L'ultime débat - France Catholique
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L’ultime débat

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Relancée par ses partisans pour en faire un marqueur de la campagne présidentielle, l’euthanasie sera-t-elle le dernier verrou fracturé d’une civilisation engluée dans ses contradictions – la santé devenue une idole, mais le grand âge maltraité ?

C’est ce que craignait l’écrivain Michel Houellebecq, lors du vote, symbolique, d’une loi autorisant l’euthanasie en avril dernier, et dont le processus législatif n’a pas abouti : « Une civilisation qui légalise l’euthanasie perd tout droit au respect. » Et de fait, ce combat qui honore l’écrivain à succès – malgré ses outrances par ailleurs – semble à ses dires perdu d’avance, notamment parce que les catholiques ne paraissent plus en mesure de s’y opposer.

Défaitisme ou réalisme, au vu des récents débats sociétaux dont beaucoup se sont en effet soldés par des échecs pour les défenseurs de la loi naturelle ? La réponse se situe à plusieurs niveaux. D’abord politique, où le pire n’est jamais sûr, et où les seuls combats perdus d’avance sont ceux qui ne sont pas menés.

Mais le vote d’une loi n’est pas tout, et surtout, il ne résoudra pas toutes les questions qui se posent à ce moment crucial. Les souffrances physiques ou psychiques ne sont pas les seules à tourmenter la conscience humaine face à la mort. Quid de la souffrance spirituelle de l’agonie ? Les témoignages montrent pourtant que la prière, à la Vierge Marie notamment, permet de lui « faire rempart », Marie agissant telle la Femme face au Dragon dans le livre de l’Apocalypse. Face à cela, l’euthanasie constituera toujours un échec, celui de l’accompagnement des derniers instants.

Aussi, parmi tous ceux qui veulent développer les soins palliatifs, pour quelle raison n’encourage-t-on pas davantage, y compris sur le plan financier, les religieuses qui remplissent admirablement cet humble service pour toute la société – Petites Sœurs des pauvres, Augustines de Malestroit, Maison Jeanne-Garnier, Faremoutiers etc. – mais aussi les œuvres qui agissent en ce sens ?

Ensuite, ce débat ne peut évidemment se limiter à la froide technique scientifique. Il y a l’image que l’on se fait de la mort et de la vieillesse dans notre société, résultat d’une vision trop matérialiste de la vie. La dépendance du nourrisson ne pose de problème à personne, quand celle d’une personne âgée effraie… Il faut réapprendre à voir la beauté d’un visage âgé, au lieu d’exalter sans fin la jeunesse. Et mieux considérer le trésor que représente l’expérience de ces personnes, qui « portent la société, son histoire et ses angoisses », comme le dit joliment une religieuse.

Oser parler des fins dernières

L’Église, enfin, porte une responsabilité capitale : pourquoi la vie éternelle, l’immortalité de l’âme, ce qui se joue au moment de la mort, les fins dernières – le Ciel, l’enfer, le purgatoire –, envisagées sous le prisme de l’amour divin miséricordieux, ne sont-elles quasiment plus enseignées ? Ne pourrait-on créer des missions dans les paroisses sur ce sujet ? Recréer des rites de deuil, qui ne soient pas que des marches blanches : messes de souvenir, habits noirs, rites sociaux qui apaisent les angoisses ? Chez les Petites Sœurs des pauvres, par exemple, les religieuses font une haie d’honneur au défunt…