L’islam, encore et toujours - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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L’islam, encore et toujours

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L’évangélisation est l’affaire de tous, mais qui évangéliser ? Comment ne pas me poser la question alors que je vais partir dans quelques jours avec l’exposition sur le Linceul ? J’entends souvent dire : ceux du milieu dans lequel vous baignez ! J’habite en pleine campagne avec un nombre de voisins très faible… Ma fille la plus proche est à un quart d’heure de chez nous : elle est presque plus convaincue que moi ! Mes amis sont très éloignés et tous connaissent la foi qui m’anime, quoiqu’elle soit comme mon amour, bien pauvre. Ils peuvent en outre consulter les textes de ma vigne qu’abrite généreusement la France Catholique sur son site… Ah ! je pars donc samedi pour Saint-Cirq Lapopie avec cette exposition : les touristes qui viendront, s’ils s’attardent quelques instants pour la regarder et lire les panneaux expliquant les images, ils seront évangélisés directement par ce document hérité du Christ. Parmi eux se trouveront peut-être quelques musulmans ?

Muhend-Christophe Bibb est un converti : il a quitté l’islam pour entrer en chrétienté. Il a la fougue d’un jeune homme et il a « sorti » le dimanche 11 août 2013, sur son site Notre-Dame de Kabylie, un article fortement « interpellateur » : il concerne l’attitude de l’Église face à l’islam et face aux musulmans tels ceux, en particulier, qui se retrouvent comme en famille au sanctuaire N-D. de Kabylie à Paris : il réagit fortement à un passage du texte du second message de notre Pape François envoyé aux communautés musulmanes le onze août dernier, une fois passée la fête de l’Aïd. Muhend-Christophe avoue avoir été ‘’estomaqué’’ par la formule « nos frères » : « Je voudrais adresser un salut aux musulmans du monde entier, nos frères, qui ont il y a peu de temps fêté la conclusion du mois de Ramadan »… Non d’ailleurs qu’il conteste que l’on puisse envelopper de ce manteau l’ensemble des fidèles de l’islam, mais il se sent quelque peu orphelin quand il croit percevoir le désintérêt de notre Église pour les anciens musulmans convertis au catholicisme. Il remarque la lassitude navrante de certains de ses frères en conversion. Pourtant la communauté Notre-Dame de Kabylie est un foyer de ferveur et de convivialité : mais qui va la découvrir, la soutenir dans ses difficultés ?

Tout son article est inspiré par une souffrance, justifiée, qui trouve sa source dans l’impression que lui donne l’Église premièrement de ne pas tenir compte de l’ensemble constitué par ces adeptes du Coran qui ont pris le risque immense d’entrer en son sein pour suivre le Christ ; deuxièmement d’avoir abandonné l’évangélisation du monde musulman dont ils viennent !

Je marque mon accord à (presque) tout ce qu’il dit dans sa protestation avec d’autant plus de consternation que je fais (presque) le même constat que le sien et ce depuis longtemps : simplement, il me semble qu’il y met trop d’affectif et oublie trop de gens qui sont, près de lui ou dans le lointain, « ses frères » en Jésus-Christ…

Cependant, il a parfaitement raison dans ses développements sur le fait que l’Église de Rome pense encore trop souvent l’islam selon des schémas occidentaux. Pierre Perrier faisait la même constatation concernant la Tradition chrétienne orientale plus ou moins méprisée par les théologiens européens…

Personnellement, je ne puis pas ne pas constater que, depuis des décennies, peut-être depuis Massignon, l’Occident éprouve une sorte de fascination stupidement orientée vers l’islam : l’anticolonialisme et ses abus conceptuels en serait-il la cause ?

Autre point important : l’argument sur-utilisé depuis des décennies qu’« il est dangereux d’encourager ou d’accepter la conversion d’un musulman » est certes exact – les Pères Blancs de Tizi-Ouzou me le disaient déjà en 1962 – est un argument à manier avec prudence tant il nous fait oublier que cette question concerne essentiellement celui qui veut se convertir, qui veut devenir, non pas le frère d’Issa1 dont il constate qu’il est plutôt une contrefaçon de Celui qu’est le Christ, mais le frère de Celui qui nous a prouvé son amour infini en acceptant, en vue de notre salut, de monter sur la Croix, cette Croix qui est le trône de sa mort et de sa résurrection.

