Hier, c’était donc la Journée de la femme ! Que pourrais-je ajouter face à l’abondance des déclarations, voire des manifestes militants, d’autant que je souffre du défaut rédhibitoire de ne pas appartenir à ce qu’on appelait autrefois « le beau sexe ». L’emploi même d’une telle expression pourrait me valoir un vif reproche de sexisme, auquel s’ajouterait l’incrimination de rester fixé à ce qu’on appelle, avec la dernière sévérité, les stéréotypes de genre. Je me permettrais pourtant d’amorcer une brève réflexion sur le sujet, me prévalant d’un respect admiratif pour les filles d’Ève, auxquelles je dois, sans aucun doute, le meilleur de moi-même. En dépit de mes réserves, ce qu’on nomme la cause des femmes ne me paraît nullement négligeable. Je pourrais même ajouter que c’est une grande cause, qui vaut beaucoup mieux que l’idéologie souvent agressive qui entend la monopoliser.
Il est incontestable que le monde a changé fondamentalement, en rompant avec un modèle fondé sur la division rigoureuse des places et des missions en fonction de la dualité des sexes. La revendication féministe s’est, en quelque sorte, engouffrée dans une révolution économique et sociale, pour réclamer la stricte égalité. Ce qui, en soi, est parfaitement justifié. La difficulté, c’est qu’en acceptant toutes les règles du marché du travail, on ne pouvait qu’en épouser l’ethos profond, le mode de vie et même la philosophie. Ainsi se trouve expulsé des mœurs et de la vie commune tout espace de gratuité. La course à l’égalité produit le processus mimétique de la concurrence pour la seule réussite économique. L’abandon des stéréotypes féminins désormais péjoratifs amène un ralliement général aux stéréotypes masculins uniformément valorisés.
C’est tout le drame du livre manifeste de Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe, dont on fait d’ordinaire une lecture militante, sans voir qu’il constitue aujourd’hui un singulier aveu d’échec. Échec pour retrouver une symbolique propre à la femme dans un univers exclusivement masculin. Voilà, me dira-t-on, une charge bien pessimiste. Sans doute, mais elle n’est que l’envers d’un plaidoyer en faveur d’un respect profond de la cause des femmes.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 9 mars 2015.
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