Entendre la charte des béatitudes dans la basilique Notre-Dame-de-l’Assomption à Nice, là où il y a quelques jours était perpétré l’assassinat de Vincent, Simone et Nadine, c’était comprendre en quoi le message central de l’Évangile nous hisse au-delà du mystère d’iniquité. Celui-là même qui souvent nous accable : « Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on vous calomnie de toutes manières à cause de moi. Soyez dans la joie et l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux ; c’est bien ainsi qu’on a persécuté les prophètes, vos devanciers » (Mt. 5, 11-12). Il y a plus qu’un abîme entre la charte des béatitudes et ce qui commandait la frénésie du tueur, qui, pourtant, prétendait répondre au commandement de Dieu.
Quel est donc ce « Dieu » qui commande de massacrer son prochain le plus proche, le plus humble, le plus aimable ? Le frère Adrien Candiard1 qui vient d’écrire un petit livre précieux sur le fanatisme, nous donne la réponse. Ce fanatisme se réclame de Dieu, sans établir aucune relation avec celui qui est vivant dans le cœur de ceux qui l’accueillent pour ce qu’Il est. Ce fanatisme est sans théologie, il ne cherche pas à approcher le mystère de l’amour infini. Vincent, Simone et Nadine, grâce aux témoignages que nous avons d’eux, étaient au contraire, dans leur humilité, proches du cœur de Dieu, le rayonnant en charité dans toute leur vie personnelle, familiale, sociale. Jamais ils n’auraient pu imaginer que ce Dieu-là pouvait ordonner pareille monstruosité. Oh ! Ils n’étaient sûrement pas savants en théologie, mais ils savaient l’essentiel qui les empêchait de travestir la foi en culte des idoles.
L’islamisme n’est avant tout qu’un monstrueux travestissement de la foi. Seul l’esprit des béatitudes nous permet d’en conjurer les maléfices, mais n’oublions pas aussi qu’il constitue une menace politique, contre lequel l’État doit protéger les citoyens.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 2 novembre 2020.
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