Les chrétiens sont persécutés depuis les origines de la foi et cela ne changera jamais. Pourtant, même si cela peut paraître paradoxal, le témoignage des martyrs a participé à la diffusion du christianisme. On ne jette plus les chrétiens dans la fosse aux lions, mais la simple possession d’une Bible justifie une punition sévère en Arabie Saoudite (et même la peine de mort en Corée du Nord), ou la crucifixion par l’Etat Islamique en Syrie et en Irak. L’histoire de ces hommes mérite d’être racontée.
Le nombre de martyrs au cours des premiers siècles du christianisme est difficile à évaluer, mais une chose est sure : ils sont encore plus nombreux aujourd’hui. En 2010, le pape émérite Benoît XVI avait déclaré que les chrétiens représentent aujourd’hui le mouvement religieux le plus persécuté, et le pape François le rappelle régulièrement.
Ce phénomène n’est pas récent. En 1860, des musulmans avaient attaqué les chrétiens à Damas, provoquant la mort de dizaines de milliers de civils et la destruction de centaines d’églises et villages chrétiens. Les Etats pontificaux et les consulats occidentaux avaient aussitôt lancé des appels pour porter secours au christianisme au Levant. Les puissances occidentales (la France et le Royaume-Uni, mais également la Russie) étaient intervenues et avaient menacé l’empire ottoman d’imposer des sanctions s’il ne mettait pas un terme au massacre. Nos navires de guerres avaient bombardé la zone Est de la méditerranée. En une semaine, les massacres avaient cessé.
A l’inverse, 21 chrétiens coptes ont été décapités cette année sur les côtes libyennes, et la réaction honteuse des Occidentaux ne nous a pas surpris. La Maison blanche et l’Elysée ont, certes, condamné la violence et les crimes commis contre ces innocents, mais aucun n’a affirmé explicitement que les bourreaux étaient des musulmans extrémistes, ni que les victimes avaient été exécutées simplement parce qu’elles étaient chrétiennes. Les extrémistes avaient pourtant eu l’obligeance de préciser dans une vidéo que les prisonniers étaient des coptes orthodoxes.
A la suite du massacre, l’Egypte (qui semble prendre ses distances avec les Etats-Unis au profit de la Russie orthodoxe) a déclaré trois jours de deuil national et a bombardé les positions du groupe terroriste en Libye. Le président égyptien a promis de faire construire une église en mémoire des martyrs, dans le Gouvernorat de Minya, d’où ils étaient originaires.
En France, 3,5 millions de personnes (dont 50 chefs d’Etats) ont participé à une marche de solidarité en hommage aux victimes de Charlie Hebdo ; en revanche aucun rassemblement significatif n’a été organisé pour soutenir les martyrs libyens, et très peu de figures politiques ou religieuses ont exprimé leur soutien aux chrétiens persécutés.
A force de se convaincre que la liberté implique de se libérer de toute référence chrétienne, c’est toute leur histoire et leur héritage chrétien que nos pays occidentaux résolument égalitaristes et laïques sont en train de renier. Les signes de la déchristianisation sont visibles au quotidien : interdiction de porter une croix en public, évincement des chrétiens de la place publique au nom de la tolérance, accusations de tenir des propos haineux à la moindre critique contre LGBT ou l’islam politique, etc. La situation doit changer, à moins que l’occident n’orchestre son propre suicide.
A la suite de la Seconde Guerre mondiale, la période de prospérité qu’a connu l’Europe occidentale a entraîné une baisse du taux de natalité et un besoin accru de main d’œuvre bon marché. En conséquence, la libéralisation de la politique d’immigration et les mesures de regroupement familial ont fait augmenter le nombre de musulmans travaillant en Europe occidentale (ce phénomène s’est également produit dans une moindre mesure en Amérique du Nord).
D’après les tendances démographiques actuelles, le nombre de jeunes musulmans pourrait dépasser celui des jeunes occidentaux dans de nombreuses villes européennes d’ici quelques dizaines d’années. La crise d’identité et de laïcisation que traversent les pays d’héritage chrétien (surtout les pays protestants) rend la question encore plus complexe ; l’attitude des partis politiques tend à augmenter le nombre d’électeurs musulmans.
Les pétromonarchies arabes financent le lobby musulman pour augmenter son influence dans les domaines de l’éducation et des politiques nationales et étrangère des membres de l’UE. Des méga-mosquées sont construites dans les grandes villes européennes, des salles de prières musulmanes sont installées dans les institutions étatiques, et l’ « islamophobie » est criminalisée, d’où la difficulté de dénoncer les paroles et actions des musulmans radicaux.
Pendant ce temps, les journaux de gauche présentent les musulmans comme des victimes de la guerre et de la colonisation, tandis que les chrétiens (surtout les institutions traditionnelles telles que l’Eglise catholique) sont désignés comme les responsables des croisades, de l’Inquisition espagnole, de la christianisation violente des Amérindiens, et des guerres qui ont ravagé l’Europe pendant des dizaines d’années.
Et même quand ils ont raison, les chrétiens d’Europe gardent le silence. Qui se souvient de la dernière fois que les multiples attaques des musulmans radicaux contre l’occident ont été évoquées ? On ne précise désormais plus que les victimes sont chrétiennes à moins qu’elles ne se soulèvent contre l’autorité et la hiérarchie. Avec l’aide de médias progressistes, les « minorités sexuelles » monopolisent l’opinion publique et détournent l’attention des citoyens des attaques perpétrées contre les chrétiens, notamment au Pakistan, en Egypte et au Nigeria. Voilà pourquoi la deuxième génération d’immigrés musulmans peine à s’intégrer dans les sociétés occidentales, et pourquoi des prêcheurs islamistes parviennent à radicaliser bon nombre d’entre eux en prônant la haine, à l’inverse des chrétiens.
Il faut que les Américains et les Européens parlent davantage des victimes de régimes dictatoriaux (nazi et communiste) non-chrétiens de notre histoire afin de contrer les conséquences d’une laïcisation revendiquée. Ils doivent montrer clairement leur solidarité envers les chrétiens oppressés actuellement (Asia Bibi, Meriam Ibrahim…). Les médias chrétiens doivent garder en mémoire tous ceux qui risquent parfois jusqu’à leur vie pour rester chrétien ou pour se convertir.
Les pays occidentaux se veulent postérieurs au christianisme mais ne peuvent se targuer de protéger les droits de l’homme s’ils n’assurent pas la liberté de croire et de pratiquer sa foi. L’Europe ne parvient pas à faire respecter ce droit ; certains états américains comme l’Indiana ne défendent pas le droit chrétien de liberté de conscience. Nous vivons une époque bien étrange : les actes de répression et de discrimination en Arabie Saoudite importent peu, mais la soi-disant oppression des homosexuels dans l’Indiana révolte tout le monde.
Il est grand temps de se réveiller : les décapitations des fanatiques islamistes en Lybie pourraient très bien être reproduites dans les rues de Londres, de Paris ou des Etats-Unis. Qui restera-t-il alors, pour manifester sa solidarité envers les chrétiens d’occident persécutés ?
Le 12 juillet 2015
Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/07/12/the-west-must-save-persecuted-christians/
Photo : Deuil des chrétiens coptes tués par ISIS
Pour aller plus loin :
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