L’Ukraine étranglée bascule dans le chaos - France Catholique
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L’Ukraine étranglée bascule dans le chaos

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L’Ukraine a basculé dans un chaos sanglant. Au moins une vingtaine de morts, parmi les manifestants mais aussi au sein de la police, le centre de Kiev en partie incendié, puis évacué hier soir et cette nuit jusqu’à 4 heures du matin par les unités de choc de la police lors d’affrontements meurtriers, un journaliste arraché de sa voiture et tué par balles, des sursauts de révolte dans plusieurs villes de province, notamment à Lviv où le siège du pouvoir a été pris d’assaut…

Puis la capitale mise en état de siège. Au bout de trois mois de protestation contre le brusque refus du dirigeant néo-soviétique prorusse Viktor Ianoukovitch de tout accord de coopération économique et culturel avec l’Europe occidentale, avec le début du versement d’une enveloppe de 15 milliards de dollars par la Russie, les rapports entre le régime et l’opposition ont tourné à la tragédie collective.

« Le pouvoir a déclenché une guerre contre son propre peuple », a dénoncé un des leaders de l’opposition, Vitali Klitschko, après avoir cherché à ce qu’on épargne les femmes et les enfants…

Même des alliés de longue date du régime néo-soviétique ont dénoncé cette vague de répression violente : l’oligarque milliardaire Rinat Akhmetov, principal parrain du « Parti des régions » de Ianoukovitch, parlant des « victimes humaines », y a vu « un prix inacceptable pour des erreurs politiques »…

Dans l’après-midi, geste de révolte malvenu ou sinistre provocation, qui sait, un petit groupe non identifié d’émeutiers avait pris d’assaut et saccagé un bâtiment de ce parti présidentiel contesté… Dans la soirée, l’immeuble servant de QG aux manifestants a été incendié…

Malgré des condamnations et des mises en garde répétées sur la scène internationale jusqu’à la déclaration publique du secrétaire général de l’ONU « extrêmement inquiet », le président Ianoukovitch – un ancien détenu de droit commun – a refusé d’arrêter l’assaut de la police contre le dernier carré des manifestants rassemblés derrière leurs barricades de « Maidan », la Place de l’Indépendance située au centre de Kiev. C’est ce symbole de liberté nationale qui est tombé, pourtant sanctuarisé depuis l’éclatement de l’URSS en 1991 et depuis la « Révolution orange » pacifique de 2004 qui avait permis d’annuler des élections présidentielles truquées et de remplacer alors… Ianoukovitch mal élu par le libéral Iouchtchenko, alors victime d’une tentative d’empoisonnement.

Fin janvier, une première flambée de violence avait déjà provoqué la mort de quatre manifestants et causé des centaines de blessés à Kiev. Mais cette fois-ci, l’Ukraine est balayée par une déferlante redoutable aux vagues successives.

Pendant ce temps-là, juste à l’Est des côtes ukrainiennes de la Mer Noire, les Jeux olympiques de Sotchi s’achèvent, après une journée de brouillard, comme une réalisation de prestige de la Russie de Poutine, qui affiche une vertu sévère et martiale. Et à l’Ouest, l’Europe occidentale, l’Europe centrale et les Etats-Unis s’inquiètent…

Quant à la population ukrainienne, qui pour une part souhaitait acquérir la liberté de nouer des relations avec cet Occident incertain, il ne semble plus question de lui demander son avis… Pour l’heure, elle reste à l’ombre d’un Empire jaloux de sa puissance et de son gaz et dont l’humeur est devenue lacrymogène, voire massacrante…