On peut faire la distinction entre deux catégories de partis : les partis pragmatiques et les partis idéologues.
Au fil de son existence, le Parti Démocrate était un parti pragmatique et non un parti idéologue. Il n’avait nul souci de marquer la société par une certaine philosophie de la vie. Ce que pratiquent les partis idéologues — par exemple le Parti Communiste dans l’ancienne Union Soviétique ou le Parti National-Socialiste en Allemagne. Leur but : transformer la société et la culture afin de faire dominer une certaine vision du monde, une certaine quasi-religion.
Par contre, les partis pragmatiques tentent d’apporter à leurs amis toutes formes d’aide, pour l’emploi, pour des contrats, des économies d’impôts, des avantages sociaux. Ils s’occupent très peu, sinon pas du tout, d’idéologie. Bien sûr, même dans les partis les plus pragmatiques, on rencontrera des idéologues et des traces d’idéologie, tout comme on trouvera des marques de pragmatisme même au sein des partis les plus idéologiques. Mais l’idéologie n’occupe qu’une place mineure au sein d’un parti pragmatique.
On l’a bien remarqué, le Parti Démocrate, au long de presque toute son histoire, a eu une attitude pragmatique ; tout comme ses grands rivaux, le Parti Républicain, et, à une certaine époque, le Parti Whig. [N.d.T. : milieu du XIXème siècle].
Mais il n’en est plus ainsi, et de moins en moins au cours du temps. Je maintiens que le Parti Démocrate est de plus en plus un parti idéologique, peut-être même à prédominance idéologique ; et s’il n’est pas encore dominé par l’idéologie, il le sera bientôt à moins que cessent les tendances « progressistes » actuelles. En fait, il se met à ressembler au Parti Communiste et au Parti National-Socialiste.
Entendons-nous bien, je ne suggère pas que les Démocrates soient tels que les Nazis et les Communistes. En général, les Démocrates, même très imprégnés d’idéologie, sont des gens charmants. Ils sont polis ; souvent gentils, parfois très gentils ; ils ne feraient pas de mal à une mouche (ce qui ne les empêche pas de supporter avec le sourire la mise à mort d’enfants à naître). Mais ce sont des idéologues ; ou, pour le moins, ils sont dans le sillage d’idéologues, et le gros de la troupe suit ces meneurs idéologues.
Je reconnais volontiers que les Démocrates, en grande majorité, ne sont pas des idéologues ; ils n’ont nulle intention de bouleverser la culture traditionnelle de l’Amérique pour la remplacer par une culture « nouvelle et améliorée ». Mais à présent le Parti Démocrate est dirigé par des idéologues gauchistes le souhaitant en fait. Ces idéologues sont le « cerveau » du parti dont les autres membres sont la « musculature ».
Quelle est la croyance de ces dirigeants intellectuels du parti ? Quelle culture « nouvelle et améliorée » voudraient-ils, par la persuation, faire adopter au peuple Américain ? Que prêchent-ils comme « Bonne Nouvelle » ?
– 1 – Ils prêchent une métaphysique : Dieu n’existe pas, ou, tout au moins, un Dieu comme le Dieu de la Bible ; aucun Être Suprême n’a créé l’univers, ni ne le dirige. Et si parfois ils se déclarent agnostiques, et non athées, leur agnosticisme ressemble virtuellement à l’athéisme ; la différence ? le mot.
– 2 – Ils prêchent une théorie du savoir : Il n’existe aucun savoir qui ne s’appuie sur la raison, connaissance empirique sur laquelle la science naturelle est fondée. (ils se piquent de leur respect pour la science bien que très peu d’entre eux soient des scientifiques, des philosophes ou des historiens de la science). Ainsi, il n’y a rien de tel que la Révélation Divine. Et il n’existe nulle connaissance intuitive trans-empirique — par exemple la connaissance intuitive de l’existence de Dieu, ou de l’immortalité de l’âme, ou des règles fondamentales de la morale.
3 – Ils prêchent une théorie de la morale, morale de liberté individuelle maximale. On devrait pouvoir agir à son gré, et on devrait tolérer une liberté analogue chez les autres. Bien sûr, il faut mettre certaines limites à cette liberté si on veut éviter la guerre de tous contre tous ; on ne devrait pas avoir le droit de faire du mal aux autres.
– 4 – Liberté sexuelle : Alors qu’il existe bien d’autres formes de liberté, la liberté sexuelle est, pour ainsi dire, la clé de voûte de l’édifice. Si on tolère l’intolérance en matière sexuelle, alors bien d’autres formes d’intolérance suivront.
– 5 – Anti-christianisme : l’opposant le plus influent aux croyances et valeurs énoncées ci-dessus est le Christianisme, plus particulièrement les vieux et démodés Catholicisme et Protestantisme. Il faut par conséquent marginaliser la Chrétienté démodée, la reléguer dans un recoin social où elle ne pourra guère faire de mal.
– 6 – Un gouvernement tout-compétent. Aucun problème, pas même le contrôle du climat pour les 10.000 prochaines années, n’est insoluble, au moins à longue échéance, pour le gouvernement fédéral des États-Unis. Y a-t-il des problèmes de pauvreté, de criminalité, d’instruction, de santé, d’addiction à la drogue ou de réchauffement climatique ? Il doit y avoir une solution que trouvera Washington — une loi, une agence, un programme de dépenses, un traité international, etc. . . . .
Au sujet de l’idéologie, on peut classer les Démocrates en trois catégories concentriques ; le cercle central est constitué des idéologues gauchistes dont j’ai parlé : ce sont eux les auteurs des idées « progressistes » et leurs distributeurs-grossistes.
Le cercle intermédiaire, plus large, comprend les semi-idéologues ; ils sont consommateurs et distributeurs-détaillants des idées.
Le troisième cercle, le plus grand, contient les non-idéologues. S’ils acceptent, ou au moins tolèrent, les idées « progressistes », ce n’est pas par amour irraisonné, mais par loyauté envers le parti. On trouve dans ce grand cercle de nombreux noirs, des Latinos, des travailleurs syndiqués, et des Démocrates de tradition familiale.
Le Parti Démocrate n’est pas l’unique nid de malfaisance où les idéologues et semi-idéologues anti-chrétiens se sont emparés du pouvoir. Ils se sont également installés dans l’industrie du loisir, dans les moyens d’information, et dans nos plus importantes Facultés et Universités (y-compris des Facultés de Droit).
Un nombre relativement restreint de fanatiques brillants et fort bien organisés peut déformer une culture. C’est déjà arrivé nombre de fois par le passé, c’est ce qui est en train de se produire sous notre nez.
30 décembre 2016.
https://www.thecatholicthing.org/2016/12/30/the-good-news-of-an-ideological-party/
Photo : Démo-Troïka