L'Université Notre-Dame et les moutons affamés. - France Catholique
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La justice de Dieu
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L’Université Notre-Dame et les moutons affamés.

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Lorsque j’étais au lycée — un lycée des Frères des Écoles Chrétiennes — j’avais un excellent professeur, un Frère, qui parfois citait quelques mots du « Lycidas » de John Milton « Les moutons affamés ont la tête en l’air, et manquent de nourriture.» Je ne voyais pas bien alors où il voulait en venir, mais j’ai retenu cette citation.

Elle m’est revenue l’autre jour quand j’ai lu dans le journal que l’Université Notre-Dame avait attribué sa prestigieuse Médaille « Laetare » pour 2016 au Vice-Président Joe Biden — à la fois catholique et l’un des plus notoires défenseurs nationaux de l’avortement et du mariage homosexuel.

Bizarre — je dirais même, surprenant — la plus célèbre Université Catholique d’Amérique honorerait un homme qui, en fait, crie sur les toits que la religion Catholique, sa propre religion, est dans l’erreur depuis environ deux mille ans en condamnant le droit à l’avortement et au comportement homosexuel.
Je n’ai pas souvenir que le Kremlin ait jamais attribué le Prix Staline à une personne traitant Staline de boucher assassin. Ni que George Washington ait jamais déclaré « Benedict Arnold en dépit de quelques défaillances, est fondamentalement un bon Américain. Je suis fier de le dire mon ami.» [N.d.T. : Général Américain de la guerre d’indépendance, il livra les fortifications de West Point aux forces britanniques, déserta « à l’ennemi » et devint Général dans les forces britanniques.]

En 2009 Notre-Dame (où, à propos, j’étudiais alors pour mon diplôme de philosophie — à l’époque de Ralph McInemy, Joe Evans et Ernan McMullen.) a heurté nombre de Catholiques Américains, y-compris beaucoup d’Évêques Catholiques en attribuant un titre honoris causa au Président Obama. Suite à une si vigoureuse réaction négative on aurait pu penser que Notre-Dame aurait retenu la leçon.

Il semble que non. L’honneur fait à Biden est, s’il se peut, encore plus outrageant. Après tout, Obama n’était pas Catholique ; il était un Protestant de gauche, membre d’une congrégation de l’Église Unie du Christ, à Chicago. Il ne soutenait pas à l’époque le mariage homosexuel. (Il le soutenait sans aucun doute au fond de lui-même, mais en paroles il se disait toujours persuadé que le mariage concernait l’union d’un homme et d’une femme.)

Notre-Dame n’a pas seulement laissé tomber la religion catholique. Elle a laissé tomber ses nombreux anciens étudiants, tout au moins ceux qui demeurent fidèles à l’orthodoxie Catholique. Elle a aussi laissé tomber des millions de Catholiques Américains vivants et morts — ses « anciens virtuels », Catholiques Américains qui pendant bien plus qu’un siècle ont prié pour Notre-Dame, ont acclamé ses équipes sportives, lui ont apporté leur contribution financière, et ont encouragé leurs enfants, leurs petits-enfants, à s’y inscrire.
Il semble que selon Notre-Dame un compromis puisse être élaboré entre le Catholicisme et le matérialisme humaniste actuellement dominant dans la culture Américaine. Et qui symbolise le mieux ce compromis idéal que le Vice-Président Biden — un homme qui, au mépris du principe logique de non-contradiction, s’attache chaleureusement à la fois au Credo du Catholicisme et au credo antiéthique du matérialisme humaniste ?

Mais c’est une voie insensée. Car l’histoire du Protestantisme de gauche au vingtième siècle montre sans l’ombre d’un doute que la tentative de trouver une heureuse via media entre Chrétienté et anti-Chrétienté aboutit au triomphe de l’anti-Chrétienté.

Les Évêques Catholiques vont-ils se lever pour condamner l’honneur fait à Biden, comme beaucoup d’entre eux le firent pour condamner le titre « honoris causa » attribué à Obama en 2009 ? Ou vont-ils, dans un silence relatif, confesser que Notre-Dame les a eus ? S.E. Donald Wuerl, Cardinal de Washington, doit être honoré le même jour. Fera-t-il un commentaire public sur la situation ? Ceci reste à voir.

Et à Rome ? Le Vatican réprimandera-t-il Notre-Dame pour être tombée à nouveau dans les bras du matérialisme humaniste ? Ou se pourrait-il que le Vatican, d’un silencieux hochement de tête approbateur, apprécie que l’Université Catholique en pointe en Amérique refuse de faire une « fixation » sur des sujets tels que l’avortement et l’homosexualité ?

« Les moutons affamés ont la tête en l’air, et manquent de nourriture.» Je crois qu’il y a des millions et des millions de Catholiques Américains décidés à défendre leur religion contre les attaques portées contre elle, à la fois par l’intérieur et de l’extérieur, par les forces anti-Chrétiennes de l’humanisme matérialiste. Mais à ces millions et millions manque un véritable commandement . Car la plupart de leurs évêques et curés, de braves gens en général, ne sont pas des combattants, ils n’ont pas une culture de guerriers.
Quant à nos meilleures Universités, j’emploie le pluriel car Notre-Dame n’est certes pas la seule concernée, elles croient à des compromis qui aboutiront à leur auto-destruction. Ainsi, cette semaine, l’Université de Georgetown a annoncé que Cécile Richards, présidente du Planning Familial, prononcerait une conférence sur le campus ; et l’Université de Seattle, institution telle Georgetown dans la « tradition Jésuite », accueille une conférence pour ses étudiantes futures infirmières sur « l’éventail complet des services de reproduction » [N.d.T. : cet euphémisme désigne la palette complète des procédés contraceptifs, de l’abstinence à l’avortement.].

Notre camp est en train de perdre ; ça vous étonne ?

11 mars 2016.

Photo : Biden reçoit les Cendres.

Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/03/11/notre-dame-and-the-hungry-sheep/