«Il y a des lieux où souffle l’esprit », écrivait Barrès. Le mont des Alouettes est de ceux-ci. De ses 232 mètres d’altitude, il offre une vue imprenable sur le bocage vendéen. Un panorama si exceptionnel que la cinquième légion romaine « Alouettes » y aurait établi un camp, en 52 avant J.-C., et inspiré le nom de ce mont. Un lieu où souffle le vent, et où les premiers moulins sont établis au XVIe siècle. Pour l’historien et politologue Guillaume Bernard, enseignant à l’Institut catholique de Vendée (ICES), « c’est de là qu’on peut embrasser la Vendée du regard. Que voit-on ? Une terre meurtrie mais qui a réussi à ressusciter ». Dans cette « terre de géants et de genêts en fleurs » (Hymne du Puy du Fou), foulée par les sabots des paysans martyrs de la Révolution, les moulins du mont des Alouettes ont servi de messagers.
Deux dates symboliques
Lorsqu’ils se soulèvent, en 1793, pour défendre leur foi et leur roi au prix de leur sang, les paysans vendéens trouvent un moyen ingénieux de communiquer entre eux. De colline en colline, les meuniers utilisent les ailes de leurs moulins comme des sémaphores pour prévenir les Vendéens de l’arrivée de l’armée républicaine. Quatre positions pour annoncer un danger proche, un danger passé, un rassemblement ou le repos. Deux des moulins envoient les signaux pendant que les six autres poursuivent le labeur. Las, en 1794, les colonnes infernales détruisant tout sur leur passage s’attaquent également à ces édifices de pierre pour affamer les populations et les privent au passage de ce mode de communication.
La suite de cette douloureuse histoire est connue. N’en déplaise à certains, le génocide de la Vendée n’est plus à prouver : Jacques Villemain l’a démontré dans un ouvrage aux arguments juridiques incontestables (Génocide en Vendée, éditions du Cerf, 2020). Parce qu’ils refusaient l’effacement de Dieu et l’avènement d’une société nouvelle sans roi, les Vendéens, femmes et enfants, hommes et vieillards, furent exterminés, sabrés, massacrés dans les flammes des colonnes républicaines commandées par le général Turreau. Il y eut, selon les estimations, entre 170 000 et 250 000 morts.
« Une épopée à jamais mémorable »
S’il fallait résumer le mont des Alouettes en deux dates, il faudrait donc retenir la Terreur de 1793 et, trente ans plus tard, 1823 : l’année où le roi Louis XVIII demande à sa nièce Marie-Thérèse, fille de Louis XVI – Madame Royale –, de venir en Vendée. Celle qui a expérimenté, en sa chair et son âme, l’horreur de la Révolution vient poser la première pierre d’une chapelle expiatoire sur le mont des Alouettes, exprimant ce vœu de « perpétuer le souvenir d’une épopée à jamais mémorable ».