L’Ukraine plongée dans un bain de sang - France Catholique
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La justice de Dieu
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L’Ukraine plongée dans un bain de sang

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Une centaine de morts à Kiev, dont beaucoup tués par balles, après une « trêve » non respectée, 67 policiers pris en otage, la Place de l’Indépendance reprise de haute lutte à la police, des tireurs embusqués des deux côtés, le maire de la ville quittant le parti au pouvoir, le président Ianoukovitch d’abord absent à un premier rendez-vous avec les ministres des Affaires étrangères français, polonais et allemand, avant de palabrer avec eux pendant quatre heures, des hôpitaux de fortune et des morgues improvisées, des prêtres bénissant les cadavres et réconfortant les très nombreux blessés, des civils anonymes apportant vivres et médicaments ou projectiles, les policiers officiellement équipés d’armes de guerre, des bandes d’hommes de main en civil bien organisés – les « Titouchki » si redoutés – semant la terreur dans plusieurs quartiers, et la population priée de rester chez elle et de ne plus en sortir… Hier, la capitale de l’Ukraine offrait le spectacle de cauchemar surréaliste et lugubre des débuts de guerre civile…
Quant à l’Ouest du pays, il avait commencé dès la veille au soir à faire acte de sécession, notamment à Lviv, capitale de la Galicie gréco-catholique où les bâtiments officiels avaient été investis et les policiers désarmés par des groupes d’insurgés d’humeur probablement séparatiste.

Les pays occidentaux ont lancé d’ultimes appels à la raison et au dialogue. Moscou les a accusés d’ingérence abusive, et a parlé d’envoyer un médiateur à Kiev, sur la demande du dirigeant ukrainien déstabilisé. Une session du Parlement a commencé en catastrophe hier après-midi. La plupart des sportifs ukrainiens partis aux Jeux olympiques de Sotchi, non loin de là…, sont revenus précipitamment dans leur pays en détresse.

L’Union européenne a annoncé des sanctions « contre ceux qui sont tâchés de sang ». Les chefs des diplomaties française, polonaise et allemande ont rencontré les chefs de l’opposition ukrainienne mal assurée dans ce chaos, puis ont discuté entre eux d’un « plan de sortie de crise ». Au milieu de cette malheureuse ville de Kiev qui ressemble de plus en plus à un labyrinthe jonché de ruines, de barricades démolies ou reconstruites, de corps inertes et de véhicules en flammes, sur fond sonore de hurlements, d’explosions, de gémissements, de prières psalmodiées, d’imprécations et désormais de coups de feu fréquents, trop fréquents.

Au XXème siècle, la malheureuse Ukraine a été transformée deux fois en charnier, en 1933 par Staline qui affama sept millions de paysans, et de 1941 à 1943 par Hitler qui extermina plusieurs autres millions de victimes.
En cet hiver 2013-2014, ce pays martyr de l’Histoire est certes encore loin de ces sinistres comptes ! Mais faut-il pour autant l’entraîner sur une mauvaise pente au bord du Dniepr aux eaux glacées, sous le regard froid des nostalgiques d’un Empire désarticulé en 1991 après la catastrophe prémonitoire de Tchernobyl, cette autre épreuve…
Denis LENSEL