« L’image du Pape se dégrade ». C’est Le Figaro qui nous l’apprend ce 14 avril. Mais mieux vaut citer le texte : « Il n’y a plus que 33% des Français qui ont en 2010 une bonne opinion du pape Benoît XVI, alors qu’ils étaient 53% en 2008, indique un sondage CSA réalisé pour le magazine VSD. Cette baisse de 20 points est aussi enregistrée chez les pratiquants réguliers qui ne plébiscitent plus le Pape qu’à 66% contre 86% en 2008. A la question de savoir si les cas de pédophilie impliquant des prêtres et des évêques ont globalement détérioré leur opinion de l’Église et de ses représentants, les catholiques répondent non à 63% et oui à 36%, avec 1% qui ne se prononcent pas. » Voilà donc la dépêche brute livrée par Le Figaro. Je constate que sur le blog de ce quotidien elle a déclenché de très vives controverses. Faut-il que j’y mêle mon grain de sel ?
Hier je mettais en cause le système de communication moderne, en me référant à une analyse universitaire, dépassionnée, même si elle est profondément critique : celle de Lucien Sfez dans un ouvrage de référence, a mon sens devenu classique. Sfez met en cause le dispositif même du système d’information, en montrant qu’il obéit à une logique propre qui le détache notamment de toutes les racines culturelles profondes. Je réitère donc mon affirmation, en précisant : les phénomènes d’opinion sont aujourd’hui largement les résultantes d’une communication dont ils reflètent assez exactement les turbulences. Je sais bien qu’il y a une discussion là dessus entre spécialistes. L’autre jour, je rencontrais par hasard dans la rue le cher Dominique Wolton, chercheur très averti de ces problèmes, et je lui confiais mes perplexités. Lui pense que l’on surestime généralement l’influence des médias sur les convictions profonde des gens. La réponse apportée par les catholiques au sondage de VSD lui donne-t-elle en partie raison ? Ils paraissent moins influencés par la campagne actuelle que les autres Français dès lors que ce sont leurs convictions profondes qui sont en cause.
Mais les autres ? Les non pratiquants et surtout ceux qui n’ont plus les habitus culturels d’autrefois, ceux pour qui le christianisme évoque de moins en moins des connaissances personnelles sérieuses ? Ceux-là sont d’évidence beaucoup plus malléables et, en quelque mois, leurs idées sur le Pape peuvent changer du tout au tout. Ce qui me ramène à Lucien Sfez et à sa critique du système de communication. Livré à sa logique autiste et tautologique, celui-ci est capable de bien des dégâts. En ce moment, il est en train d’imposer, par exemple, l’idée de l’Église comme institution perverse, sorte de refuge des pédophiles que Benoît XVI lui-même protégerait ! Comment résister à pareille ignominie, dès lors qu’elle est assénée jour et nuit par un système autoréférentiel. Si on se fie par exemple aux chiffres actuels de la délinquance pédophile aux États-Unis, on remarque qu’en un an plus de 60 000 délits ont été répertoriés et que sur ce chiffre le nombre d’abus imputables au clergé catholique n’est même pas enregistrable statistiquement. Qu’importe, la diffamation continue ! Le Pape voit sa cote de popularité s’effondrer. Mais c’est à nous autres catholique qu’il appartient tout de même de réagir enfin vigoureusement pour rétablir la vérité.
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