L'ombre de l'abbé Pierre - France Catholique
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100 ans. Donner des racines au futur
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L’ombre de l’abbé Pierre

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La Fondation Abbé-Pierre avait invité hier cinq candidats à la présidentielle pour exprimer leurs propositions dans la lutte contre le mal-logement. À l’exception du Front national, dont la candidate était persona non grata, les représentants des grandes familles d’opinion ont pu ainsi répondre à la sollicitation de celui qui demeure cher au cœur des Français. Il y a dix ans que l’abbé Pierre nous a quittés, mais il est toujours une icône de la conscience nationale. J’étais enfant lorsque j’ai entendu son célèbre appel de l’hiver 1954 : « Au secours mes amis ! » Et j’en ai été marqué à vie. Nous avions tous en tête, dans ma génération, l’épopée d’Emmaüs, dont très tôt on avait fait un film populaire. Mais pourquoi faut-il qu’un demi-siècle plus tard, on ait toujours besoin de lui, comme interprète des pauvres et dénonciateur de la misère ?

C’est, tout simplement, que cette misère n’a pas été éradiquée. Nous avons beau être une des principales puissances économiques du monde, nous avons encore nos zones de pauvreté, qui se sont peut-être même agrandies depuis les années quatre-vingt. Nous ne sommes pas une exception. Il suffit de penser aux États-Unis d’Amérique. Nous savons qu’à l’échelle mondiale l’écart entre les plus riches et les plus pauvres n’a cessé de croître, en dépit du développement entraîné par la mondialisation.

Mais pour revenir à la France, on recense 143 000 SDF, 643 000 personnes n’ont pas de logement personnel. Ces dernières échappent à la rue grâce à la solidarité familiale ou à celle des amis. Mais plus largement, il y a pénurie de logement pour des millions de personnes. La construction de nouveaux logements ne suit pas, en dépit des promesses électorales. C’est tout de même bien que les présidentiables se saisissent du dossier et aillent jusqu’à proposer un plan d’éradication de la pauvreté. On jugera l’arbre à ses fruits. Mais si l’action de la puissance publique est nécessaire, elle ne pourra être efficace que grâce à une prise de conscience générale et à une mobilisation comme celle que l’abbé Pierre suscitait en 1954. Il est bon que son ombre continue à nous envelopper, à l’exemple de celle de saint Vincent de Paul.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 1er février 2017.