L'Orthodoxie au risque de l'unité - France Catholique
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L’Orthodoxie au risque de l’unité

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Nos frères orthodoxes sont donc confrontés au défi spirituel que constitue la tenue d’un concile. Notre propre expérience catholique de Vatican II nous dicte une certaine prudence dans ce domaine, en dépit de l’aura que conserve ce concile et des retombées bienfaisantes qui ont vivifié le corps ecclésial. Car un concile – c’est toute la tradition du christianisme indivis qui nous le montre – constitue aussi une épreuve, aussi bien à travers les conflits qu’il génère sur le moment qu’à travers l’héritage problématique qu’il livre à la postérité. En ce qui concerne les Églises orthodoxes, le simple fait de l’impossibilité de réunir une assemblée conciliaire depuis la séparation intervenue entre l’Orient et l’Occident montre quel caractère héroïque constitue l’événement inauguré dimanche en Crète, sous l’invocation de l’Esprit Saint ; c’était en effet la Pentecôte pour l’Orthodoxie. C’est le même héroïsme spirituel qui a déterminé le patriarche Bartholomée de Constantinople à ne pas surseoir à l’entreprise, en dépit de l’absence de quatre autres patriarches, dont celle, éminente, de Cyrille, patriarche de Moscou et de toutes les Russies.

Nous autres catholiques, notamment sous l’influence du père Yves Congar, avons été très marqués par une certaine idée, d’ailleurs venue de l’Orthodoxie et d’un penseur russe comme Khomiakov, selon lequel l’unanimité dans l’amour qui caractérise le corps mystique du Christ se traduit notamment par l’exercice de la conciliarité et de la collégialité. Mais un autre théologien, Louis Bouyer, nous a avertis des illusions que pouvait provoquer une telle conception parfois éthérée des réalités ecclésiales. De plus, la communion passe par des personnes, et, disons-le, par des personnalités qui se montrent capables de donner aux assemblées leurs directions et d’instruire leurs travaux. Il est possible qu’un Bartholomée, aidé par d’autres autorités, tel Anastasios, archevêque de Tirana, soit la personnalité providentiellement choisie afin de mener à bien le saint concile panorthodoxe.

De notre côté, nous suivrons avec attention et sympathie les débats de ce concile, sachant les biens précieux que nous devons à la tradition orthodoxe, témoin d’une continuité patristique et liturgique indispensable. Une émulation nécessaire devrait permettre un échange sur les perspectives pastorales d’une assemblée qui se doit aussi d’affronter les tâches de l’évangélisation du monde présent. Il nous reste, à l’exemple du pape François, à prier solidairement pour l’heureux accomplissement de ce projet, dans l’espérance qu’il permettra finalement les retrouvailles de toute l’orthodoxie, prélude à celles de toute l’Église universelle.