tu en sors meilleur ou pire, mais jamais comme avant. » Bien sûr, François s’est décidé à écrire pour tirer le meilleur de cette crise, nous tirer vers le haut. Il a cette formule étonnante, qu’il nous donne à méditer : « Le Covid est notre “moment de Noé”. Ne le gâchons pas. » Le moment de Noé nous renvoie au déluge décrit par la Bible, un déluge universel, au terme duquel la colombe apportera son brin d’olivier, signe d’une formidable espérance. La nature refleurit, le monde renaît.
Saurons-nous percevoir la colombe au brin d’olivier et nous associer au retour de la vie ? Il en va sûrement d’un grand mouvement intérieur, porteur d’une toute autre contagion, celle de l’éveil et d’une fraternité renouvelée, à l’encontre de ce climat dépressif dont le chant des anges aussi devrait nous affranchir.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 16 décembre 2020.