À la une du Monde d’hier un grand titre : « Chrétiens, juifs, musulmans : l’appel des religions contre la loi sur la fin de vie ». Il s’agit d’un appel pour que « l’interdit de tuer soit préservé dans la loi ». Cinq hauts dignitaires l’ont signé : le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, François Clavairoly, président de la fédération protestante de France, Mgr Emmanuel, président de l’assemblée des évêques orthodoxes de France, Haïm Korsia, grand rabbin de France, Mohammed Moussaoui, président des mosquées de France. Il y a donc unanimité entre les grandes religions monothéistes sur un sujet extrêmement sensible, celui du terme de la vie humaine. Le fait est à noter, alors que le débat fait rage et que les promoteurs du droit à l’euthanasie disposent d’une orchestration médiatique considérable qui a abouti à rallier une bonne part de l’opinion.
En dépit de la pression, les grandes religions ne bronchent pas. Ce n’est pas en raison d’une insensibilité à la souffrance humaine, ce n’est pas pour maintenir des interdits inhumains. C’est en raison de la sauvegarde de la dignité humaine à laquelle l’acte de mort volontairement donné porte une violence extrême. Une violence qu’aucun adoucissement ne saurait abolir. C’est précisément, disent les signataires, au moment où une vie est la plus fragilisée qu’elle doit être entourée de la plus grande attention. Faut-il rappeler que c’est dans des institutions religieuses qu’à commencé l’initiation aux soins palliatifs ? J’ai le souvenir d’articles sur le sujet, très anciens, sous la signature du père Verspieren, qui s’était fait l’écho dans les cahiers Laënnec d’une initiative pionnière, en Angleterre me semble-t-il.
Il n’est pas anodin que des responsables religieux interviennent ensemble, après avoir mûrement réfléchi à la gravité de la situation. Il n’y a pas que la position neutre de la puissance publique pour favoriser le bien commun et la concorde entre citoyens. Il y a aussi la pratique d’un dialogue approfondi entre les religions pour créer plus de compréhension réciproque, plus de fraternité, plus d’actions communes aussi sur le terrain. Le domaine religieux est celui même des finalités humaines, celles qui éclairent les grandes options communes. Il faut souhaiter que le dialogue continuera. Notre pays en récoltera les fruits pour sortir de ses peurs et de ses hantises.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 10 mars 2015.
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