La cécité du ministre - France Catholique
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La cécité du ministre

Pap Ndiaye prétend traiter les effets, sans vouloir s’attaquer aux causes. Les mesures qu’il veut imposer ne changeront rien à la crise de l’école.
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« Une école est un lieu où des professeurs enseignent à des enfants par un acte de transmission, sous la conduite d’un directeur qui veille à la réalisation de ce bien commun. »

« Une école est un lieu où des professeurs enseignent à des enfants par un acte de transmission, sous la conduite d’un directeur qui veille à la réalisation de ce bien commun. »

© Syda Productions / Adobe Stock

La crise durable de la majorité des écoles publiques fait fuir vers le privé les familles qui peuvent assumer les frais de scolarités demandés. Elles sont également de plus en plus nombreuses à rejoindre des écoles indépendantes dites hors-contrat. Elles augmentent même de façon exponentielle, puisque 100 000 élèves environ y sont scolarisés en 2022 : deux fois plus qu’il y a dix ans.

Au lieu de s’attaquer aux causes de ce phénomène – l’échec de l’assimilation et l’incapacité de « l’école de la République » à donner à chacun un socle fondamental – le ministre Pap Ndiaye enjoint aux recteurs « d’accroître la mixité sociale dans les établissements publics en réduisant les différences de recrutement social entre établissements de 20 % d’ici à 2027 ». Le privé est aussi concerné : un protocole devait être signé avec l’Enseignement catholique cette semaine.

Discipline et transmission des savoirs

Une telle approche aura forcément des conséquences sur le niveau général des classes, la transmission des savoirs, la discipline – sujet central – et le développement de la vie sociale des élèves. Mettre en place des « quotas » ne changera rien à l’échec scolaire.

Pour avancer, il faut revenir à la vocation originelle de l’école. Faut-il le rappeler ? Une école est un lieu où des professeurs enseignent à des enfants par un acte de transmission, sous la conduite d’un directeur qui veille à la réalisation de ce bien commun. Les parents demandent que leurs enfants apprennent à lire, écrire, compter et s’exprimer correctement ; le tout dans un cadre préservé. Pour cela, il convient d’avoir des professeurs compétents, capables d’enseigner et d’écouter les élèves. Enfin, il faut un chef d’établissement qui puisse décider ce qui est bon, dans le respect de la mission de l’école qui est d’instruire et de faire grandir tous les élèves.

Publique ou privée, l’école n’a pas besoin de gestionnaires mais de chefs, à qui l’on donne le pouvoir de recruter, qui annoncent les règles et les font respecter ; qui exigent des élèves une tenue et un comportement irréprochables. Enfin, des chefs qui favorisent des méthodes pédagogiques éprouvées pour enseigner les fondamentaux ; bref une école qui transmette.

La liberté de choix

Cette façon de faire existe et fonctionne dans la plupart des écoles indépendantes, qui accueillent des enfants de toute condition et répondent aux besoins des familles et des territoires. Leurs projets pédagogiques sont variés : elles sont libres de conserver des méthodes éprouvées, d’expérimenter des pédagogies innovantes ou d’allier les deux.

Il est regrettable que l’État entrave ces écoles par des inspections à charge, par des inégalités de traitement et par le refus d’étudier un statut conventionné qui leur permettrait d’accueillir davantage d’enfants et offrirait aux parents la liberté de choisir le type d’instruction qu’ils souhaitent donner. C’est pourquoi il faut nous réjouir que les sénateurs Brisson et Retailleau aient fait voter une proposition de loi qui donne enfin aux chefs d’établissement les pouvoirs ad hoc. Le bon sens et le pragmatisme vont-ils l’emporter sur l’idéologie ? Nous ne pouvons qu’espérer que l’Assemblée nationale reprenne cette proposition, car elle s’attaque à la cause du problème ; mais nous savons, hélas ! que « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes » !