L'islam propose-t-il une parole commune ? - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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L’islam propose-t-il une parole commune ?

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Le mot dialogue est très fréquemment utilisé – et pas souvent à bon escient – dans la vie publique contemporaine, et son emploi est surtout abusif dans le contexte des relations avec le monde musulman.

Il n’existe que très peu d’ouvrages capables de vous guider dans ce domaine ténébreux, mais il faut citer celui de Robert Reilly qui vient de paraître : The Prospects and Perils of Catholic-Muslim Dialogue. [Perspectives et périls du dialogue entre catholiques et musulmans] 1

Comme le remarquable ouvrage de M. Reilly, The Closing of the Muslim Mind : How Intellectual Suicide Created the Modern Islamist (dont la recension due à Emina Melonic a paru dans ces colonnes il y a plusieurs années), Prospects and Perils est un tour de force d’érudition et, si je puis dire, de sagesse.

Nous entendons sans cesse parler de l’importance du dialogue interreligieux, et il va sans dire que le préalable essentiel de tout vrai dialogue est un nombre de prémisses communes suffisant pour permettre aux parties d’en déduire des conclusions à l’amiable sur la paix et l’amitié.

Le but visé n’est certainement pas la conformité sur le plan théologique.
Mais que faire si, dans le cas du dialogue islamo-catholique, les prémisses de base de l’une et l’autre partie sont contradictoires ? Que faire si les interlocuteurs sont incompatibles sur le plan moral ? Afin de répondre à ces questions, il nous faut un Virgile moderne pour nous guider à travers une rhétorique emphatique vers la vérité. Bob Reilly est justement l’homme qu’il nous faut.

Le Discours de Regensburg du pape Benoît XVI est l’exemple le plus célèbre des nombreuses initiatives chrétiennes d’ouverture au cours d’une période où conflits et malentendus semblent insolubles parce qu’inévitables. Comme M. Reilly le souligne, l’interprétation par le pape du credo ut intellegam était un acte de charité qui rend la violente réaction de nombreux musulmans à sa remarque « d’autant plus ironique ».

Rappelez-vous que le pape Benoît cherchait à démontrer que, au cours de l’histoire, l’islam avait été bienveillant à l’égard de la raison ; que les chrétiens et les musulmans avaient accepté d’un commun accord (et pourraient œuvrer de nouveau ensemble à promouvoir) l’union de la foi et de la raison. Cet accord résultant d’efforts concertés pourrait être la meilleure garantie de la paix.

Mais l’unité de la foi et de la raison est-elle réellement une prémisse partagée par les catholiques et les musulmans ?

Eh bien, cela dépend de la catégorie de musulman auquel on s’adresse. Le pape Benoît en était conscient, et ses efforts s’inspiraient peut-être de la conviction de G. H.Chesterton, à savoir que « ce qui vaut la peine d’être fait vaut la peine d’être mal fait », c’est-à-dire que ne pas parler du tout ne mènera nulle part.

Mais comme M. Reilly l’explique clairement, les tentatives d’« helléniser » à nouveau l’islam, c’est-à-dire de lui restituer sa composante mutazilite (la croyance que « Dieu n’est pas seulement puissance, Il est aussi raison »), doivent oblitérer le triomphe ultérieur de la tradition acharite, soit la version arabe et officielle qui domine l’islam aujourd’hui.

Pour les acharites, l’omnipotence d’Allah est de telle nature qu’elle ne peut être limitée ni par la raison ni par la loi. Si Allah déclare « Tu ne tueras point », il ne s’ensuit pas qu’il ne pourra pas dire plus tard « Tu dois tuer ». Selon Reilly :
Dieu n’est lié par rien ; Dieu peut tout faire. IL n’est comptable de rien. IL est au-dessus ou en dehors de la raison ; par conséquent, la raison ne saurait servir de critère pour limiter ce que Dieu peut faire au nom d’une quelconque idée de ce qui est juste.