Si, après la Pentecôte, les apôtres avaient adopté le même genre d’argument, l’Église serait restée le minuscule embryon qu’elle était alors et aurait fini son parcours dans un unique chaudron d’azote liquide…

L’évangélisateur court naturellement le même risque : on le voit depuis des années, pour me contenter de l’actualité, au Nigéria ; on le voit dans tout le monde islamique et je me demande si aujourd’hui existent encore, notamment en France, des candidats à l’aventure missionnaire comme il y en eut des multitudes au XIXe siècle2 : tous alors connaissaient ce risque ultime et ne le sous-estimaient pas tout en l’acceptant. Nombreux furent les martyrs, aujourd’hui célébrées sur nos autels !

Muhend-Christophe Bibb pense – quelque peu à tort, je tiens à le préciser aussitôt – qu’aucun prêtre en France n’ose parler de l’islam en ce qu’il est fondamentalement anti-chrétien : et ce, bien entendu, depuis le premier rêve de Mahomet accroupi au pied de son épouse. Il suffit pour s’en convaincre avec précision de lire le Coran. Il cite un passage du père Christian Delorme, prêtre aux Minguettes, tiré d’un article publié par Le Monde en juin 2008 : « L’Algérie n’est pas antichrétienne3, il est nécessaire d’entendre ce que nous disent les autorités algériennes et une partie de la population à propos de ces musulmans algériens devenus chrétiens ; ce qui fait fondamentalement l’unité de l’Algérie, c’est son islamité ; ces conversions nous rappellent les méthodes des coloniaux ; les chrétiens évangéliques agissent selon une stratégie américaine ; enfin, il semble dangereux d’évangéliser en terre d’Islam car un peuple risque d’être déchiré ». À la vérité, propos stupéfiants et il n’est pas étonnant de les découvrir publiés par Le Monde… Interroger les autorités et « une partie de la population », qu’est-ce que cela signifie ? Le destin éternel d’un homme mis en balance avec des opinions par essence transitoire ?

Dans une réponse sur le site Notre-Dame de Kabylie, Muhend-Christophe précise l’essentiel de son opposition : « Ces thèses nous paraissent des mensonges sur le plan politique, historique et théologique. Pour ne pas caricaturer sa pensée, je précise que le père Delorme a bien conscience de certaines situations révoltantes en Algérie. Mais il est pour le moins étonnant de voir un prêtre attaché au dialogue religieux, à la laïcité et à la liberté religieuse faire de l’islamité le principe de l’unité algérienne. »

Mais faut-il pour autant que le Pape ne doive pas ‘’saluer’’ les fidèles du Coran ? Dire son amour à tous, certes, mais d’abord à des peuples qui souffrent ? Je ne crois pas qu’il oublie ce faisant les bouddhistes et autres religionnaires…

Point important pour moi : j’ai toujours pensé que les premières victimes de Mahomet et de ses successeurs sont justement ces fidèles-là, inféodés à la féodalité islamique ! Ils sont privés depuis dix-sept siècles de la connaissance du Dieu d’amour, du Dieu qui est trinitaire justement parce qu’il est ce Dieu d’amour et qu’il lui fallait bien aimer quelqu’un avant de nous l’envoyer nous sauver ! Ne pas oublier qu’il n’existe d’amour vrai qu’entre personnes libres, et que donc le ‘’fusionnel’’ ne saurait être confondu avec cet amour là : car en ‘’fusion’’, l’une de ces personnes est sacrifiée à la plus forte, ce qui est l’absolu contradiction opposée à l’amour de vérité. Quand le Coran fustige ceux qui pensent que Dieu a engendré un fils4, ils commettent une sorte d’avortement mental et surtout empêchent Dieu d’être ‘’amour’’ de par sa nature ! Et c’est ainsi qu’il fait des hommes quels qu’ils soient des esclaves, au contraire de ce que dit le Premier Testament en la Genèse parlant de la création des êtres humains : « Faisons l’homme à notre image et à notre semblance ». Et cette semblance ne se conçoit pas si cet être n’est pas ‘’capacité de décider’’ par lui-même en toute liberté mais d’abord ‘’capacité d’aimer’’ et donc soit de se refuser soit de se donner.

Comment, de ces faits, ne pas pleurer sur le sort imposé pendant tant de siècles à ces pauvres parmi les pauvres puisque privés de la connaissance du seul Dieu qui se puisse en vérité concevoir ? Je regarde aussitôt du côté des jeunes de France privés de même de la connaissance la plus nécessaire comme la plus simple à enseigner : que l’existence de Dieu se peut penser, sans même à avoir à parler de religion, quoiqu’en France n’en pas parler c’est condamner les mêmes jeunes gens de toute possibilité sérieuse de comprendre la culture développée depuis des siècles par nos anciens. D’où l’inculture qui croît chez nous « à la vitesse d’un cheval au galop » ! Expression qui m’incite à conseiller la prière à Saint Michel…

Muhend-Christophe Bibb, dans son élan par ailleurs si compréhensible, a tord quand aux prêtres taiseux sur la question de l’islam ! Il est vrai qu’ils sont si peu nombreux à avoir une connaissance suffisante de l’islam, à la fois du Coran comme des traditions islamiques, considérées comme tout aussi normatives que le Livre, qu’il vaut peut-être mieux qu’ils se taisent (mauvaise langue me dit parfois ma femme, j’espère sans bonnes raisons !). À tort donc : la bibliographie exploratoire est abondante, et les sites sur l’Araignée très présents. Je me réfère ici aux seuls Pères Moussali5, Pagès et Gallez6, sans oublier le Père François Jourdan, auteur de La Bible face au Coran7.

Le Père Jourdan est un islamologue réputé : son livre démontre que l’islam appartient faussement à la tradition abrahamique car il n’y est aucunement question d’alliance entre Dieu et l’homme, pourtant fondamentale. Il s’élève également contre la conception qui règne aujourd’hui dans le dialogue noué entre chrétiens et musulmans, qui voudraient que l’on mette de côté la question des doctrines et de leurs profondes divergences. Nous sommes là au comble de l’absurde, puisqu’en effet le Coran fut conçu comme une machine à détruire le christianisme afin que les chefs de l’islam puissent occuper tranquillement toute la place, qu’ils continuent d’ailleurs de revendiquer… Le saint homme que fut l’éminent islamiste et colonel Mouammar Kadhafi appuyait fortement cette prétention. De plus, de quoi discuter ? De l’accessoire plutôt que de l’essentiel ?

Il ne s’agit pas de déterrer on ne sait quelle hache de guerre : tout comme j’ai eu et continue d’avoir des relation d’amitiés avec des personnes aux opinions fort différentes des miennes, de religions autres que la mienne, d’une foi sans rapport avec la mienne, ces différences devraient nous inspirer, de tous les bords possibles, qu’au moins devrait entre nous tous se développer une ‘’pensée unique’’, la seule qui serait la bienvenue, la pensée de vivre en paix, donc en bonne intelligence les uns avec les autres, de vivre entre nous tous plutôt dans l’amitié que l’opposition puisque plus jamais, semble-t-il, il ne sera possible de demeurer en un monde partageant une seul foi… Sauf quand surviendra, après la fin des temps, les fameux « mille ans » de paix évoqués dans l’Apocalypse … sans oublier l’inconnu espéré, le retour du Seigneur : « Pour ce qui est du jour et de l’heure, nul ne le sait, pas davantage les anges des cieux : seul le Père ».

À l’attention de mes frères d’Arabie et d’ailleurs, je cite le dernier paragraphe de ce livre : « Je déclare à ceux qui entendent les prophéties de ce Livre : si quelqu’un ose y ajouter, Dieu ajoutera à son compte tous les châtiments là décrits. Et si quelqu’un ose effacer l’une de ces prophéties, Dieu effacera son droit à l’Arbre de vie et d’accéder à la Cité sainte décrits dans ce livre. L’auteur de toute cette déclaration dit : ‘’C’est exact, et bientôt J’arrive – Oui, viens Seigneur Jésus ! Que la grâce du Seigneur soit avec vous tous. »

Entendent ou comprennent ceux qui ont des oreilles !

  1. Issa ne signifiant pas Jésus, soit « Dieu sauve ».
  2. En ce siècle, la moitié des missionnaires envoyés en terre d’évangélisation étaient originaires de France.
  3. Affirmation osée quand on sait l’acharnement policier contre justement les chrétiens, notamment au moment du ramadan.
  4. « Dieu est trop grand pour avoir un fils », dit l’auteur du Coran.
  5. Lire, entre autres titres de lui, Musulmans, juifs et chrétiens au feu de la foi (Éditions de Paris – octobre 2002).
  6. Entrer dans le site www.EEChO.fr ; puis descendre au bas de la page d’accueil, partie en bleu, et cliquer sur le mot « coran », dans colonne 4 : reste à explorer…
  7. François Jourdan : La Bible face au Coran (Éditions de L’Œuvre – octobre 2011 – 140 p. 18 €). Chez le même éditeur François Jourdan a publié en 2008 : Dieu des chrétiens, Dieu des musulmans.