L’équivalent serait un chrétien affirmant que Dieu peut rompre Ses propres promesses.

Si seulement il ne s’agissait là pour l’islam que d’un point théorique sans danger d’application pratique.

Mais Reilly signale que, dans le cadre de la récente politique d’ouverture des musulmans, des déclarations qui semblent à première vue permettre d’espérer l’apaisement n’utilisent jamais le mot raison. Les expressions employées peuvent sembler encourageantes, mais une analyse plus poussée laisse entrevoir la perspective non pas d’une coopération avec les chrétiens mais d’une conversion des chrétiens. Aussi quand « certains » musulmans citent le passage du Coran : « O gens du Livre ! Venez à une parole commune entre nous et vous », il serait sage pour le « lecteur chrétien… de comprendre que les apparences sont trompeuses ».

« Dans la Genèse », écrit Reilly à titre d’exemple, « les humains sont créés à l’image et à la ressemblance de Dieu. Pas dans le Coran ». Les chrétiens et les juifs se considèrent comme les amis de Dieu, mais un musulman est l’esclave d’Allah.

Les « paroles communes » que chrétiens et musulmans peuvent partager sont vraiment trompeuses. Dans le Coran, le mot « amour », par exemple, n’est jamais l’équivalent d’agape. Il en va de même pour le mot prochain : pour les musulmans il indique la proximité géographique, jamais une notion de fraternité universelle – qui ne règnera pas avant que tous soient convertis à l’islam.

M. Reilly examine soigneusement le contenu des échanges récents entre catholiques et musulmans. C’est son subtil décodage des termes utilisés en arabe qui rend son analyse à la fois passionnante et alarmante. A cet égard, je pense à l’ouvrage de Roy H. Schoeman, Salvation is from the Jews [Le Salut vient des Juifs], où l’auteur démontre que les média occidentaux omettent, minimisent ou comprennent mal le langage incendiaire et effrayant des imams musulmans vis-à-vis des Etats-Unis et des juifs.

Pas le moindre espoir en vue ? Si, peut-être. Il y a aujourd’hui des musulmans qui aspirent à une séparation de l’Eglise et de l’Etat – un concept que les adeptes des Frères musulmans considèrent comme une hérésie. Cette attitude mérite des félicitations, de même que les déclarations conjointes condamnant les stéréotypes véhiculés sur les Américains musulmans. Mais on mentionne rarement, voire pas du tout, les violentes persécutions infligées aux chrétiens par des musulmans à l’étranger.

Les positions idéologiques de groupes comme Al-Qaida et les Frères musulmans sont-elles inhérentes à l’islam ? ai-je demandé à Bob Reilly.

« Eh bien », a-t-il répondu dans un courriel, « c’est au cœur de la polémique ».

Il estime que l’islamisme est « une idéologie plutôt qu’une religion (opinion que les islamistes n’accepteraient pas) infectée par des relents de totalitarisme occidental qu’elle confesse trouver attirants ».

Mais est-ce le véritable Islam ? Seuls les musulmans, écrit-il, peuvent répondre à cette question.

« Je pense que, tant que le principal courant théologique de l’islam posera en principe un Dieu de pure volonté et puissance, il ne pourra pas échapper à cette emprise. Par conséquent, l’islamisme est une véritable interprétation de l’islam dans la mesure où ce dernier ne peut y résister ».

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Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/a-common-word.html


Brad Miner est l’un des principaux rédacteurs de The Catholic Thing, membre du Faith&Reason Institute, et du conseil d’administration d’Aid to the Church in Need USA. Il est l’auteur de six livres et un ancien rédacteur littéraire de National Review. Son ouvrage, The Compleat Gentleman, lu par Christopher Lane, existe en audiolivre.

  1. Pour ne rien vous cacher : cette monographie est la première d’une nouvelle série conçue par le Faith &Reason Institute, l’institution mère de The Catholic Thing, en coopération avec le Westminster Institute.